07/11/08 (B472) Amnesty – Communiqué – Somalie. Il faut que les attaques cessent pour permettre de venir en aide à ceux qui en ont besoin.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La mort d’au moins 40 membres d’organisations humanitaires ou de défense des droits humains en 2008 et la menace toujours grandissante d’attaques menées par des milices ou des groupes armés accroissent encore le risque de malnutrition et de maladie que courent plus de trois millions de Somaliens, a affirmé Amnesty International ce jeudi 6 novembre 2008.

Dans son nouveau rapport, l’organisation appelle l’attention sur le fait que la violence ciblée contre les pacifistes, les travailleurs humanitaires et les défenseurs des droits humains oblige de nombreuses organisations à suspendre leurs programmes et à retirer leur personnel. Pourtant, la Somalie est plongée dans une très grave crise humanitaire, les Nations unies estimant que quelque 3 250 000 Somaliens, soit 43 p. cent de la population, auront besoin d’une aide alimentaire avant la fin de l’année 2008.

Différentes raisons sont à l’origine de ces violences, notamment l’idée fausse mais très répandue en Somalie que les organisations humanitaires sont des espions à la solde des gouvernements occidentaux.

Ces homicides, ces enlèvements et ces menaces signifient que les membres d’organisations humanitaires et de défense des droits humains ne bénéficient plus de la protection limitée qui leur était accordée en raison de leur statut au sein de la communauté – parce qu’ils distribuent de manière impartiale nourriture et services d’urgence ou défendent la paix et les droits fondamentaux , a indiqué David Copeman, responsable des actions sur la Somalie à Amnesty International.

En effet, les attaques se poursuivent : un employé des Nations unies a perdu la vie dans un attentat à l’explosif le 29 octobre, un ingénieur de l’UNICEF a été délibérément assassiné dans le centre-ville de Hudur le 19 octobre et une militante des droits des femmes a été tuée a Guriel le 25 octobre.

S’agissant des homicides dont les auteurs ont été identifiés, la majorité est imputable aux membres des groupes armés d’opposition, notamment aux milices al Shabab et aux différentes milices affiliées à l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS), souvent appelées tribunaux islamiques.

Ces homicides ont aussi été attribués pour partie à des bandes de malfaiteurs et, dans une moindre mesure, aux milices affiliées au gouvernement fédéral de transition ou à l’armée éthiopienne. Les meurtres les plus récents ont été commis par un ou plusieurs tueurs, presque toujours décrits comme ayant entre quinze et vingt-cinq ans. Les menaces sont proférées au téléphone, dans des tracts ou par le bouche à oreille.

Amnesty International engage toutes les parties au conflit en Somalie à cesser ces attaques illégales contre les membres d’organisations humanitaires et de la société civile.

Les dirigeants du monde doivent mettre en place un mécanisme, par exemple une commission internationale d’enquête, afin de faire la lumière sur ces homicides, ces enlèvements et ces agressions, et de traduire les responsables présumés en justice, a préconisé David Copeman.

En outre, les gouvernements donateurs et l’ONU doivent redoubler d’efforts pour établir une distinction claire et transparente entre les secours humanitaires d’urgence, apolitiques, et toute activité politique ou de développement apportant un appui au gouvernement fédéral de transition ou au processus de paix.