19/12/06 (B374) AFP Mogadiscio / Somalie : gouvernement et islamistes semblent plus disposés au dialogue.

MOGADISCIO
(AFP) – Les tribunaux islamiques et le gouvernement de transition somalien,
qui ont multiplé les déclarations belliqueuses ces derniers
jours, semblaient lundi plus disposés au dialogue, à la veille
de l’expiration d’un ultimatum lancé par les islamistes.

Alors
que la guerre n’a jamais semblé aussi proche que ces derniers jours,
les deux parties ont baissé d’un ton à la veille de l’expiration
mardi de l’ultimatum fixé par les islamistes aux Ethiopiens pour retirer
leurs troupes déployées aux côtés des fragiles
institutions de transition.

"Le gouvernement n’a pas exclu des pourparlers, nous sommes un gouvernement
de réconciliation, mais comment pouvons-nous négocier avec quelqu’un
qui menace de vous attaquer", a déclaré lundi Ali Jama,
ministre de l’Information du fragile gouvernement de transition.

"Vous
ne pouvez négocier que dans un climat favorable, mais pour le moment,
les nuages de la guerre planent sur nous", a estimé M. Jama.

"Nous
comptons les jours et nous attendons la fin du délai. Nous ne serons
pas les premiers à attaquer, mais nous ne resterons pas sans rien faire
si nous sommes attaqués", a-t-il poursuivi.

"C’est
à la communauté internationale d’assurer que le climat des négociations
soit favorable", a affirmé le ministre.

Le mouvement
islamiste a été le premier samedi à sembler ouvrir la
voie aux négociations: le chef du comité exécutif du
Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), cheikh Sharif Cheikh Ahmed,
s’est dit "prêt à négocier et à engager un
dialogue avec les Ethiopiens".

"Les
tribunaux islamiques ont invariablement appelé au dialogue et à
la résolution des problèmes par des moyens pacifiques (…)
et nous continuons à défendre ce principe", a-t-il déclaré
à la presse à Aden à l’issue d’une rencontre avec le
président du Parlement de transition, Sharif Hassan Cheikh Aden, qui
n’est cependant pas mandaté par le gouvernement pour négocier.

"C’est
notre droit de fixer un ultimatum car la Somalie appartient aux Somaliens,
pas aux Ethiopiens (…) mais cela ne signifie pas que nous allons les attaquer
après l’expiration de cet ultimatum", a-t-il relevé.

A l’issue
de trois jours de pourparlers à Aden, MM. Ahmed et Aden ont publié
samedi un communiqué commun dans lequel les tribunaux islamiques se
disent "engagés dans le dialogue avec le gouvernement fédéral
de transition somalien comme moyen de résoudre leurs divergences (…)
et de cesser toute activité susceptible de conduire à des confrontations
militaires".

Vendredi,
le président somalien Abdullai Yusuf Ahmed avait pourtant affirmé
que la "porte pour des pourparlers de paix était fermée,
tant que les islamistes menacent le gouvernement" et que "la guerre
était inévitable".

De leur
côté, les islamistes ont appelé plusieurs fois au jihad
contre l’Ethiopie – qu’ils accusent d’avoir engagé son armée
en Somalie pour défendre le gouvernement de transition -, et ont étendu
ces derniers jours leur emprise militaire autour de Baïdoa, siège
des institutions de transition (250 km au nord-ouest de Mogadiscio).

Addis
Abeba dément avoir déployé son armée en Somalie
et reconnaît seulement l’envoi d’instructeurs militaires.

Les islamistes,
accusés par les Etats-Unis d’entretenir des liens avec le réseau
terroriste Al-Qaïda, contrôlent désormais la majorité
du centre et du sud de la Somalie, pays en guerre civile depuis 1991.

Les institutions
de transition, mises en place en 2004, se montrent incapables de rétablir
l’ordre devant la montée en puissance, depuis 2006, des islamistes.