06/05/08 (B446) Les interviews (presque) imaginaires de l’ARDHD. Cette semaine Guelleh, en personne, a accepté de répondre à nos questions. (Humour – ARDHD)

Il nous reçoit au Palais de l’Escale où nous avons d’abord été accueillis chaleureusement par Hassan Saïd le Chef des Services secrets (SDS) et Djama Souleiman Ali le Procureur général de la République. Guelleh nous reçoit ensuite seuls dans son bureau ..

ARDHD : Monsieur le Président, d’abord merci de répondre à nos questions. La situation dans le nord est confuse. Pourriez-vous nous expliquer ce qui se passe réellement ?


Roger Picon

IOG : en acceptant de recevoir les représentants d’un journal qui se moque tous les jours de ma chère et tendre Paulette et de ma respectable personne, je vous montre qu’en homme intelligent, je n’ai aucune rancune.

Même s’il me dérange énormément, vous faites votre travail avec intégrité et persévérance et cela je le respecte. En plus, votre site a été insensible à toutes les tentatives de corruption : c’est tellement rare autour de moi, que je l’apprécie, au fond.

Pour répondre à votre question, la situation est grave, très grave. Non seulement à la frontière nord, mais d’une façon générale, ce dont nous parlerons après.

D’abord le Nord !

Lors du rapprochement avec mon homologue érythréen durant les dernières années, nous nous étions mis d’accord sur un certain nombre de points :


il soutenait ouvertement les milices islamiques en Somalie et il se chargeait de l’approvisionnement en matériel militaire lourd,
– de mon côté, je m’engageais à ce que ni les américains, ni les français ne voient passer ces convois de matériel. Et ils n’ont rien vu ….!

– je l’autorisais à installer un hôtel de luxe et un camp de loisir à Ras Doumeira ; les travaux ont commencé en novembre 2007 environ,
– en contrepartie, il m’assurait, sans concurrence, le libre commerce des armes plus légères et de toutes les munitions sur l’ensemble de la Somalie (y compris Somaliland et Puntland) et le Yémen, à toutes les forces en présence : armées dites « régulières », milices de l’opposition, chefs de guerre, pirates, etc…

Nos accords ont bien fonctionné pendant plusieurs mois. L’un et l’autre, nous avons accumulé des profits exceptionnels.

Mais voilà qu’un jour, nous nous sommes opposés sur une livraison de lance-roquettes. Il a prétendu que c’était du matériel lourd et moi du léger. Pour me contrer, il a pratiqué le dumping, ce qui m’a obligé de baisser les prix pour éviter d’avoir un stock sur les bras et j’ai perdu mes marges substantielles.

Au téléphone, je l’ai menacé d’informer les américains et les français qui avaient la capacité de bloquer son trafic d’armes lourdes. Il s’est fâché et il m’a raccroché au nez en disant qu’il allait se venger.

Voilà l’affaire.

ARDHD : merci pour cette rétrospective, mais que s’est-il passé ensuite ?

IOG : c’est simple, on a finalement découvert, milieu avril, que le projet d’hôtel et de camp de loisir, étaient en réalité des constructions à des fins militaires. Fortifications, implantation d’artillerie lourde, …. Bien entendu, mes Services secrets n’avaient rien vu venir … Par honnêteté, je dois avouer que je leur avais interdit de surveiller le coin ….pour respecter nos accords avec l’Erythrée.

ARDHD : quelle est la situation aujourd’hui ?

IOG : quand on a découvert le pot aux roses, j’ai convoqué l’Etat-Major dans mon bureau et je leur ai demandé ce qu’on pouvait faire.

Unanimement, ils ont répondu : rien ou pas grand chose. Il faut d’abord aller sur le terrain pour voir et comprendre. Ce que nous avons fait, avec le Premier Ministre. Le constat a été affligeant : devant nous, les érythréens avaient construit une véritable forteresse. Nous avons envoyé une dizaine de soldats, les seuls disponibles, à l’assaut. Ils ont été pris sous le feu. Trois blessés. Les autres sont revenus en courant, pris de panique : ils ont été confiés aux psychologues militaires qui les rééduqueront rapidement.

ARDHD : et maintenant quelles décisions allez-vous prendre ?

IOG : beaucoup de décisions ! Au moins 5 !

La première est de ne rien tenter sur le plan militaire, car j’ai compris que nos armées ne sont pas opérationnelles. A force de réduire les avantages des militaires et de détourner leurs soldes, les soldats ont perdu leur motivation. Ils refusent de se battre. Et puis le matériel n’a pas été ni remplacé ni entretenu, faute de moyens. Je me demande où est passé l’argent : j’interrogerai Fathi et Zakaria sur ce point.
Mes généraux, engraissés, enrichis, installés confortablement dans la routine de leurs bureaux respectifs, sont incapables de bâtir une stratégie.

La seconde est d’alerter les organisations internationales. Pour le moment, les réponses sont très évasives : la Ligue arabe et l’UA nous appellent à la retenue et à la modération. Ils se moquent du monde. Ces organisations sont peuplées de bureaucrates incompétents et sans courage. Rien à attendre de ce côté là

La troisième serait de renouer avec la France des relations de confiance. Mais les Français ont la tête dur. Avant même de discuter du problème, ils veulent :
1°)
récupérer Djama et Hassan pour les mettre en prison,
2°)
que je m’excuse pour ce que j’ai dit – dans Jeune Afrique – et pour les manifestations anti-françaises.
Il n’en est pas question et donc je ne peux pas compter sur un appui français à l’heure où je vous parle.

La quatrième est de demander de l’aide aux US. Mais la réponse est revenue par retour de courrier: « ce n’est pas notre problème ».

La cinquième est de créer des conditions d’émeute dans le pays pour mettre une grande pagaille. J’aime la pagaille et je sais la gérer pour en tirer tous les avantages possibles. Elle a déjà commencé dans les lycées et au lac Assal, mais ce n’est qu’un début.

La France sera finalement obligée d’intervenir pour éviter un bain de sang parmi les civils. Et c’est à ce moment que je la tiendrai … je ne lâcherai plus !

ARDHD : mais que vont faire les Érythréens, à votre avis ?

IOG : le risque est qu’ils profitent de ces émeutes et du constat de ma faiblesse militaire pour avancer un peu plus en avant sur notre territoire, maintenant qu’ils ont une solide tête de pont. A propos de tête de pont, je ne voudrais pas qu’ils me piquent le terrain que j’ai choisi pour la nouvelle ville « lumière » qui sera la charnière Afrique-Asie, quand le frangin de Bin Laden aura terminé son pont.

Malheureusement ce n’est pas tout.

ARDHD : quoi d’autre ?

IOG : les éthiopiens voient d’un mauvais oeil l’installation des Érythréens sur la côte. Ils voudraient tellement disposer de leur propre accès maritime … Alors ils risquent de nous envahir au nord pour créer un corridor entre Djibouti et l’Erythrée, au motif de nous protéger. Mais je les connais, ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin et ils seront tentés d’envahir une partie du territoire national.

Les Somalilandais pourraient aussi profiter de ma faiblesse pour repousser la frontière commune jusqu’aux portes même de la ville de Djibouti.

ARDHD : mais c’est tragique !

IOG : la situation est très grave, je ne vous l’ai pas caché dès le début de notre entretien, mais elle n’est pas désespérée.

Je profite de votre présence et de l’audience de votre site pour saluer toutes les Djiboutiennes et les Djiboutiens et les assurer que mon épouse ou moi, nous resterons aux commandes quoi qu’il puisse arriver.

ARDHD : à quoi pensez-vous ?

IOG : A une invasion quasi-complète de notre territoire par les trois voisins : Erythrée, Éthiopie et Somaliland.

Mais je tiens à déclarer solennellement au peuple djiboutien que je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour que la République de Djibouti demeure indépendante. S’il ne devait rester que quelques arpents de terre libre où flottera notre drapeau, ce sera le Palais d’Haramous, qui, je le jure ne passera jamais à l’ennemi. S’il n’en reste qu’un, ce sera Haramous. Nous conserverons Haramous jusqu’à ma mort.

Et je sais que le peuple djiboutien, même passé sous domination étrangère, sera fier de moi et de son appartenance à une nation libre et prospère.

ARDHD : vous croyez ?

IOG : bien sur. Les Djiboutiens que j’ai incité depuis des décennies, à s’opposer dans des luttes claniques fratricides orchestrées et contrôlées par le SDS de mon ami Hassan Saïd, seront fiers d’appartenir à une nation unie et rassemblée autour d’Haramous et de son drapeau.

Un terrain unique est facile à délimiter = fin des contestations de frontières et des querelles !! Ah, j’avais oublié de vous dire que mes possessions en ville devront bénéficier du statut d’extra-territorialité : c’est une condition que j’imposerai aux envahisseurs, pour quitter le Palais de l’Escale.

ARDHD : ne craignez-vous pas que les Djiboutiens découvrent que la domination étrangère est plus douce que celle que vous leur avez imposée depuis des années ?

IOG : vous racontez n’importe quoi. Les Djiboutiens savent très bien qu’il est préférable de vivre sous la férule d’un dictateur djiboutien que sous la domination amicale d’un voisin.

ARDHD : attendez une seconde. Selon mes archives, vous-même n’êtes pas un Djiboutien, alors je comprend mal votre discours.

IOG : avec ma tendre RPP, nous sommes Djiboutiens. Ce n’est pas parce que je suis né en Ethiopie, que je ne suis pas Djiboutien de coeur. Je me suis battu pour ce pays et pour son indépendance. J’ai dénoncé les traîtres djiboutiens à la patrie. J’ai fait raffler tous les étrangers indésirables et ils ont été chassés du pays. Je suis à l’origine de la fortune récente de nombreuses familles djiboutiennes. Et vous diriez encore que je ne suis pas djiboutien ? On rêve !

ARDHD : n’y aurait-il pas une alternative à ces prévisions dramatiques ?

IOG : comme mes Généraux sont des incapables incompétents, je ne vois pas comment je pourrais régler le problème avec l’Erythrée.

Sauf … sauf si j’utilise à la dernière minute, mon arme secrète de dissuasion. Ça pourrait marcher … mais il faudrait qu’elle accepte.


Roger Picon
ARDHD : une arme secrète de dissuasion., expliquez nous ?

IOG : Paulette bien sur !

ARDHD : comment cela Paulette ?

IOG : c’est simple, j’envoie Paulette chez mon homologue érythréen. Je vous parie qu’au bout de trois jours, il sollicitera un armistice. Il me proposera de rendre Ras Doumeira à condition que je reprenne Paulette …

ARDHD : Merci Monsieur le Président.