06/05/05 (B296) Le juge (et homme d’affaires) Saad est décédé le 4 mai 2005. L’annonce de sa disparition a été accompagnée d’un article élogieux dans La Nation, mais nous savons qu’elle a empli de tristesse de nombreux Djiboutiens qui voyaient en lui, un homme de devoir et de justice. Cette annonce s’accompagne de la révélation d’un certain nombre d’éléments concernant Gouled, les relations avec la DGSE et l’affaire Borrel et de circonstances troublantes qui pourraient laisser penser que la mort du juge Saad n’est peut-être pas aussi naturelle qu’on pouvait le penser. (Source : un témoin)

L’ex-Juge Saad Ahmed Cheik Moussa était le frère du Colonel, Mahdi, dont le nom est souvent cité dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du Juge Borrel.

L’assassinat du magistrat français était-elle programmée à l’avance ? A-t-elle reçu une sorte d’aval de la part des Services français ? Voilà bien des questions qui se posent depuis !

Un événement mérite d’être cité. Il y a plus d’un mois et demi, un témoin capital a donné un interview à RFI sur la mort du Juge Borrel. Il y parlait notament de la rencontre d’IOG avec le Patron de la DGSE à Biarritz. Ce fut lors d’un voyage officiel que Gouled effectuait en France et IOG l’accompagnait. La rencontre aurait eu lieu, selon des sources bien informées, quelques mois après la disparition du Juge Borrel.

On se souvient qu’IOG, en décembre 1994 avait déclaré avoir reçu une cassette video piegée qui aurait du exploser dans son bureau. Dans ce cadre, une commission rogatoire internationale a été constituée.

En son sein, les Juges Leloire (toujours lui !) et Saad devaient travailler en étroite collaboration. Les gendarmes du palais avaient été ecartés rapidement de l’affaire. Exactement à partir du moment où la filiere a été remontée, prouvant que la fameuse cassette avait été postée dans le sud de la France, à Marseille plus précisement.

Selon les premières conclusions de l’enquête, de la bouche même d’IOG et de ses proches, on estimati qu’il était possible que la DGSE ait choisi ce moyen pour en terminer avec IOG !

La France avait plutôt choisi de miser, à l’époque, sur Ismaël Guedi, alors Directeur du Cabinet de Gouled …

Le colis n’ayant pas explosé, IOG a commencé à provoquer des tensions dans les relations diplomatiques avec la France .. Certains pensent que le Juge Borrel était sur les traces d’une filière trés importante qui aurait impliqué des Français et Djiboutiens dans divers trafics nationaux et internationaux et que sa disparition aurait été la première riposte.

La seconde riposte d’IOG aurait concerné Ismaïl Guedi, Moumin Bahdon, Gabayo (emprisonnés à l’époque) qui représentaient pour lui de sérieux adversaires et que la France avait choisi de soutenir après le départ de Gouled.

Pour calmer le jeu et cet engrenage, le patron de la DGSE aurait négocié un compromis à Biarritz avec IOG. A-t-il cedé sur tout ? Comme le prétendent nos informateurs ?

Une seule personne se serait opposé à ce lamentable « baissage français de pantalon ». C’est le Juge Saad qui était, à l’époque, Procureur général. Il a refusé de participer à ce jeu et il a aussitôt demissionné de son poste au Parquet. Il refusait de coopérer non seulement avec celui que ses proches appelaient « le Procureur mafieux » et qu’IOG avait installé Ali dit Ali Souss, un afar mais aussi avec le Procureur de la République, aux ordres de Guelleh, le fameux Djamma Souleiman.

Mais les Autorités françaises veillent au grain !

L’interview du témoin capital, qui devait passer depuis un mois et demi sur les antennes de RFI, a été censurée !!!

Ce délai aurait-il permis, comme certains le pensent, à IOG de prendre les dispositions nécessaires pour éliminer le Juge Saad du paysage … ? IOG arait-il été informé du contenu de l’interview par un corbeau qui agirait depuis Paris ? Il n’est pas question de l’affirmer pour le moment mais ces interrogations sont encore sans réponse. Ne désespérons pas !

En tout cas, nous avons reçu confirmation que la transcription de l’interview censurée du témoin capital a été adressée aux deux Juges qui s’occupent chacune, pour leur part, en France, des instructions à Paris sur le meurtre du Juge Borrel et de la procédure pour subornation de témoins à Versailles.

Nous attendons aussi que le Quai d’Orsay veuille bien transmettre à Djibouti les convocations de Djama Souleiman (Grandes oreilles) et d’Hassan Saïd. Les diplomates français doivent être dans leurs petits souliers et se creuser la tête pour trouver le meilleur moyen de l’annoncer à Guelleh .. sans se faire couper la tête, au minimum injurier à la manière forte qu’affectionne IOG …

Cela dit, nous nous joignons à tous ceux qui adressent leurs condoléances à la famille du Juge Saad, qui est considéré par la majorité des Djiboutiens comme un homme intègre et respectueux de ses devoirs.

Les plus méchantes langues se demandent qui va accaparer son Business, en l’occurence ses participations dans le capital de ses affaires. IOG ou Paulette : les paris sont ouverts, mais que les autres candidats ne se fassent pas d’illusion. A leur habitude, ils ne laisseront que des miettes aux obligés institutionnels.

D’autres s’inquiètent sur l’augmentation vertigineuse du taux de mortalité des personnalités djiboutiennes en ce moment. Une mauvaise épidémie frappent-elles les couches opposantes. Rappelons (*) les décès du Juge Borrel, de Mohamed Elabeh, de Yacin Yabeh (privé de soins par Guelleh), d’Ahmed Dini, suivie à une semaine par celle de Chehem Daoud, de l’officier Ladieyh, du neveu d’Hassan Gouled disparu tragiquement (par empoisonnement ?) dans une geole éthiopienne, etc… S’il est impossible d’affirmer que tous ces décès auraient été provoqués par la maladie inoculée par le régime, certains pourraient quand même avoir été les victimes de l’épidémie dictatoriale …

(*)N.B. C’est à juste titre que de nombreux lecteurs nous ont écrit pour nous signaler que notre liste était complète. Ils ont tout à fait raison, mais il faut qu’ils comprennent que la liste est si longue … qu’il nous est impossible de la dresser avec toute l’exhausivité requise. Merci à tous.