07/04/04 (B241) Pourquoi IOG et son équipe sont-ils toujours les Maîtres du jeu à Djibouti, en dépit des opposants?

Nos
traditions et notre organisation familiales persistent dans la société
urbanisée
.

Le fonctionnement des
sociétés africaines modernes et plus particulièrement
de la société djiboutienne, que je connais le mieux, s’appuie
sur nos origines et sur nos traditions.

Même si nous sommes
passés rapidement, pour la majorité d’entre nous, d’une vie
de nomades à une vie citadine, nous n’avons pas oublié, en un
demi-siècle, nos racines et le mode de fonctionnement qui a géré
nos familles pendant des millénaires.

Au départ, il y
a la famille. Mais la famille africaine, c’est une conception plus large que
celle des occidentaux qui se limite généralement aux enfants,
parents, grands parents et éventuellement à des cousins proches
et à des oncles et tantes. C’est tout. La famille africaine comprend
les proches, mais aussi ceux que l’on appelle les éloignés …
auxquels, il faut ajouter selon les cas, les serviteurs et les obligés.
Cela représente du monde …

La famille défend
ses membres et son territoire. Elle prend en charge les malheurs et assure
une protection à chacun et en particulier aux enfants si leurs parents
venaient à disparaître prématurément. La famille
ou clan est organisée aussi pour lutter contre les prétentions
des autres familles. Lorsque les agresseurs sont plus nombreux, la famille
s’allie à d’autres familles dans le cadre d’une sous tribu. En caricaturant,
plusieurs sous tribus forment une tribu, plusieurs tribus forment un peuple,
etc…

A chaque niveau, un chef
dirige l’entité, avec l’aide d’un conseil. Chef de clan, Chef de village,
Sultan, …

Organisée
autour de la défense et de la protection des ses membres, même
si le combat est différent aujourd’hui, l’organisation tribale continue
son action ancestrale.

Protection : la
structure assure la protection sociale des membres en difficulté et
en particulier des enfants.

Défense :
la structure gère son territoire et le défend. A l’origine,
constitué de terres et de pâturages, le terrain est devenu celui
des zones de pouvoir et d’influence : commerce, administration, armée.
La structure administre et gère sa zone. Elle se bat d’abord pour empêcher
les intrus de s’y glisser, mais aussi pour l’élargir.

Le tableau serait incomplet
si l’on omettait d’ajouter que les rapports de force sont fondamentaux dans
notre société : le plus fort estime qu’il est légitime
d’augmenter la surface de sa zone et de conquérir de nouveaux territoires
(autrefois des étendues, maintenant de l’argent et du pouvoir)

Le combat physique est
devenu exceptionnel, même s’il n’a pas disparu définitivement.
Un combat que certains qualifient (à tort ?) d’"intellectuel"
a tendance à le remplacer.

Pour prendre quelques
exemples dans notre pays, citons :

  • Les Afar qui
    ont tenu le pouvoir à l’époque de la colonisation au détriment
    des autres groupes qu’ils entendaient dominer. Ils n’ont pas su le conserver
    ..
  • Les Mamassan
    qui ont accaparé le pouvoir et l’argent et qui se rassemblent non
    seulement pour le conserver mais aussi pour l’étendre en dominant
    les autres. Au sein de ce clan, la Présidente, membre par mariage,
    a créé un sous-clan, avec ses proches, qui tient la finance
  • Les opposants
    aussi ont constitué leur forme de clans : ethnies, tribus, partis
    politiques, associations. Chaque groupe veut assurer en priorité
    sa prédominance sur les autres et gagner en pouvoir ou en influence.
    La rivalité des clans domine notre société, souvent
    au détriment des intérêts globaux. Combien d’opposants
    se trompent-ils de cible ? Au lieu de s’unir, ils se critiquent, se déchirent,
    oubliant l’objectif final qui devrait être la chute du régime,
    le retour à la paix et à la justice et la coexistence intelligente.
    On a parfois l’impression que l’on est retourné un siècle
    en arrière et que l’objectif de certaines structures est de conquérir
    des territoires au détriment des autres et que tous les moyens sont
    autorisés.

Cela, les Européens,
y compris ceux qui voudraient nous aider (charitablement, de façon
désintéressée ou non, ..) sont incapables de le comprendre,
sinon de l’intégrer. Notre fonctionnement, critiquable ou non, est
celui-ci. Qui pourra le changer ?

Les
armes de lutte sont nombreuses et variées :

Ceux qui ont le pouvoir
utilisent leurs armes traditionnelles : la mise en faillite (saisine des
immeubles et des biens, condamnation à de lourdes amendes, accaparement
des commerces, …)
, la violence physique : torture, emprisonnement, élimination
physique, le chantage, …

Ceux qui s’opposent
utilisent d’autres armes : la délation, le doute et la suspicion (les
concurrents sont des taupes de la SDS ou de la DGSE qu’ils renseignent ; ils
négocient avec le pouvoir en secret ; ils sont tribalistes car ils
favorisent seulement un clan, une ethnie ou une tribu ; ils n’ont pour seul
objectif que de monter les uns contre les autres, etc.
) C’est parfois
vrai, mais souvent, c’est totalement faux. Peu importe, comme disait un écrivain
français, dont je ne me souviens plus des termes exacts : "en
permanence, dites du mal de votre prochain, il en restera toujours quelque
chose"
.

Toute structure qui émerge
parce qu’elle émet des idées raisonnables au départ,
a le droit à ce traitement de la part des autres… Plus tard, si elle
vient à ressentir un certain affaiblissement de ses positions, alors
elle sera tentée de rechercher dans l’entourage d’une structure plus
puissante, l’assise qui lui manque. Cela peut aller et conduit parfois aux
allées du pouvoir, que ce soit de façon stable
(ralliement de certains opposants) ou de façon conjoncturelle,
le temps de reprendre des forces (je me refuserai à donner les exemples
que j’ai en mémoire).

Si les Occidentaux
sont incapables d’intégrer ce phénomène, IOG, lui, le
connaît bien et il en joue avec talent, négociant avec certains,
détruisant les autres, réhabilitant les troisièmes. Au
gré du temps, il ruine les uns pour enrichir les autres. Il affaiblit
les plus dangereux, mais il négocie avec ceux qui sont en baisse pour
leur redonner du souffle. Bref le jeu est continuel et les positions de force,
à l’exception du Clan Mamassan, ne sont jamais stabilisées.
Diviser pour régner !

Alors Messieurs les opposants,
de tous bords, de toutes origines, réveillez-vous ! Comprenez que vous
êtes parfois des marionnettes dans les mains d’IOG, qui s’amuse et qui
vous utilise. Regroupez-vous, sans distinction aucune d’appartenance.

Dire qu’il faut supprimer
le tribalisme est une expression à la mode, politiquement correcte.
Est-ce réaliste pour autant ? Malheureusement, je ne le pense pas.
Le tribalisme consiste à favoriser ceux qui vous sont le plus proches
: les membres de la famille, les membres du clan, les membres de l’ethnie.

Comment y échapper
?

Les pressions familiales,
les pressions claniques sont fortes. Elles sont l’oeuvre de conseils (souvent
dit des sages) qui, poursuivant les objectifs permanents d’expansion, décident
dans la discrétion, ce qui leur semble bon pour la structure. Ils imposent
leur décision en exerçant, s’il le faut, de façon indirecte,
des pressions sur les proches du rebelle ou du clairvoyant. Comment y échapper
?

Sauf à modifier
fondamentalement notre structure sociale et à rompre avec nos racines,
ce que je ne conseillerai jamais, il n’y a aucune issue possible dans cette
direction. Alors, tournons le dos aux systèmes que les occidentaux
voudraient nous imposer et adaptons nos modes de fonctionnement ancestraux
à la nouvelle donne sociale et économique et aux nouveaux défis
: cela prendra plus de temps, mais nous aurons une chance de retrouver les
équilibres d’autrefois.