14/03/07 (B386-B) SURVIE et l’ARDHD écrivent au Ministre français des Affaires étrangères : M Ph Douste-Blazy, pour l’alerter sur la situation de Jean-Paul Noël Abdi et pour lui demander d’intervenir en sa faveur auprès des autorités djiboutiennes.
Paris,
le 14 mars 2007
Monsieur Philippe Douste-Blazy
Ministre des Affaires étrangères
Ministère des Affaires étrangères
37, quai d’Orsay
75351 PARIS CEDEX 07
Envoi
par fax
Lettre
ouverte concernant la situation
d’un Défenseur des Droits de l’Homme à Djibouti
Monsieur le Ministre,
Nos associations
sont particulièrement inquiètes sur l’évolution
de la situation à Djibouti et en particulier le harcèlement
policier dont est victime M. Jean-Paul Noël Abdi, Président de
la Ligue djiboutienne des Droits humains (LDDH) et Vice-président pour
l’Afrique de l’est de l’Union interafricaine des Droits
de l’Homme (UIDH).
La LDDH est affiliée
à la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’Homme
à Paris).
Depuis de nombreuses
années, en dépit des difficultés et des obstacles qu’il
rencontre dans son pays, Monsieur Abdi défend les Droits de l’Homme.
Son action courageuse et engagée est reconnue non seulement par les
Djiboutiens mais par l’ensemble des Défenseurs des Droits de
l’Homme.
La semaine dernière,
il a publié deux informations importantes :
– la première concerne la découverte d’un premier charnier
dans le Nord de Djibouti (DAY)
– la seconde concerne une affaire sordide : le viol récent d’une
jeune fille sourde-muette par un militaire de la Garde nationale djiboutienne.
Les réactions officielles du Gouvernement djiboutien ne se sont pas
fait attendre.
Dès le vendredi 9 mars, Monsieur Abdi était arrêté
à son domicile par la Police criminelle qui agissait sans mandat.En
dépit de son état médical préoccupant et de la
nécessité de suivre un traitement régulier, il a été
incarcéré à la Prison de Gabode où il a passé
quarante-huit heures en garde à vue. Au cours de ces deux jours complets,
il n’a été interrogé que durant 25 minutes par
un juge d’instruction, qui lui a signifié sa remise en liberté
provisoire et qui lui a délivré une convocation pour samedi
prochain (17 mars).
A sa sortie du tribunal, les policiers, agissant sur ordre, lui ont demandé
de leur remettre son passeport, qu’ils ont saisi.
Pour ces deux raisons, Monsieur Abdi ne pourra pas se rendre à Ouagadougou
pour participer à la conférence annuelle de l’UIDH et
présenter le rapport sur la situation des Droits de l’Homme à
Djibouti.
Par ailleurs,
la convocation qu’il a reçue pour samedi prochain, laisse supposer
qu’il est susceptible d’être de nouveau incarcéré
pour des motifs qui n’auraient rien de répréhensibles
dans un état de droit.
Nous sollicitons
votre Ministère pour qu’il intervienne le plus rapidement possible
auprès des autorités djiboutiennes, afin que :
– le passeport de Monsieur Abdi lui soit immédiatement restitué
et qu’il soit libre de circuler, y compris à l’étranger,
pour participer à cette conférence internationale,
– cessent toutes les manuvres de harcèlement qui sont dirigées
contre un Défenseur reconnu des Droits de l’Homme (cf. le communiqué
conjoint de la FIDH et de l’OMCT Organisation mondiale contre
la torture)
La France ne saurait admettre que de telles injustices soient commises sous
ses yeux, sans réagir.
Dans le cas contraire, nous ne serions pas loin de penser qu’elle accorde
un soutien abusif à une dictature qui viole sans cesse et en toute
impunité (jusqu’à présent) les droits d’une
population civile qui est soumise à une forme moderne d’asservissement
et qui est victime de massacres (Arhiba 1991 et Arhiba 2005, plus tous ceux
que l’on commence à identifier au fur et à mesure de la
découverte de charniers).
Les raisons seraient faciles à imaginer : la défense des intérêts
stratégiques de la France serait-elle supérieure à celle
de la protection des Défenseurs des Droits de l’Homme et aussi
d’un juge français assassiné dans l’exercice de
ses fonctions.
Nos associations
vous remercient à l’avance de votre intervention rapide, car
le temps presse et de nous informer des démarches diplomatiques qui
auront été engagées par votre Ministère.
Dans cette
attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance
de notre respect.
Pour l’ARDHD Jean-Loup Schaal |
Pour SURVIE P/O Odile Biyidi |