03/03/07 (B385-A) ADDIS ABEBA (AFP) – Ethiopie : un responsable régional accuse l’Erythrée d’avoir enlevé des Européens. (Info lectrice)

Cinq
Européens et plusieurs Ethiopiens enlevés jeudi dans le nord-est
de l’Ethiopie, près de l’Erythrée, ont été kidnappés
par des soldats érythréens, a affirmé samedi un haut
responsable éthiopien régional, ce qu’Asmara a immédiatement
démenti.

Les relations entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique sont extrêmement
tendues depuis la fin de leur guerre frontalière (1998-2000) qui a
fait environ 80.000 morts.

La Grande-Bretagne, qui a reconnu que les cinq touristes portés disparus
travaillent pour l’ambassade britannique à Addis Abeba ou sont des
proches de membres du personnel de l’ambassade, a dépêché
samedi en Ethiopie une équipe pour aider à retrouver le groupe
dont l’armée éthiopienne est à la recherche.

« Nous savons que cinq Britanniques ont été capturés
par des soldats de Shabia (érythréens) et ont été
emmenés en Erythrée », a affirmé Ismail Ali Sero,
le président de la région éthiopienne Afar (nord-est),
où les touristes voyageaient.

Selon la police éthiopienne citée par l’agence éthiopienne
de presse ENA (officielle), l’enlèvement a eu lieu à environ
une cinquantaine de kilomètres de la frontière érythréenne.

« Nous savons qu’il s’agit d’Erythréens parce que trois Ethiopiens
qui avaient été kidnappés ont été libérés,
et ces derniers nous l’ont confirmé », a ajouté M. Ismail,
sans expliquer la raison de la libération des trois personnes.

« Il n’y a pas d’autre option maintenant que de négocier avec le
gouvernement érythréen » pour leur libération, a-t-il
encore dit.

Asmara a cependant catégoriquement démenti ces affirmations,
les qualifiant d' »absurdes », tandis que le gouvernement éthiopien
n’avait pas officiellement réagi samedi soir.

« C’est fou. Personne (en Erythrée) n’est impliqué dans
un quelconque enlèvement », a déclaré Yemane Gebremeskel,
le directeur de cabinet du président érythréen Issaias
Afeworki.

« C’est impossible et absurde (…). Il y a des observateurs de l’ONU
dans la région, comment des soldats érythréens pourraient-ils
traverser la frontière? », a-t-il demandé.

Depuis la fin de la guerre entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique,
la Mission des Nations unies en Ethiopie et en Erythrée (Minuee) est
déployée le long de leur frontière commune, où
elle dispose actuellement d’environ 2.000 soldats.

Cependant, la Minuee, qui n’était pas joignable samedi soir, ne peut
pas travailler dans des conditions satisfaisantes selon l’ONU, après
notamment l’interdiction de survol imposée depuis octobre 2005 par
Asmara aux hélicoptères de la Minuee.

« Les soldats érythréens ont fait sauter les véhicules,
dans lesquels les Britanniques voyageaient, avec des RPG-7 (lance-roquettes)
à Hamed Ela », où les touristes ont été enlevés,
a affirmé le responsable régional éthiopien.

Le voyagiste qui a organisé l’expédition des touristes, Tony
Hickey, a aussi raconté que les véhicules des touristes avaient
été retrouvés détruits. « Ce sont des Afars
et des chauffeurs qui m’ont donné cette information. Ils disent que
les voitures ont été détruites par des roquettes de RPG-7.
Les ravisseurs ne voulaient sans doute pas être suivis », a-t-il
expliqué à l’AFP.

Il n’a pas fait état de corps retrouvés. Selon lui, les passagers
des véhicules ont été kidnappés et « emmenées
à pied vers la frontière avec l’Erythrée ».

L’Ethiopie a toujours accusé l’Erythrée, ancienne province éthiopienne
qui a accédé à l’indépendance en 1993, d’être
un élément déstabilisateur dans la Corne de l’Afrique,
notamment d’avoir soutenu récemment les islamistes en Somalie, ce qu’Asmara
a toujours démenti.

Les relations entre les deux voisins sont excécrables depuis le conflit
de 1998 à 2000, et l’accord de paix, qui a mis fin à la guerre
et a été dénoncé par l’Ethiopie, est à
ce jour resté lettre morte.