19/11/05 (B325) LDDH : appel de l’UIDH pour faire cesser les assassinats dans la région du Kasaï Oriental.


Le Président

DIFFUSION D’INFORMATION
DU 19 NOVEMBRE 2005
SUR L’ASSASSINAT DE POLYCARPE MPOYI NGONGA
COORDINATEUR DU RESEAU NATIONAL D’OBSERVATION DES
ELECTIONS (RENOSEC) POUR LA REGION DU KASAI ORIENTAL
ET RESPONSABLE DU CENTRE DE FORMATION ET D’EDUCATION POPULAIRE

L’Union Interafricaine des Droits de l’Homme (UIDH) a été profondément choqué par l’assassinat de M. Polycarpe Mpoyi Ngongo, coordinateur du Réseau national d’observation des élections (RENOSEC) pour la région du Kasaï-oriental, et responsable du Centre de formation et d’éducation populaire (CEFOP). Selon les informations reçues par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le 9 novembre 2005, M. Polycarpe Mpoyi Ngongo en se rendant à son bureau à mobylette a reçu un appel inconnu de son téléphone portable. S’étant garé sur le trottoir pour répondre, un véhicule de la Police d’intervention rapide (PIR) a brusquement dévié de sa trajectoire et est venu le percuter. M. Mpoyi Ngongo est décédé sur le coup du fait de la violence du choc.

M. Polycarpe Mpoyi Ngongo avait mené des investigations sur l’assassinat le 31 octobre de Me Léonard Mukendi Kabongo. Ces enquêtes impliquaient les autorités congolaises. Il avait fait l’objet de menaces et d’intimidations de la part d’agents de la PIR, notamment, le jour de son assassinat et durant les trois jours qui l’ont précédé, des agents de la PIR s’étaient régulièrement postés en faction aux abords de son domicile, à Mbuji-Mayi, et y avaient effectué de nombreuses rondes. En outre, le 7 novembre 2005, M. Mpoyi Ngongo avait été suivi par des agents de la PIR. Il avait alors informé ses collaborateurs qu’il se sentait en danger.

Une fois de plus, un défenseur des droits de l’homme en RDC a payé de sa vie pour avoir réclamé plus de justice, moins de violations des droits humains. L’UIDH est préoccupée par cette montée de la violence avec ses lots d’assassinats ciblés dont les auteurs ne sont jamais identifiés ni inquiétés.

En effet, nous gardons en mémoire l’assassinat le 3 novembre 2005 à Kinshasa du journaliste de la Référence Plus, Frank Kangundu et de son épouse ; M. Paul Nsapu, président de la Ligue des électeurs (LE), coordinateur principal du RENOSEC et animateur du Réseau d’observation des manifestations et des libertés publique, qui a dû fuir la RDC depuis plusieurs mois (cf. appel urgent de l’Observatoire RDC 006/0905/OBS 078) ; de M. Dismas Kitenge Senga, président du Groupe Lotus, ONG de défense des droits de l’Homme basée à Kisangani, et animateur du Collectif des associations de défense des droits de l’Homme, dont le domicile a été incendié par des inconnus dans la nuit du 22 au 23 septembre 2005 (cf. appel urgent de l’Observatoire RDC 004/0705/OBS 051.1) ; de la Fondation Chirezi, attaquée le 5 octobre 2005 à Uvira, dont le président M. Floribert Kazingufu a dû fuir par peur de représailles (cf. appel urgent de l’Observatoire RDC 007/1005/OBS 101), ou encore des membres de l’Association africaine des droits de l’Homme (ASADHO) au Katanga, notamment M. Golden Misabiko, président et M. Amigo Ngonde, président d’honneur, qui ont été attaqués le 16 mai 2005 (cf. appel urgent de l’Observatoire RDC 002/0505/OBS 034).

Ces exemples ne son pas exhaustifs, est ce une nouvelle stratégie employée par les autorités congolaises pour museler et faire taire à jamais les journalistes et les défenseurs des droits humains ? Manifestement, elles sont entrain de faire le lit de l’impunité.

Face à ces abus récurrents, l’UIDH interpelle le Président Kabila et son gouvernement à :

  • garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des défenseurs des droits humains en RDC ;
  • diligenter des enquêtes impartiales et indépendantes sur les assassinats de M. Polycarpe Mpoyi Ngongo et de Me Léonard Mukendi Kabongo car ces deux meurtres semblent étroitement liés afin que les auteurs et les commanditaires soient identifiés, arrêtés et sanctionnés ;
  • mener effectivement des enquêtes sur tous les cas de menaces, de harcèlements de crimes dont les raisons semblent politiques et qui sont demeurés impunis à ce jour ; ces délits jettent le discrédit sur le pouvoir congolais ;
  • se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi qu’aux autres instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par la RDC

Ouagadougou le 18 novembre 2005

Le Président de l’UIDH
Me Halidou OUEDRAOGO