23/09/08 (B466-B) Radio Trottoir. Portrait de Maître Aref, le Corbeau repenti, prestidigitateur de l’impossible.


Extrait JT de la RTD
Après un engagement remarqué auprès d’Amnesty international, qu’il avati représenté, en son temps, à la Conférence de Rome sur la création de la Cour pénale internationale, de l’UIDH qui l’avait nommé comme Vice-Président pour l’Afrique de l’est et la LDDH, dont il était membre du comité directeur, Me Aref a retourné sa veste, dés 2000, pour se mettre au service de la dictature.

Volontairement, il se présentait au téléphone comme « Maître Corbeau », mais personne n’y prêtait suffisamment d’attention à l’époque(*)

Il n’a pas retourné sa veste, n’importe comment …

Secrètement d’abord, il n’a officialisé, que très progressivement, sa nouvelle orientation, ce qui lui avait permis de récupérer, pendant au moins deux années, auprès de ceux qui le considéraient toujours comme un ami, des informations qu’il transmettait directement à la Présidence, pour apporter des gages de son nouvel engagement.

L’histoire pitoyable d’une longue suite de mensonges et de trahison.
Dans les années 91-93, Aref Mohamed Aref avait été incarcéré avec son oncle Ali Aref Bouhran, ancien Président du Conseil, avant l’indépendance et leurs complices.

Accusés d’avoir conspiré contre Gouled et d’avoir commandité une attaque qui avait causé la mort de plusieurs personnes, ils avaient été jugés. Curieusement, seul Mohamed Aref avait réussi à obtenir un non lieu à une courte majorité des magistrats votants. Premier exploit dans la liste des trahisons, puisque ses compagnons avaient tous été condamnés et ils étaient restés en prison, contrairement à lui.

Avec la participation active de notre association qui avait été créée, à l’origine, pour les soutenir et celles d’organisations comme l’UIDH, Amnesty international, l’ACAT, Survie, etc…, cette affaire avait suscité une certaine émotion internationale. Sans que l’on ne sache véritablement si les condamnés étaient coupables ou non des faits relativement graves qui leur étaient reprochés.


Roger Picon
« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »

En 1999, Maître Aref récidive. Il se distingue dans une histoire d’escroquerie sur un chargement de farine.

Selon nos informations, il se serait porté illégalement acquéreur, à la barre, d’un chargement de farine, pour le compte affirmait-il de son client, ce qui lui avait valu un procès et une condamnation pénale, qu’il n’a effectué que très partiellement à Gabode.

De nombreux observateurs avaient cru que la main d’IOG planait derrière cette inculpation. Il est vrai que Guelleh aurait pu profiter de l’occasion pour éliminer momentanément un adversaire potentiel dans la course à la Présidence. Nul observateur indépendant n’a jamais pu établir avec certitude, si les accusations d’escroquerie étaient fondées ou pas.

Depuis la date de sa libération, après quelques mois de détention, il commence à trahir tous ceux qui l’avaient soutenu dans ses combats et dans ses incarcérations. C’est la période durant laquelle il récupère des informations au nom de l’amitié qu’il transmet sans retard à la Présidence.


Roger Picon
Certains témoins affirment qu’il aurait pu profiter, par exemple, de la confiance des dirigeants de l’ARDHD pour fouiller les dossiers de l’association et récupérer des informations sur les opposants politiques.

L’époque du double jeu.
Pendant tout ce temps, Me Aref, qui transmettait secrètement des informations sensibles à la Présidence (ce qui aurait été confirmé par la suite), continuait à se présenter comme un opposant au régime. Plusieurs des correspondances adressées à l’ARDHD confirment ce double jeu.

L’époque de l’engagement sans faille au service de la dictature.
Vers 2002, le retournement d’Aref Mohamed Aref est devenu officiel. Il s’inscrivait dans la longue liste des repentis. Moumin Bahdon, mais il avait eu l’honnêteté de prévenir ses amis de son choix, afin de ne pas les trahir, comme l’a fait aussi Aden Robleh Awalleh, que l’on peut accuser de ralliement au pouvoir mais pas de trahison, contrairement à Me Corbeau.

La trahison de ses amis, de ses confrères et des règles déontologiques.
Dés 2003, commence la longue série de trahisons dont Aref se rendra coupable.

Quatre exemples significatifs parmi tant d’autres :

1 – En octobre 2005, c’est lui qui vient plaider en personne au nom de Zakaria, l’adjoint du CEMA. C’est à Paris et il attaque le Président de l’ARDHD, son ancien ami, au sujet duquel il sera contraint de préciser à la barre : « il est probable que je lui doive la vie »… Avant de commencer une honteuse plaidoirie à charge contre lui et l’Association.

Trahison de l’amitié, ingratitude totale, mais aussi trahison des règles déontologiques de la profession d’avocat, qui lui interdisaient de plaider contre une ancienne relation.

2 – Lors du « dernier » procès intenté à Jean-Paul Noël Abdi, Président de la LDDH, c’est lui qui prendra la tête de l’accusation ! Alors qu’il était lié d’amitié et de confiance avec Jean-Paul et ex membre du bureau de la LDDH !

3 – Cette année, à l’occasion de l’élection du Bâtonnier de Djibouti, refusant le vote démocratique de ses confrères, il va les attaquer devant le tribunal. Toujours la trahison !

4 – Le 21 septembre, devant la Cour suprême de Djibouti, il se permet de mettre gravement en cause, Me Tubiana, Président de la Ligue des Droits de l’homme. Aref avait bien connu Me Tubiana, quand il était encore une défenseur des Droits de l’Homme. Ce dernier l’avait soutenu dans tous ses combats et pris sa défense, lorsqu’il était incarcéré à Ali Adde puis à Gabode et enfin jugé et condamné par deux fois à Djibouti pour des affaires pénales..

La liste est longue. Nous l’avons volontairement limitée pour épargner la patience des lectrices et des lecteurs.

Selon certains, la chute du Corbeau pourrait n’être qu’une affaire de quelques mois, car Guelleh lui reprocherait d’avoir mal conseillé le régime à de nombreuses reprises.

Par exemple,

lorsqu’il avait affirmé que la mise en cause de Jean-Paul Noël Abdi dans une affaire de publication de témoignages et de faits délictueux, ne soulèverait aucune réaction internationale,
– lorsqu’il avait certifié que Djibouti gagnerait son action contre la France devant la CIJ : affaire que Djibouti avait perdue,
– etc…

(A suivre)

(*) Souvenez-vous de la fable de La Fontaine :
le Corbeau et le Renard et de la morale :
« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »
Chacun aurait du se méfier dès le début !

Guelleh, dit-on, ne lui ferait plus aucune confiance. Pensez ! Un homme qui a trahi ses engagements et ses amis, puis ses confrères !

Il se limiterait à l’utiliser pour satisfaire ses propres intérêts, mais refuserait, à la grande déception du Corbeau, de lui céder le moindre poste officiel (ministre, député, juge, procureur, rien de tout cela). Il est seulement l’un des avocats de la Présidence et pas le seul car Me Martinet, par exemple, tient jalousement à la protection de son pré carré.