21/10/07 (B418) AFP – DJIBOUTI (AFP) – Djibouti : deux manifestations hostiles à la France organisées dans le sud. (Info lectrice)
Deux manifestations ont été organisées dimanche dans le sud de Djibouti à l’appel d’un collectif d’associations pour protester contre l’enquête de la justice française sur la mort d’un juge français il y a 12 ans à Djibouti, ont rapporté les organisateurs et la police.
Elles surviennent au lendemain d’une manifestation qui a rassemblé samedi des milliers de personnes dans la capitale Djibouti.
Environ 3.500 personnes – selon les organisateurs – ont participé à une marche dimanche matin à Ali-Sabieh, principale ville du sud du pays, à une centaine de km au sud-ouest de la capitale.
Les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la France, tels que « A bas la justice française! » ou « Halte à la campagne de dénigrement des médias français! », ont rapporté des organisateurs de la marche, joints par l’AFP par téléphone depuis la capitale.
D’autres manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire: « Le peuple djiboutien a assez subi les dérives de la justice et des médias français ».
Une seconde manifestation a rassemblé environ 4.000 personnes selon les organisateurs (3.500 selon la police) dans la localité d’Arta, chef-lieu de district situé à environ 30 km au sud de la capitale.
Les manifestants se sont notamment rassemblés devant le siège du conseil régional d’Arta.
Le responsable du district d’Arta, Hassan Darar Houffaneh, des membres du conseil régional et plusieurs parlementaires, ont pris part à cette marche, selon les organisateurs.
« Nous sommes là pour exprimer notre soutien à notre président (Ismaël Omar Guelleh, ndlr) et à nos dirigeants qui n’ont rien à se reprocher », a commenté M. Houffaneh.
« Djibouti est un Etat souverain. Nous ne pouvons donc tolérer davantage les agissements scandaleux de la justice française », a-t-il ajouté.
Les deux manifestations étaient terminées en fin de matinée.
Les relations entre la France et la République de Djibouti – ex-colonie française qui abrite la principale base militaire française en Afrique – sont empoisonnées depuis des années par l’affaire de la mort du juge français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti.
Djibouti a conclu à un suicide dans cette affaire, mais l’enquête française privilégie la thèse d’un assassinat.
Fin août, le procureur général de Djibouti, Djama Souleiman, et le chef des services secrets, Hassan Saïd, proches du président Guelleh, ont été renvoyés pour la première fois devant la justice française dans ce dossier.
Des mandats d’arrêt internationaux, valant mises en examen, avaient été délivrés le 27 septembre 2006 par la justice française contre ces deux responsables, soupçonnés d’avoir exercé des pressions et des menaces sur deux témoins djiboutiens.
Le collectif organisateur des manifestations de samedi et dimanche – qui regroupe des associations culturelles, sportives ou de jeunes – a en outre appelé le gouvernement djiboutien « à rompre sa coopération culturelle avec la France », dénonçant une « campagne odieuse » de Paris dans l’affaire Borrel.