06/03/07 (B385-B) AFP / Rapts en Ethiopie : les experts britanniques muets, une Française parmi les disparus.

Par
Aaron MAASHO

MEKELE (AFP) – Des enquêteurs britanniques ont observé
mardi un mutisme total, après avoir inspecté les voitures d’Européens
dont une Française, enlevés la semaine dernière dans
le nord-est de l’Ethiopie, près de la frontière avec l’Erythrée.

Paris a annoncé qu’une Française était au nombre des
cinq Européens capturés, qui travaillent pour l’ambassade du
Royaume Uni à Addis Abeba. Trois autres sont britanniques selon des
sources proches de l’enquête et la quatrième a la double nationalité
britannique et italienne.

Une équipe d’experts du ministère britannique des Affaires étrangères
qui a enquêté lundi dans la localité d’Hamed Ela, est
rentrée mardi à Mekele, la ville la plus importante à
proximité du lieu du rapt, selon des journalistes sur place.

Elle n’a fait aucun commentaire à la presse sur les constatations effectuées
sur les trois véhicules tout-terrain utilisés par les personnes
enlevées. L’un était endommagé par une explosion et les
deux autres criblés de balles.

Une dizaine d’Ethiopiens ont également été enlevés
lors de cette attaque qui a eu lieu le 1er mars. Selon des sources concordantes,
les prisonniers ont été emmenés par des hommes armés.
Aucune revendication n’a pour le moment été rendue publique.

Les Ethiopiens enlevés sont des chauffeurs, guides, cuisiniers et policiers,
ainsi que des responsables du gouvernement de la région Afar (nord-est),
selon des sources concordantes.

A Paris, le ministre français des affaires étrangères,
Philippe Douste-Blazy, a indiqué dans un communiqué que « cinq
personnes travaillant pour l’ambassade britannique à Addis Abeba ont
été enlevées dans le nord de l’Ethiopie. L’une de ces
personnes est une ressortissante française ».

« Nous sommes en contact permanent avec les autorités britanniques
à Londres et à Addis Abeba et je suis personnellement cette
affaire », a souligné le ministre des Affaires étrangères.

La région Afar, où les touristes ont été enlevés,
est proche de l’Erythrée, qui entretient des relations très
tendues avec l’Ethiopie depuis leur guerre frontalière (1998-2000).

Mis en cause par un responsable local éthiopien et une personne présentée
par les autorités comme un témoin, le gouvernement érythréen
a formellement démenti toute implication alors que le gouvernement
éthiopien a assuré ne pas être en mesure d’accuser quiconque.

La région Afar, réputée l’une des plus chaudes du monde,
est appréciée des touristes pour ses paysages désertiques
et volcaniques et ses lacs de sel. Mais elle est aussi considérée
comme peu sûre en raison notamment de la présence d’au moins
trois groupes armés autonomistes afars et de groupes nomades qui pratiquent
régulièrement le banditisme.

A Londres et à Addis Abeba, les autorités ont fait preuve d’une
extrême discrétion, affirmant ne pas avoir d’élément
nouveau sur ce rapt dont les circonstances violentes ont suscité l’inquiétude.
Selon la presse britannique, des commandos sont en état d’alerte pour
lancer une éventuelle opération de sauvetage.

Interrogé par l’AFP, le Foreign Office a indiqué ne pas disposer
de nouvelles informations et travailler en contact étroit avec les
gouvernements érythréens et éthiopiens, ainsi qu’avec
ses partenaires européens.

A Addis Abeba, le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires
étrangères, Solomon Abebe, a affirmé mardi « ne pas
avoir de nouvelles informations » sur l’affaire.

De son côté, la Mission de l’ONU en Ethiopie et en Erythrée
(Minuee), chargée de surveiller la frontière entre les deux
pays après leur conflit frontalier, a assuré mardi ne pas avoir
de nouvelles.

« La mission se tient prête à apporter une aide médicale
et logistique, si et au moment où ce sera nécessaire »,
a ajouté à l’AFP à Asmara une porte-parole de la Minuee,
Musi Khumalo