29/01/08 (B432) Le Parisien : Damien, militant de l’humanitaire, tué par une bombe en Somalie (Anne-Cécile Juillet) (Info lectrice)
IL AVAIT 28 ANS et il effectuait une mission depuis le 26 décembre dernier en tant que logisticien au sein de l’ONG Médecins sans frontières, en Somalie. Hier, alors que Damien Lehalle et trois de ses collègues rentrent de l’hôpital de Kismayo, une ville portuaire à 500 km au sud-ouest de Mogadiscio, pour revenir à leur base, un engin piégé explose au passage de leur voiture. Damien Lehalle, le Français du trio, mais aussi le chirurgien de l’équipe, kényan, et le chauffeur, de nationalité somalienne, sont tués.
Le quatrième passager, dont l’identité et la fonction restaient inconnues, est grièvement blessé. L’attentat a également tué un journaliste somalien.
I l racontait son bonheur sur son blog
« Les circonstances exactes n’ont pas encore été établies, expliquait-on hier soir au siège parisien de l’ONG. On ignore si l’engin explosif ciblait directement Médecins sans frontières. Pour l’instant, nous sommes préoccupés par les familles des victimes et par nos humanitaires toujours sur place. Ils sont en train d’être évacués vers Nairobi. »
André Lehalle a appris hier après-midi la mort tragique de son fils Damien, l’un de ses trois enfants. Dans la maison familiale de la banlieue de Bourgoin-Jallieu (Isère), la famille s’est réunie, bouleversée : « Il avait choisi cette voie-là, ça lui correspondait bien, il en connaissait les risques, décrypte son père, anéanti. Finalement, il aura à peine eu le temps d’en profiter. »
Il y a un an, Damien, brillant étudiant en sciences, qui avait étudié en Australie et à la prestigieuse université McGill de Montréal au Canada, effectue son premier stage dans l’humanitaire, déjà chez MSF et en Afrique, au Congo. A l’issue de son cursus universitaire, il choisit de suivre la formation « logisticien des solidarités internationales », à Vénissieux (Rhône) au sein de l’institut Bioforce, spécialisé dans les métiers de l’humanitaire.
Depuis, « Dam’s », comme ses amis le surnommaient, ne cessait de clamer combien il était « heu-reux ». Il faisait partager aux siens, via un blog, ses expériences. Il y raconte comment lors de sa mission au Congo, il avait été ému par la naissance d’un petit garçon à qui on avait donné son prénom : « Rapidement, vous penserez que votre vie d’avant n’avait pas autant de sens qu’elle n’en a pris », s’enthousiasmait-il. Sur place, l’enquête devra déterminer les circonstances exactes du drame.