09/05/07 (B394) RFI : Les troupes quadrillent Mogadiscio

Les Ethiopiens
ont réparti des troupes dans tous les quartiers de la capitale, certaines
zones restant interdites aux véhicules.

Les hommes du gouvernement de transition ont érigé des check
points au moindre carrefour, tandis que les soldats de l’Amisom, la
mission de l’Union africaine en Somalie, qui comprend 1 200 Ougandais,
a repris ses patrouilles depuis une semaine. La capitale a été
nettoyée de ses insurgés répètent les autorités
somaliennes. La vie reprend timidement son cours, même si les inquiétudes
demeurent sur l’avenir.

Sur le mur de l’école,
entre deux traces d’impacts, une inscription en Somali : «Hubka
Lama Ogola» : armes interdites. Trois silhouettes d’enfants portant
des livres et un uniforme sont dessinées à côté
d’une grenade, d’un couteau et d’un AK47 barrés par
deux épais traits rouges. L’internat Amar, dans le quartier sud,
a réouvert ses portes samedi dernier, soit une semaine après
la fin des affrontements entre les troupes éthiopiennes et les insurgés
qui ont fait plus de 2 000 morts et 400 000 déplacés.

«Nos élèves n’ont jamais connu rien d’autre
que la guerre, explique Mohamed Hassan Adan, le principal adjoint de l’établissement.
Comment voulez-vous apprendre correctement, lorsque votre professeur, au lieu
de vous écouter réciter une leçon, prête l’oreille
aux bruits des tirs que l’on entend chaque jour dans les rues ?».
Sur les 2 000 inscrits, à peine la moitié est revenue sur les
bancs de l’école.

Les professeurs
ont repris les classes de mathématiques, anglais, histoire…

«L’histoire de la Somalie depuis 1991, c’est nous qui avons
dû l’écrire, raconte Mohamed Hassan Adan. Nous utilisons
des livres venus d’autres pays, du Kenya notamment. Ici, il n’y
a plus rien». Malgré l’incertitude ambiante, Daoud, 18
ans, ne pense qu’à une chose, apprendre. Pour devenir un jour
pilote de ligne. «Ma famille a quitté la ville, moi je suis resté
ici. Je n’ai pas peur, j’ai l’habitude. Et puis maintenant,
c’est calme ici. Les soldats sont partout».

Une ville
investie par les troupes

En effet,
à chaque coin de rue, les troupes somaliennes ont installé des
barrages, vérifiant chaque véhicule, tandis que les Ethiopiens,
qui sont plusieurs milliers, ont quadrillé la ville, investissant chaque
quartier, pour fouiller les maisons et chercher des armes. Depuis dix jours,
la mission de l’Union africaine s’est, quant à elle, aventurée
à nouveau dans les rues, après avoir assisté, impuissante,
à des combats qui ont ravagé la ville pendant plusieurs semaines.

Au passage des blindés
de couleur blanche, griffés «AU» (African Union), certains
habitants lèvent les bras, ou sourient, sans doute soulagés
de ce symbole manifeste d’un retour au calme. Les troupes africaines
sécurisent plusieurs lieux stratégiques de la capitale, tels
que le port, ou l’aéroport, où ils ont établi leur
quartier général. A une centaine de mètres de la piste
d’atterrissage, au milieu des broussailles et face à une mer
bleu turquoise, des tentes ont été érigées, autour
d’un ancien bâtiment militaire délabré que les troupes
ont investi, empilant des sacs de sable pour protéger les entrées.
L’Amisom semble avide de communiquer sur son activité à
Mogadiscio, embarquant régulièrement des journalistes lors de
patrouilles diurnes. Le commandant de détachement du port, Jeff Makusa,
faisait visiter mardi le déploiement de ses troupes et montrant les
T-62, postés tout autour de la digue.

«Les insurgés
ont été battus, mais cela reste encore à confirmer, je
pense qu’il est trop tôt pour célébrer une quelconque
victoire, affirme-t-il, prudent. La principale menace à laquelle nous
faisons face maintenant ce sont les bombes et les mines. Parce que nous ne
pouvons pas savoir où elles sont. Certains habitants sont vigilants
et vous diront qu’il y a quelque chose d’inhabituel dans la rue
ce jour-là.» Chaque jour, des mines sont retrouvées dispersées
dans la capitale. Certaines, trouvées à temps, sont désamorcées.
Mais ce n’est pas toujours le cas. Lundi, deux enfants ont été
tués dans une explosion. Les quatre soldats somaliens qui se trouvaient
à proximité ont été blessés et envoyés
à l’hôpital militaire.

par
Stéphanie Braquehais