05/01/07 (B376) AFP / Somalie: la lutte contre les islamistes continue, initiatives diplomatiques.

Par
Mustafa HAJI ABDINUR

MOGADISCIO
(AFP) – Les opérations contre les islamistes somaliens, auxquelles
les Etats-Unis se sont joints, se poursuivront "tant qu’ils seront en
Somalie", a prévenu jeudi le gouvernement somalien, alors que
des initiatives diplomatiques commencent à être prises pour régler
la crise.

Le président
ougandais Yoweri Museveni, qui a mis dès janvier 2005 un bataillon
à la disposition d’une éventuelle force de paix africaine en
Somalie, a appelé la communauté internationale à aider
financièrement "maintenant les Somaliens à reconstruire
leur pays" en guerre civile depuis 1991, après un entretien à
Addis Abeba avec le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi.

Relevant
que l’intervention de l’armée éthiopienne contre les islamistes
somaliens "n’a pas provoqué de déflagration régionale",
M. Meles a lui aussi insisté sur la nécessité d’un "soutien
financier" à la Somalie, qui "devrait essayer d’organiser
un dialogue incluant toutes les parties".

Un
haut commandant des tribunaux islamiques, cheikh Hassan Yaqub, a lui déclaré
à l’AFP que "la guerre n’est pas finie". "Nous allons
mener des opérations de harcèlement et aussi des attaques à
l’explosif", a-t-il ajouté par téléphone satellitaire.

Assurant
se trouver dans la région extrême-sud de la Lower Juba, frontalière
avec le Kenya, il a affirmé que les islamistes disposaient encore de
"milliers de combattants" et de 150 véhicules armés.

Face à
eux, "nous avons environ 12.000 soldats éthiopiens en Somalie",
a déclaré le vice-Premier ministre somalien Mohamed Hussein
Aïdid.

"Environ
3.000 combattants islamistes avec leurs armes sont dans la capitale (…)
Pour nous, la mission contre les islamistes n’est pas terminée. Nous
allons les réprimer tant qu’ils seront encore en Somalie", a-t-il
prévenu.

A propos
du désarmement de la capitale, M. Aïdid a reconnu que "désarmer
la Somalie n’était pas simple".

Le désarmement
sur base volontaire qui se terminait jeudi a échoué et le désarmement
par "la force" des milices locales débutera samedi, selon
le vice-ministre de la Défense, Salad Ali Jelle.

Selon
le gouvernement somalien, les dirigeants des tribunaux islamiques sont en
fuite dans l’extrême sud du pays, près du Kenya qui a fermé
sa frontière terrestre avec son voisin pour empêcher toute infiltration.

Des combattants
islamistes détenteurs de passeports britanniques, canadiens, danois
et érythréens sont en fuite vers le Kenya, a assuré jeudi
le ministre kényan des Affaires étrangères, Raphael Tuju,
selon qui certains d’entre eux ont tenté d’envoyer leurs familles au
Kenya.

Un hélicoptère
militaire kényan, en patrouille le long de la frontière somalienne,
a été "considérablement endommagé" mercredi
par des tirs depuis le sol, selon la police kényane qui a attribué
la responsabilité des tirs aux Somaliens.

Toujours
dans la zone frontalière, quatre hélicoptères éthiopiens
ont raté de peu mardi des véhicules transportant des chefs islamistes,
a affirmé par ailleurs à l’AFP un haut responsable de la police
kényane.

Pour
empêcher toute fuite par la mer des chefs islamistes, les Etats-Unis
se sont joints aux opérations en déployant des forces navales
au large de la Somalie.

"Nous
craignons que des dirigeants des tribunaux islamiques liés à
des organisations terroristes, y compris al-Qaïda, puissent s’enfuir
et quitter la Somalie", a expliqué le porte-parole du département
d’Etat, Sean McCormack.

Washington
a dépêché la secrétaire d’Etat-adjointe chargée
des Affaires africaines, Jendayi Frazer, dans la région, où
elle a rencontré jeudi M. Meles, avant de co-présider vendredi
à Nairobi une réunion du Groupe de contact pour la Somalie.

Cette
réunion sera notamment consacrée à l’opportunité
ou non de déployer une force de paix en Somalie.