03/01/07 (B376) REUTERS : Tirs dans la nuit, en Somalie, près de la frontière kenyane.

MOGADISCIO
(Reuters) – Des tirs ont retenti dans la nuit de mardi à mercredi dans
le sud de la Somalie, près de la frontière kenyane, tandis que
des avions éthiopiens soutenant le gouvernement somalien survolaient
la région à la poursuite de partisans en fuite de l’Union des
tribunaux islamiques (UTI).

Les islamistes,
qui ont évacué lundi leur dernier bastion après deux
semaines de combats, ont disparu dans les collines entre le port de Kismayo
et la longue frontière avec le Kenya et rejeté une offre d’amnistie
du gouvernement.

Des habitants
de Liboi, un poste-frontière kenyan, ont dit avoir vu des chasseurs
et des hélicoptères de combat éthiopiens survoler mardi
soir la ville somalienne de Doble, à 25 km de là. Ils ont ensuite
entendu des tirs qui se sont tus après minuit.

Le Kenya
a fermé la frontière après avoir été prié
par le gouvernement somalien d’intercepter les dirigeants en fuite de l’UTI
ou les djihadistes étrangers qui les soutiennent.

"Des
agents de sécurité se sont rendus immédiatement à
la frontière lorsqu’ils ont été informés des tirs,
mais ils n’ont vu aucun signe de combat. Les choses sont calmes", a déclaré
à Reuters Johnstone Limo, responsable local de la police kenyane.

"Aucun
individu ou groupe armé ne peut pénétrer dans notre pays
ou être autorisé à compromettre sa sécurité.
Nous les en empêcherons, nous les arrêterons et, si nécessaire,
nous les combattrons", a-t-il assuré.

Huit combattants
présumés arrêtés dimanche près de Liboi
alors qu’ils tentaient de pénétrer au Kenya sont en cours d’interrogatoire.

Signe
de ce que les affrontements pourraient se poursuivre en dépit de la
déroute des islamistes, chassés de Mogadiscio puis de Kismayo
au terme d’une offensive éclair soutenue par les chars éthiopiens,
un soldat éthiopien au moins a été tué dans une
embuscade mardi dans le sud de la Somalie.

Le groupe
international de contact sur la Somalie, auquel participent les ministres
des Affaires étrangères allemand, suédois et norvégien,
ainsi que le commissaire européen au Développement et à
l’Aide humanitaire, Louis Michel, devait se réunir mercredi à
Bruxelles pour discuter de la situation.

DESARMEMENT

Le Premier
ministre éthiopien Meles Zenawi a dit que ses forces resteraient en
Somalie quelques semaines encore pour aider le gouvernement de transition
à pacifier le pays. Mais le Premier ministre somalien Ali Mohamed Gedi
a déclaré qu’elles pourraient rester plusieurs mois.

Les autorités
éthiopiennes et somaliennes ont réclamé le déploiement
sans délai d’une force internationale de maintien de la paix. L’Ouganda
a accepté en principe d’envoyer un bataillon et son président,
Yoweri Museveni, était attendu mercredi à Addis-Abeba pour discuter
de la Somalie avec Meles.

Kampala
a prévenu qu’il n’enverrait des hommes en Somalie que lorsque leur
mission et les conditions de départ seraient clairement définies.
Le Nigeria pourrait lui aussi participer à une mission de maintien
de la paix.

Au lendemain
de l’entrée des blindés éthiopiens à Jilib, dans
le sud de la Somalie, les islamistes ont promis de "renaître de
leurs cendres" et un habitant a rapporté que deux soldats éthiopiens
avaient été abattus par un Somalien.

Une source
gouvernementale somalienne a confirmé l’embuscade tout en assurant
qu’un seul soldat éthiopien avait été tué.

Un porte-parole
islamiste a dit à Reuters que cette attaque correspondait à
"un changement de tactique dans le combat contre les Ethiopiens".
"Nous sommes éparpillés, nos troupes sont presque partout",
a-t-il dit.

Des observateurs
estiment que les islamistes, rejoints par des combattants étrangers,
pourraient lancer une insurrection à l’irakienne contre un gouvernement
qu’ils perçoivent comme soutenu par l’Ethiopie, un régime haï
à dominante chrétienne.

Le Premier
ministre Gedi a dit que les autorités somaliennes avaient fait prisonniers
des combattants arabes, des rebelles éthiopiens et des hommes envoyés
par l’Erythrée, ennemie de l’Ethiopie.

Des navires
de guerre américains patrouillent au large des côtes somaliennes
pour empêcher des dirigeants de l’UTI ou leurs partisans étrangers
de fuir, ont rapporté des diplomates.

Soucieux
de désarmer l’une des villes les plus dangereuses au monde, Gedi a
demandé aux milices et aux habitants de Mogadiscio de remettre d’ici
jeudi leurs armes à feu.

La légitimité
du gouvernement de Gedi est subordonnée à sa capacité
de s’installer dans la capitale et à y rétablir l’ordre du gouvernement
central, pour la première fois depuis le renversement du dictateur
Mohamed Siad Barré, en 1991.