13/04/08 (B443) AFP / Ethiopie: laminée par le régime, l’opposition absente des élections locales
ADDIS ABEBA (AFP) Les Ethiopiens se rendent aux urnes dimanche pour des élections locales, premier scrutin organisé depuis les législatives de 2005 dont la contestation avait provoqué de sanglantes émeutes, laminant une opposition dont les dirigeants avaient été arrêtés et jugés.
Plus de 3,7 millions de candidats s’alignent à ces élections, pour à peu après autant de sièges à pourvoir. Le régime du Premier ministre Meles Zenawi est assuré d’un succès écrasant, l’opposition divisée ou absente ne présentant que quelques milliers de candidats.
Ces élections doivent notamment désigner les élus des « woreda » et « kebele », les plus petits échelons administratifs d’un pays d’environ 80 millions d’habitants.
Jeudi, l’un des principales formations de l’opposition, les Forces démocratiques de l’Ethiopie unie (UEDF) a jeté l’éponge, renonçant à participer aux élections en dénonçant les entraves du pouvoir et les menaces contre ses candidats.
« Nous avons décidé d’annuler notre participation car la situation est dangereuse », a déclaré à l’AFP le président de l’UEDF, Beyene Petros: « nous avons essayé d’avoir des candidats mais la majorité ont été refusés (…) certains ont même été emprisonnés ».
Des organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent également les entraves à la présence d’observateurs dans les bureaux de vote.
« Depuis quatre ou cinq mois, nous demandons à participer (en tant qu’observateurs) mais jusqu’à présent, on ne nous a pas donné d’autorisation », déplore le président du Conseil éthiopien des droits de l’Homme (indépendant) Yoseph Mulugeta.
Les autorités réfutent en bloc les critiques. « Rien n’a été fait secrètement (…) Dix organisations nationales ont été retenues pour observer les élections », selon le président de la Commission nationale électorale, Merga Bekena.
La Commission nie également tout harcèlement des candidats de l’opposition. « On a demandé des preuves, mais ils ne pouvaient pas nous en fournir. On ne peut rien faire sans preuve », affirme le vice-président de la commission Addisu Gebreigziabher.
Pourtant, l’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) soutient qu’une enquête de deux semaines sur le terrain a démontré « des scénarios systématiques de répression (…) qui ont ôté toute signification à ces élections dans nombre d’endroits ».
« Ce sont les responsables locaux qui mènent l’essentiel de la répression quotidienne qui caractérise la pratique du pouvoir en Ethiopie », accuse HRW.
En proie aux obstructions du régime selon HRW, l’opposition est également sortie affaiblie de la crise de 2005. Son principal parti, la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD), désormais miné par des dissensions internes, est absent des élections locales.
Les législatives de 2005 avaient été remportées par la coalition au pouvoir depuis 1991, mais entachées de nombreuses fraudes selon l’opposition. Les violences post-électorales avaient fait près de 200 morts, selon une commission d’enquête du Parlement éthiopien.
A la suite de ces troubles, les principaux dirigeants de la CUD avaient été arrêtés, condamnés à de lourdes peines de prison puis finalement graciés en juillet 2007.