30/05/08 (B449-B) Les retards de paiement des soldes et la faiblesse de leurs rémunérations conduisent les soldats à se mutiner. A Djibouti ? Non (Pas encore ??) C’est à Conakry que cela se passe ! AFP : Mutinerie en Guinée, échanges de tirs entre garde présidentielle et mutins (Info lecteur)

CONAKRY (AFP) – jeudi 29 mai 2008 – 20h15 – Le mouvement de colère de soldats guinéens, qui réclamaient jusqu’à présent le paiement d’arriérés de soldes, s’est transformé jeudi en mutinerie, les militaires exigeant désormais le départ de tous les généraux de l’armée, pilier du régime du général Lansana Conté.

Pour la première fois depuis le début lundi du mouvement de colère des soldats, de brefs échanges de tirs ont opposé à Conakry la garde présidentielle à des soldats mutins sur une route stratégique menant notamment au palais présidentiel.

Le chef d’état-major de l’armée, le général de brigade Diarra Camara, a de son côté demandé aux soldats mutins de "rentrer dans les rangs". Mais jeudi après-midi, des tirs étaient entendus près du camp Alfa Yaya Diallo, près de l’aéroport. Ce camp, le plus grand du pays, est le fief des mutins.

"Les soldats mutins demandent désormais, en plus de leurs revendications, la mise à la retraite de tous les officiers généraux. Ils estiment que les généraux n’ont pas été solidaires de leur mouvement", a indiqué à l’AFP un officier de l’armée.

L’armée guinéenne, fer de lance du régime du général Lansana Conté au pouvoir depuis 1984, compte une dizaine d’"officiers généraux".

La garde présidentielle a érigé jeudi matin un barrage filtrant près d’un pont à l’entrée de la presqu’île de Kaloum, où se trouvent le palais présidentiel, l’état-major des armées et les principales ambassades, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dans l’après-midi, des militaires mutins sont venus jusqu’au barrage à bord de deux camions. La garde présidentielle a tiré vers eux. Les mutins ont répliqué et ont fait demi-tour, selon des témoins. Ces premiers échanges de tirs entre les deux parties ont duré quelques minutes.

Pendant toute la journée, les militaires de la garde présidentielle ont fouillé les véhicules, privés ou taxi, qui entrent dans la presqu’île. Ils sont positionnés sur le pont et aux alentours, a constaté le journaliste de l’AFP. Selon des témoignages, ils patrouillent également sur la presqu’île.

"Voilà déjà une semaine que nous vivons dans un climat de méfiance entre les fils d’une même armée. Cependant, aux premiers jours des revendications, nous les avons prises en considération et les avons soumises à l’approbation du chef de l’Etat", a indiqué le chef d’état-major à la radio nationale.

"Des mesures très appropriées ont été immédiatement prises" et "j’ai espoir que ces mesures doivent nous amener au calme et à la sérénité", a-t-il souligné.

"J’espère que cette déclaration ramènera tout le monde dans les rangs", a-t-il conclu.

Le gouvernement avait estimé mardi soir avoir rempli les principales revendications de soldats en colère qui réclamaient notamment le paiement d’arriérés de soldes, dont certains remontaient à 1996.

Le ministre de la Défense, le général Mamadou Baïlo Diallo, avait également été démis mardi de ses fonctions par le chef de l’Etat.

Mais la déclaration du chef d’état-major n’a pas suffi à calmer les esprits, les tirs ayant continué jeudi après-midi près du camp Alfa Yaya. Selon des témoins, une fille a été blessée par balle perdue dans un quartier voisin.

Mercredi soir, le vol Paris-Conakry de la compagnie Air France, avec 113 passagers, avait été dérouté vers Dakar, en raison de problèmes de sécurité près de l’aéroport de la capitale guinéenne.

Depuis lundi, au moins trois personnes ont été tuées à Conakry et à Kindia (130 km de la capitale), et des dizaines blessées par des balles perdues lors de tirs en l’air de militaires, selon des sources hospitalières et des témoins.