03/07/06 (B357-A) Des groupes islamistes somaliens se démarquent des propos de Bin Laden et font entendre leurs différences. Ils confirment une incursion éthiopiennes sur le territoire somalien, ce que dément Addis. (AFP publié sur Afriklive)

Des islamistes somaliens se démarquent des déclarations de ben Laden

Un influent groupe islamiste somalien s’est démarqué dimanche des déclarations faites par le leader d’Al-Qaida, Ousama ben Laden, qui a proclamé son soutien aux islamistes et mis en garde contre le déploiement d’une force internationale dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

« Les déclarations d’Ousama ben-Laden sont semblables à celles de n’importe quel homme politique et n’importe quelle personne qui s’exprime sur l’évolution du paysage politique en Somalie », a déclaré Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, l’ancien dirigeant des tribunaux islamiques. « Ce sont des réflexions personnelles que nous ne commenterons pas », a-t-il explique à des journalistes à Mogadiscio.

Dans un message sonore mis en ligne samedi sur un site internet, le second en deux jours, ben Laden s’est prononcé avec vigueur contre le déploiement d’une force de maintien de la paix en Somalie. Il a déconseillé « aux nations du monde de répondre à la demande américaine d’envoyer des forces internationales en Somalie », menaçant de s’en prendre à de telles troupes et se « réservant le droit » de « punir » ces pays sur leur sol et où que ce soit ailleurs.

Les tribunaux islamiques – qui ont pris le nom de Conseil suprême islamique de Somalie (SICS) – dont les troupes contrôlent une partie du pays depuis juin, après la prise de Mogadiscio aux seigneurs de guerre soutenus par les Etats-Unis, ont de leur côté mis en garde l’Union africaine (UA) ainsi que l’Autorité intergouvernementale de développement (Igad), contre un éventuel déploiement de troupes pour venir en aide au Président Andullahi Yusuf Ahmed.

Le SICS, dirigé par le radical Cheikh Hassan Darir Aweys, est accusé par Washington d’avoir des liens avec le réseau Al-Qaïda. Mais les islamistes insistent sur le fait que leur seul but est de restaurer la paix et l’ordre dans ce pays africain ravagé par des conflits depuis quinze ans.

Le Conseil suprême islamique a imposé un visa obligatoire pour les étrangers qui souhaitent se rendre dans les territoires sous son contrôle en Somalie, a par ailleurs indiqué Cheikh Sharif Cheikh Ahmed. « Les étrangers doivent demander l’autorisation avant de venir en Somalie. Cette règle s’appliquera aux journalistes et aux diplomates. Ils ne seront autorisés à venir ici qu’avec notre permission », a-t-il expliqué.

« Nous condamnons l’incursion militaire de l’Ethiopie en Somalie », a-t-il également déclaré. « Nous avons des informations crédibles indiquant que des contingents éthiopiens ont franchi la frontière somalienne. Cette action est provocatrice et contribue à un conflit régional », a affirmé M. Ahmed, mettant en garde « encore et encore l’Ethiopie » afin qu’elle s’abstienne « de ce genre d’actions qui pourraient menacer la paix ».

Addis Abeba a démenti toute incursion en territoire somalien, reconnaissant cependant avoir renforcé son dispositif militaire à sa frontière commune avec la Somalie.