30/09/05 (B318) Copie de la lettre ouverte que le Secrétaire Générale de la CISL a adressé au Gouvernement djiboutien.
30/09/05 (B318) Copie de la lettre ouverte que le Secrétaire Générale de la CISL a adressé au Gouvernement djiboutien.
Son Excellence
Ismaël Omar Guelleh
Président de la République de Djibouti
Palais du Peuple, BP 109
Djibouti Ville
République de Djibouti
Par télécopie : 253-355049/350174
TUR/IM Le 27 septembre 2005
Monsieur le Président,
Licenciement abusif de dirigeants syndicaux et détention arbitraire de grévistes
La Confédération internationale des syndicats libres, qui représente 145 millions de travailleurs et travailleuses syndiqué(e)s dans le monde à travers ses 234 organisations affiliées dans 154 pays et territoires, dont Djibouti, vous écrivait il y a à peine sept jours pour dénoncer la répression antisyndicale et le non-respect des droits des travailleurs du Port autonome international de Djibouti et le harcèlement de leurs responsables syndicaux. Elle vient, à l’instant, d’être informée du licenciement abusif de 11 dirigeants syndicaux, de leur détention arbitraire et de celle d’environ 165 grévistes, depuis le 24 septembre 2005
Selon les informations que nous avons reçues de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, « les travailleurs du port de Djibouti ont observé une grève générale du 14 au 17 septembre 2005, à l’appel des syndicats djiboutiens qui protestaient contre les mauvaises conditions de travail et des licenciements abusifs. Le 17 septembre, une réunion tripartite entre les syndicats, la direction du port et le ministre de l’Emploi a mis un terme à la grève et jeté les bases d’un dialogue social.
Dans ce cadre, une nouvelle réunion s’est tenue le 24 septembre 2005 au ministère de l’Emploi, en l’absence toutefois du directeur du port et de sa délégation, qui a déclaré vouloir boycotter le processus de dialogue. Ce même jour, vers 12h30, MM. Kamil Mohamed Ali, Ibrahim Moussa Sultan, Mohamed Ahmed Mohamed, Ali Ibrahim Darar, Mohamed Abbdillahi Dirieh, Moustapha Abchir Egueh, Mohamed Abdillai Omar, Mohamed Ahmed Ali, Samira Hassan Mohamed, Koulmiyeh Houssein et Djibril Houssein Awaleh, dirigeants de l’Union des travailleurs du port (UTP), qui souhaitaient entrer dans la zone portuaire, ont été appréhendés par des policiers qui leur ont retiré leur carte d’accès. À 17h30, les 11 syndicalistes se sont vu notifier leur licenciement par la direction du port, pour « obstacle à la liberté de travail », en référence à la grève générale du 14 septembre.
En réaction à ces licenciements considérés comme abusifs, les travailleurs du port ont lancé un nouvel appel à la grève le 24 septembre à 22h00. Deux heures plus tard, 110 grévistes et syndicalistes se trouvant dans le port de Djibouti ont été arrêtés par les Forces nationales de police (FNP) et emmenés au centre de l’école de police de Nagad.
Le 25 septembre 2005, d’autres grévistes et syndicalistes ont été arrêtés par les FNP au port de Djibouti ou à leur domicile. En date du 26 septembre, près de 160 personnes seraient détenues au centre de Nagad et six des 11 dirigeants syndicaux de l’UTP, MM. Ibrahim Moussa Sultan, Ali Ibrahim Darar, Moustapha Abchir Egueh, Mohamed Ahmed Ali, Koulmiyeh Houssein, Djibril Houssein Awaleh, seraient détenus dans les locaux de la police criminelle afin d’être interrogés. Ces six personnes ont fait savoir le 26 septembre au matin qu’elles entamaient une grève de la faim.
Selon les informations reçues, ces arrestations se poursuivraient à l’heure actuelle. De plus, le domicile de M. Ali Ahmed Aras, secrétaire général de l’UTP, qui est entré en clandestinité depuis le début de ces événements, a, en son absence, fait l’objet d’une perquisition sans qu’aucun mandat n’ait été présenté à sa famille. »
La CISL, vivement préoccupée par ces faits, vous exhorte à libérer immédiatement tous les détenus ; vous demande de permettre à MM. Ibrahim Moussa Sultan, Ali Ibrahim Darar, Moustapha Abchir Egueh, Mohamed Ahmed Ali, Koulmiyeh Houssein et Djibril Houssein Awaleh de contester devant une justice impartiale et indépendante la légalité de leur licenciement, et vous demande également de mettre un terme à toute forme de harcèlement et de représailles à l’encontre des dirigeant syndicaux et des syndicalistes.
La CISL, note que ces événements s’inscrivent en violation des dispositions des conventions n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et n°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective de l’Organisation internationale du travail, ratifiées par Djibouti.
Sans réaction positive de votre part, la CISL se verra contrainte de déposer une plainte officielle auprès de l’Organisation internationale du travail.
Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
Secrétaire général
Cc :
Monsieur Ismael Ibrahim Hemed, ministre de la Justice, des Affaires pénitentiaires et musulmanes, chargé des droits de l’homme
Monsieur Mohammed Barkar Abdillahi, ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale
Union djiboutienne du travail (UDT)