15/03/07 (B386-B) Les interviews (presque) imaginaires. Cette semaine, IOG a reçu le correspondant local de l’ARDHD et il a accepté de répondre à ses questions en toute franchise. (Humour – ARDHD)

ARDHD
:

Monsieur le Président, la mise en examen de Jean-Paul Noël Abdi,
Président de la LDDH et Vice-Président de l’UIDH, secoue
la communauté internationale actuellement. Pensez-vous qu’elle
puisse avoir des répercutions négatives sur votre image personnelle,
surtout compte-tenu de la personnalité de l’intéressé
?

IOG :
Alors, là, vous me faites bien rire. Jean-Paul Abdi, qui c’est
? Un tout petit monsieur, qui n’a aucune audience. Qui le connaît
même à Djibouti ? Faites un sondage, vous serez surpris par sa
faible notoriété…

La LDDH, c’est rien qu’une coquille vide où il est seul à
s’occuper.

L’UIDH, c’est du bluff. Tenez, Me Aref, mon avocat dévoué,
a aussi occupé ce poste, avant lui. Alors c’est tout dire !

ARDHD
:

Pourtant on vous accuse d’être liberticide
!

IOG :
Moi liberticide, mais vous m’insultez !

A Djibouti, on peut parler de tout. Nous avons des média
indépendants qui ne se privent pas de m’adresser parfois des
critiques : la RTD, La Nation et l’ADI, par exemple. Il y avait aussi
Le Renouveau, mais il a cessé de paraître pour je ne sais quelles
raisons matérielles. C’est comme cela, les journaux à
Djibouti, ça vient et ça repart…

ARDHD
:

Mais les media dont vous me parlez sont
inféodés au régime que vous présidez !

IOG :
Pas du tout. Je n’interviens jamais. Ils savent ce qu’ils doivent
dire et écrire. Ils ne dépassent pas les limites, un point c’est
tout. Mais ils se gèrent en toute indépendance.

ARDHD
:

Ah, ces fameuses limites, parlons-en ? Quelles
sont-elles ?

IOG :
On peut parler de tout, absolument tout, à Djibouti, je vous l’ai
dit.

Sauf, des actions
glorieuses variées et imaginatives de notre armée, surtout dans
le Nord, mais aussi à Arhiba ou lors des manifestations de vétérans
ou d’étudiants.

On ne doit pas parler non plus des morts, afin de respecter leurs mémoires,
surtout s’ils sont enterrés de façon collective, comme
cela semble avoir été la coutume au Day, à Tadjourah
ou à Obbock, où si leur disparition n’était pas
prévisible, comme certains anciens Ministres, députés
ou membres de l’opposition.

Pour le
reste, comme la torture, le viol des femmes, les pressions sur témoin, les extorsions de fond, les exécutions extra-judiciaires et j’en passe, car on m’accuse de tout et de n’importe quoi
: pas besoin d’interdire d’en parler, puisqu’il n’y en a pas en République
de Djibouti et qu’il n’y en a jamais eu depuis l’indépendance. En parler serait se mettre en marge de la Loi : le délit de diffusion de fausses nouvelles, ça exite aussi chez nous, dans mon état de droit.

Avant, sous le régime français, c’était autre chose, je vous l’accorde. Mais cette époque est révolue. Les Américains, champions de la démocratie, sont là et bien là. Ils narguent les français et ils me décernent un brevet de démocrate convaincu.
…

ARDHD
:

Monsieur le Président, merci pour ces
précisions. Un dernier mot sur l’affaire Borrel ?

IOG :
Mais volontiers ! Ce n’est pas une affaire. Il y a quelques acharnés
qui veulent me faire porter le chapeau, c’est tout. Mais ils sont peu
nombreux.

La preuve ?

C’est que le gouvernement français me soutient sans réserve.
On m’a protégé officiellement à Cannes contre les ardeurs de la petite Clémence, cette illuminée de la justice. Récemment MMe Alliot-Marie, la Ministre française de la Défense,
m’a fait inviter à visiter le Charles-de-Gaulle pour la deuxième
fois. Si j’étais vraiment un suspect dans cette affaire, croyez-vous que
l’Armée française me traiterait avec les honneurs qui
me sont dus ? Cette réponse vous suffit-elle ?

Enfin,
je voudrai adresser publiquement mes remerciements au Colonel Mohamed Djama,
un garçon plein de talent à qui j’ai assuré une
promotion rapide en échange de son engagement sans faille pour la réussite
de nos objectifs de libération du Nord.

Avant
de vous raccompagner, encore un petit mot sur les otages. Bien que je sois
tenu au secret, vous pensez bien que je n’ai pas été étranger
au déroulement de l’affaire et que j’attends beaucoup de
la reconnaissance des britanniques et des français. Qu’auraient-ils
fait sans mon aide ?
___________________________________________
Sur ces paroles ambigues, le Président nous
a raccompagné à la porte de son bureau.