11/02/07 (B382) REUTERS : Manifestation à Mogadiscio contre l’envoi d’une force africaine. (Info lectrice)

Par
Guled Mohammed

MOGADISCIO
(Reuters) – Des centaines de manifestants ont lancé des menaces vendredi
contre la future force de paix africaine alors que le Groupe de contact sur
la Somalie a réclamé son déploiement rapide pour stabiliser
le pays après la victoire des forces gouvernementales sur les combattants
islamistes.

Une
roquette s’est abattue vendredi après la tombée de la nuit sur
un hôtel du nord de la capitale, détruisant le hall de réception
et semant la terreur parmi les personnes qui se trouvaient à l’intérieur.

"Dieu
merci, je suis encore en vie (…). J’ai entendu une grosse explosion. Je
me trouvais dans ma chambre. Je ne sais pas s’il y a des morts ou des blessés",
a déclaré une femme. Elle a indiqué qu’il y avait des
personnes dans le hall de réception de l’hôtel lorsqu’elle est
montée dans sa chambre, quelques minutes avant l’attaque.

A l’issue
d’une journée de discussions à Dar-es-Salaam en Tanzanie, le
Groupe de contact sur la Somalie, qui rassemble les pays de l’Est de l’Afrique,
les Etats-Unis et l’Union européenne, a invité la communauté
internationale à soutenir et à financer une mission africaine
de paix en Somalie.

"Le
Groupe de contact appelle la communauté internationale à fournir
un soutien urgent à l’Union africaine et aux pays contributeurs pour
permettre un déploiement rapide", a déclaré le groupe
dans un communiqué.

Même
si seulement 4.000 militaires ont pour l’instant été promis,
contre les 8.000 espérés, le commissaire de l’UA pour la paix
et la sécurité, Saïd Djinnit, a exprimé l’espoir
d’un déploiement rapide afin de remplacer les forces éthiopiennes
présentes en Somalie après avoir apporté un appui décisif
au gouvernement contre les islamistes.

"Nous
reconnaissons tous la nécessité d’un déploiement urgent
de la mission de l’UA en Somalie. Nous créons les conditions d’un tel
déploiement", a-t-il déclaré aux journalistes à
Dar-es-Salaam.

MANIFESTATION
A MOGADISCIO

L’Ouganda
a été le premier pays africain à promettre des effectifs
pour la mission en Somalie. Le Nigeria et le Burundi se sont dit prêts
à y contribuer.

Les forces
gouvernementales somaliennes appuyées par l’armée éthiopienne
ont chassé en tout début d’année les islamistes du sud
du pays et de Mogadiscio, qu’ils contrôlaient depuis juin.

Mais
des attentats, imputés par le gouvernement aux islamistes, sont commis
pratiquement chaque jour dans la capitale et les observateurs craignent que
le pays ne retombe dans l’anarchie et la guerre des clans, comme pendant les
quinze années qui ont suivi la chute de l’ancien dictateur Mohamed
Siad Barré en 1991.

Sous la
pression occidentale, le président Abdoullahi Youssouf a accepté
de convoquer une conférence de réconciliation nationale mais
cette initiative n’a pas désarmé ses adversaires.

Vendredi
encore, environ 800 manifestants se sont rassemblés à Mogadiscio
après la grande prière musulmane pour dénoncer la présence
des troupes étrangères, brûler les drapeaux des pays accusés
d’avoir "semé le chaos en Somalie" et lancer des menaces
contre la future force de paix africaine.

Deux manifestations
ont été organisées, l’une place Tarbuunka, dans le centre,
l’autre dans un quartier du nord de la capitale qui était l’un des
bastions des Tribunaux islamiques et où des hommes masqués ont
promis d’accueillir la force de l’Union africaine les armes à la main.

Au cri
de "Dieu est grand", des drapeaux américains, éthiopiens,
kenyans, ougandais, nigérians et malawites ont été livrés
aux flammes.

"Les
drapeaux brûlés sont un message à votre attention avant
votre arrivée", a déclaré un manifestant masqué.
"Vous avez encore la possibilité de ne pas venir.

Vous
devrez affronter les attentats et la mort", a-t-il ajouté.