22/12/07 (B427) 20 MINUTES.FR : Les 1.400 morts que personne n’a vus

Après les images terribles de réfugiés tentant de traverser la Méditerranée, ou d’atteindre les Açores, c’est maintenant le flux migratoire entre la corne de l’Afrique et la péninsule arabique qui inquiète les autorités internationales. De nombreux morts dans un anonymat presque total : un des rares journalistes français parti faire un reportage su place a d’ailleurs été kidnappé.

Les émigrés qui tentent de rejoindre la péninsule arabique sont-ils nombreux ?
Selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 28.300 personnes ont réussi à atteindre la côte yéménite à bord de 300 bateaux depuis le début de l’année.

Combien ne survivent pas à la traversée ?
Toujours selon le HCR, 1.400 personnes sont mortes. «Elles ont été tuées par des passeurs ou se sont noyées en mer.» Un chiffre qui ne va pas en diminuant. Ce dernier week-end, 58 personnes sont mortes.

D’où viennent-ils ?
Principalement de Somalie. Ils cherchent à fuir les violences, de plus en plus intenses depuis début 2007. Ce sont aussi des Ethiopiens fuyant la misère économique et des Ethiopiens-Somalis originaires de l’Ogaden (sud-est de l’Ethiopie), où des combats opposent l’armée éthiopienne et le mouvement rebelle du Front national de libération de l’Ogaden (ONLF).

Dans quelles conditions font-ils la traversée ?
Dans des conditions très difficiles, sur de frêles embarcations, la plupart du temps au départ de Bosasso, en Somalie, à destination du Yémen. Les Emigrants sont convoyés par des passeurs organisés en mafias. Un trafic qui génère au minimum trois millions de dollars par an, selon Danish Refugee Council, une ONG présente sur place.

Où comptent-ils aller ?
Dans les pays pétroliers du golfe persique, où ils espèrent trouver un travail. Problème, arrivés sans papiers, ils n’ont pas de permis de travail.

Qu’est-il arrivé à Gwen Le Gouil ?
Ce Français, journaliste reporter d’images indépendant âgé de 32 ans, voulait faire un reportage sur ce trafic. Il a été enlevé dimanche matin, au lendemain de son arrivée à Bosasso. Ses ravisseurs, des miliciens d’un des clans de Bosasso, réclament une rançon en échange de sa libération. «Je veux juste sortir d’ici. Mon état de santé est bon», a-t-il assuré mercredi par téléphone. Il serait retenu à une trentaine de kilomètres de Bosasso.

Pierre Koetschet