25/03/06 (B343-A) AFP : Somalie: au moins 47 morts en trois jours de combats à Mogadiscio. (Article signalé par un lecteur)
MOGADISCIO (AFP) – vendredi 24 mars 2006 – 16h57 – Des combats à l’arme lourde entre milices rivales se sont poursuivis vendredi pour la troisième journée consécuti ve dans la capitale de la Somalie, Mogadiscio, faisant au moins 47 morts et des centaines de blessés, selon des chefs coutumiers. | Des miliciens somaliens à Mogadiscio © AFP/Archives Simon Maina |
Il s’agit des affrontements les plus meurtriers depuis près de deux ans dans cette ville contrôlée par des chefs de guerre ennemis et théâtre quasi-quotidien de heurts armés.
La Somalie, pays pauvre de la Corne de l’Afrique, est dévastée par une guerre civile depuis la chute de Mohamed Siad Barre, en 1991. Ce conflit a fait entre 300.000 et 500.000 morts.
« Après une sorte de normalité dans la journée (de vendredi), les combats ont repris avec de forts bombardements et l’utilisation de mitrailleuses », a affirmé un chauffeur de camion, Mohmud Hassan. La reprise des combats a été confirmée par des chefs coutumiers, qui tentent de négocier un cessez-le-feu.
« Les anciens pourraient obtenir un cessez-le-feu plus tard vendredi car (les miliciens) sont très fatigués. Ils ont perdu beaucoup de combattants. Alors ils accepteront peut-êtr e une proposition de cessez-le-feu », a estimé l’un de ces chefs coutumiers qui participent aux pourparlers.
Le bilan des trois jours de combats s’élève à 47 morts, selon les chefs coutumiers qui ont contacté des hôpitaux, des habitants et les commandants des milices rivales. Le précédent bilan, qui datait de jeudi, faisait état de 32 morts.
« Plusieurs personnes n’ont pas survécu à leurs blessures, ce qui a alourdi le bilan », a précisé un religieux, Ahmed Haji Daud.
Plusieurs centaines d’habitants du quartier de Karan, où se concentrent les combats, ont fui leur domicile.
Les violences opposent les hommes alliés à Bashir Raghe Shiral, membre du parti de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), et des miliciens loyaux à Abukar Omar Adan, un haut responsable des tribunaux islamiques.
En février, ces deux milices s’étaient déjà affrontées, provoquant la mort d’au moins 33 personnes, majoritairement des civils.
L’ARPCT, coalition de chefs de guerre et de ministres du gouvernement de transition créée le mois dernier, affirme s’opposer au terrorisme et à l’extrémisme islamique. Elle serait soutenue par les Etats-Unis, selon des sources diplomatiques.
On compte à Mogadiscio une demi-douzaine de tribunaux islamiques, qui veulent faire appliquer la charia et utilisent des miliciens pour imposer leur loi, alors qu’il n’existe pas d’autre système juridique dans la capitale.
L’enjeu des combats actuels est de contrôler un terrain doublement stratégique: d’une part, il jouxte le seul aéroport encore en service dans le nord de la capitale, Aisaley, à environ 30 km de la ville, et d’autre part il est situé au bord d’une route menant au port d’El-Maan, situé à quelques kilomètres plus au nord.
L’aéroport d’Aisaley est la propriété de Bashir Raghe Shiral et il est contrôlé par ses miliciens. Récemment, Abukar Omar Adan a annoncé avoir acheté le terrain, officiellement pour y construire des lotissements.
Bashir Raghe Shiral conteste la validité de cette vente et y voit surtout une menace directe contre ses intérêts.
En effet, des miliciens des tribunaux islamiques installés sur ce terrain pourraient, à tout moment, empêcher tout trafic sur l’aéroport avec de simples armes légères.
En outre, ces mêmes miliciens pourraient également à terme bloquer l’accès au port d’El-Maan – essentiel pour le ravitaillement en armes – des miliciens de Bashir Ra ghe Shiral.
En février, les deux milices s’étaient affrontées pour le contrôle d’une route importante dans le sud de Mogadiscio. Les combats avaient cessé au bout de quatre jours, grâce à la médiation des chefs coutumiers.
La Somalie, sans gouvernement central effectif depuis 1991, s’est dotée il y a un an et demi d’institutions de transition, mais leurs membres sont profondément divisés et incapables de mettre fin à ces violences.