11/04/08 (B443) LCI / Somalie – Le Ponant : « aucun argent public n’a été versé ».
L’armateur a « probablement » versé une rançon pour les 30 otages, « en partie récupérée » sur les 6 pirates capturés, a précisé l’Elysée vendredi.
Il n’y a pas eu d’assaut de l’armée pour la libération. Mais un gouverneur somalien affirme qu’une opération française contre des pirates a fait 3 tués. Ce que dément l’Elysée.
Diane HEURTAUT
Une rançon versée par l’armateur du Ponant
Quelques heures après l’annonce de la libération des 30 membres d’équipage du Ponant (lire notre article), retenus depuis une semaine au large de la Somalie, ceux qui ont piloté l’opération ont livré les détails de l’opération, lors d’une conférence de presse, vendredi en fin d’après-midi, à l’Elysée. « Six pirates ont été pris et se trouvent sur le porte-hélicoptère Jeanne d’Arc », a d’abord indiqué Edouard Guillau, chef de l’Etat-major particulier du président, précisant que le président Sarkozy avait suivi l’opération en temps réel.
Ils ont été capturés « une petite heure après » la libération de l’équipage du Ponant, alors qu’ils avaient « regagné la terre ferme », a complété Jean-Louis Georgelin, chef d’Etat-major des armées.
« Nous avons pu pister les pirates, ce qui a permis par une action héliportée d’intercepter de l’ordre de la moitié de ce commando. » Ceux-ci « seront remis à la justice française », a-t-il assuré, confirmant que les pirates étaient d’anciens pêcheurs, tous Somaliens, « qui se sont spécialisés dans ce genre d’activités ».
Une rançon ? « Vous verrez avec l’armateur ce qu’il en est »
Autre détail livré à la question d’un journaliste sur une éventuelle rançon : « Strictement aucun argent public n’a été versé, vous verrez avec l’armateur ce qu’il en est », a répondu le général Georgelin, ce qui laisse la possibilité d’un versement par l’armateur. « Il appartiendra à l’armateur de révéler s’il le souhaite la nature des négociations », a-t-il insisté. Mais « en récupérant les pirates, nous avons aussi récupéré quelques sacs intéressants… On a récupéré une partie de la rançon qui a probablement été versée », a-t-il dit.
L’armateur a refusé de confirmer qu’une rançon avait été versée pour permettre la libération des otages. « C’est un processus très délicat et difficile, et donc il ne faut retenir que le résultat, c’est-à-dire des gens d’équipage qui vont pouvoir rentrer dans leurs familles », a un responsable de la compagnie dans la cour de l’Elysée, après avoir été reçu par Nicolas Sarkozy avec les familles des ex-otages. « C’est l’armateur qui a payé, il a payé la rançon », a pour sa part affirmé à la presse une membre des familles des ex-otages.
Des victimes lors de l’opération héliportée ?
Sur le scénario de l’opération de libération : « il n’y a pas eu ouverture de feu pendant la phase de libération, mais négociation entre l’armateur (du Ponant, la CMA CGM, ndlr) et les pirates par radio », a affirmé Jean-Louis Georgelin. D’ailleurs, les forces françaises n’ont procédé qu’à « des tirs de sommation et d’interception, pas à tirs directs sur les pirates ». Toute l’opération s’est déroulée « avec l’autorisation des autorités somaliennes », a encore précisé le général Georgelin.
Mais un gouverneur somalien a affirmé que 3 personnes avaient été tuées et 8 autres blessées vendredi lors d’une opération héliportée française contre un repaire de pirates somaliens, peu après la libération du voilier. L’Elysée a aussitôt démenti « catégoriquement » ces affirmations.
Sarkozy va lancer « une action internationale concertée contre la piraterie »
Le Jeanne d’Arc, qui « passait dans les parages », a pu être aussitôt réquisitionné, tout comme un autre bâtiment de l’armée, sur lequel avaient été dépêchés des membres du GIGN, qui sont toutefois restés « à distance », a complété Jean-Louis Georgelin, chef d’Etat-major des armées.
Et de rappeler qu’en 2007, 280 opérations de piratages se sont déroulées dans le monde, « dont plus de la moitié dans cette zone de la corne de l’Afrique ». Nicolas Sarkozy a en outre proposé « une action internationale concertée contre la piraterie » maritime, a déclaré Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président, qui participait à la conférence de presse.
« Cette initiative sera lancée dès aujourd’hui sous forme de premier contact informel avec les 14 partenaires de la France au Conseil de sécurité », des Nations unies. « Dès que se sera possible, sans doute dans le courant de la semaine prochaine, un premier texte commencera à circuler pour son adoption dès que les partenaires seront prêts », a-t-il ajouté.
Les ex-otages probablement de retour la semaine prochaine
Retenus par des pirates depuis une semaine, les 30 membres d’équipage du voilier de luxe ont été libérés « sans incident », avait annoncé un peu plus tôt dans la journée Nicolas Sarkozy. « Nous allons organiser leur retour en France dès que possible », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Ils sont avec la marine nationale française en route vers Djibouti, a indiqué, depuis Djibouti, une source proche du dossier. « Ils seront ici dans les prochains jours et sont acheminés par la marine nationale française. »
Le navire est attendu mardi à Djibouti, « avec ou sans les ex-otages », selon l’armateur. « Peut-être que le capitaine restera à bord avec les militaires pour ramener le bateau sous escorte », a-t-il ajouté. Les autres pourraient regagner Djibouti par une frégate plus rapide. Le rapatriement en France devrait se faire ensuite. Là, ils seront notamment accueillis par des officiers français qui les interrogeront sur leur détention, comme le veut la procédure.