19/11/08 (B474) Le journal de la Flibuste – Hier un cargo rempli de blé est venu s’ajouter au panier déjà bien rempli des pirates somaliens. Et les marines occidentales sont dans l’incapacité d’empêcher ces actes de piraterie …. (4 dépêches en Français et en Anglais)

_______________________________ 1 – Les Echos avec AFP

Les pirates somaliens: des forces paramilitaires et professionnelles

En un instant, de paisibles marins naviguant à bord de "skiffs" traditionnels comme des milliers de pêcheurs peuvent se transformer en de redoutables flibustiers, équipés de kalachnikovs, fusils d’assaut, RPG-7 (lance-roquettes), GPS et autres téléphones satellitaires.

Dans le Golfe d’Aden et en mer d’Arabie, les pirates somaliens sont devenus de "véritables forces paramilitaires", bien équipées et "professionnelles", souligne l’amiral Gérard Valin, commandant des forces maritimes françaises de l’océan Indien.

En un instant, de paisibles marins naviguant à bord de "skiffs" traditionnels comme des milliers de pêcheurs peuvent se transformer en de redoutables flibustiers, équipés de kalachnikovs, fusils d’assaut, RPG-7 (lance-roquettes), GPS et autres téléphones satellitaires.

"Il faut un quart d’heure à ces prétendus pêcheurs pour mener l’assaut contre un navire de commerce et prendre son équipage en otage", note l’amiral Valin interrogé mardi au téléphone par l’AFP, à bord du Var, en escale à Djibouti.

Leurs méthodes ont évolué.

Autrefois cantonnés par la faible autonomie de leurs embarcations à une bande côtière de quelques dizaines de kilomètres le long des côtes somaliennes, les pirates recourent désormais à des "bateaux-mères", comme de vieux cargos qui remorquent jusqu’à quatre "skiffs" rapides. Ils peuvent ainsi surprendre leurs proies en haute mer.

Il est arrivé que des hélicoptères militaires français donnent l’alerte après avoir détecté la présence d’échelles à bord. "On ne pêche pas avec des échelles", remarque l’amiral Valin.

Selon des décomptes effectués par les militaires français, le phénomène a explosé dans la région avec un total de 133 attaques avérées, dont 39 réussies, depuis le début de l’année 2008 contre 70 attaques, dont 31 réussies, pour l’ensemble des trois années précédentes.

L’affaire revêt une dimension géostratégique: quelque 16.000 navires de commerce empruntent chaque année le détroit de Bab el Mandeb, entre le golfe d’Aden et la mer Rouge, par où transitent près de 30% du pétrole brut mondial.

La "zone de chalandise" des pirates, longtemps limitée au Golfe d’Aden, sur le rail de navigation qui longe les côtes du Yémen, s’est étendue en septembre lorsqu’un deuxième "front" est monté en puissance plus au sud, sur une zone de 400 milles nautiques (740 km) au large de Mogadiscio. Six attaques y ont été recensées en un mois.

Mais les pirates somaliens opèrent parfois plus loin encore de leurs bases. Le Sirius Star, un superpétrolier saoudien saisi samedi, l’a été à plus de 450 milles nautiques (800 km) au sud-est de Mombasa (Kenya).

Pour les dizaines de bâtiments de guerre présents dans la région, "l’objectif premier est d’empêcher les pirates de monter à bord des navires marchands et de prendre en otage leur équipage", explique l’amiral Valin.

"Les déloger par la force ensuite est une opération complexe, exigeant des moyens importants pour minimiser au maximum les risques tant pour les otages que pour les commandos et les pirates eux-mêmes", fait–il valoir.

L’amiral Valin le souligne: "nous ne sommes pas en guerre contre des forces armées traditionnelles mais face à des criminels qui font du business avec des otages et qu’il s’agit d’appréhender vivants pour les présenter à des juges".

__________________________________ 2 – L’Express

Un cargo chargé de blé pour l’Iran détourné dans le golfe d’Aden

Un cargo hongkongais chargé de 36.000 tonnes de blé à destination de l’Iran a été détourné dans le golfe d’Aden par des pirates et fait actuellement route vers la côte somalienne, annoncent des responsables maritimes.

Le Delight, avec ses 25 hommes d’équipage dont aucun n’est chinois, se dirigeait vers le port iranien de Bandar Abbas lorsqu’il a été abordé vers 06h00 GMT au large des côtes yéménites.

"Nous savons qu’il se rend quelque part en Somalie. Nous sommes en liaison avec l’agent de sécurité de la compagnie qui est en contact avec le navire", a déclaré un responsable maritime souhaitant conserver l’anonymat.

Il a dit ne rien savoir sur les intentions des pirates.

Dans la plupart des cas de piraterie au large de la Corne de l’Afrique, les propriétaires des navires détournés négocient des rançons et obtiennent la libération des équipages.

La multiplication des cas a fait flamber les primes d’assurances des navires et certains de ceux-ci préfèrent désormais emprunter la route longue du cap de Bonne-Espérance plutôt que le raccourci du canal de Suez et de la mer Rouge, contribuant à la hausse des prix des matières premières.

Le Delight est le troisième navire battant pavillon de Hong Kong à être détourné cet automne dans la région après deux chimiquiers dont l’un a été restitué par les pirates et le second est toujours retenu.

Les membres de l’équipage du Delight sont originaires d’Iran, du Pakistan, d’Inde, des Philippines et de Guyana.

Emma Graham-Harrison,
version française Marc Delteil

_______________________________ 3 – REUTERS (En Anglais)

Le développement de la piraterie met en évidence qu’il faut trouver des solutions à la crise somalienne // Piracy crisis exposes need for Somalia solution

Foreign navies are unlikely to be able to stop Somali pirate attacks like the audacious capture of a Saudi supertanker, making it even more important for the world to find a way to end 17 years of conflict on land.

Mocking a rush by NATO, the European Union, the United States and others to protect shipping lanes off Somalia, pirates simply sailed further to seize the boat with more than a quarter of Saudi Arabia’s daily oil exports 450 nautical miles off Kenya’s coast.

Using larger "mother ships" to increase their reach, the heavily-armed pirates usually pull up either side of a target in speedboats and board, firing guns or even rocket-propelled grenades just over the bridge if the captain tries to escape.

"This is definitely an escalation of what we’ve seen in the past," said Roger Middleton, a Horn of Africa specialist at the Chatham House think-tank in London, of the Sirius Star seizure.

"There just isn’t the naval capacity to cover the area they now threaten. So a military solution is not the answer."

Saudi Arabia’s foreign minister said the latest hijacking would trigger an international crackdown on piracy.

But navies face an array of obstacles: covering an area the size of the Red Sea and Mediterranean together, identifying pirates before they attack, protecting hostages on hijacked ships, and navigating international law to prosecute anyone caught.

Analysts say as long as there is no rule of law in Somalia, pirates will flourish — ensuring different interest groups on land get a share of the spoils — and attempts to prevent the pirates militarily will flounder.

In the latest twist to incessant civil war since 1991, Islamist insurgents have taken control of most of south Somalia and are within a few miles of Mogadishu, where the weak, Western-backed Transitional Federal Government (TFG) is based.

"International policy needs to have a pretty open mind as to what kind of government we might have in Somalia. Clearly the experiment of the TFG hasn’t delivered development and peace as hoped," Middleton said.

The new patrols along the Gulf of Aden, which links Europe to Asia through the Suez Canal, seem, however, to have had some sort of impact as only 31 percent of attempted hijacks were successful in October, down from 53 percent in August.

Yet the capture of the tanker shows how sophisticated and confident the pirates have become as they hone their nautical skills, enjoy new satellite equipment, and get ever richer from tens of millions of dollars paid in ransoms this year.

The heightened risk means insurance premiums are rocketing. Some carriers are taking the long route around the southern tip of Africa, rather than the Suez Canal — pushing up the cost of goods and commodities at a time of global economic uncertainty.

"To take such a huge tanker and pull it back to Somalia right under the noses of the task force, that’s pretty incredible," said Mark Schroeder, director of risk analysis for sub-Saharan Africa at Stratfor.

"What this specific attack does is question security along the whole eastern and southern seaboard of Africa," he said.

The world’s biggest ships carrying dry commodities — coal, iron ore and grains — and oil tankers generally go around Africa to South America and the U.S. Gulf.

"STICKING PLASTER"

Analysts say it is time to recognize that Somalia’s transition government is unable to govern effectively and cannot be expected to curb piracy, which is a profitable, relatively risk-free business for the many unemployed men in the country.

"Maritime security operations in that area are really only a sticking plaster, they are addressing the symptoms not the causes," said Jason Alderwick, a maritime defense analyst at the International Institute for Strategic Studies.

"The TFG at the moment isn’t delivering on its state obligations to maintain the integrity of its own territorial waters. So they need a plan to facilitate that — or come up with another option," said Alderwick.

The United Nations is pushing a power-sharing agreement between the government and moderate Islamists. But some hark back to 2006 when the Islamists controlled south Somalia before being ousted by troops from neighboring Ethiopia.

Piracy leveled off during this period, and the Islamists vow to stamp it out again if in power.

Washington fears an Islamist-led government might turn Somalia into a haven for terrorists. But some analysts say that if the most militant wing — al Shabaab — can be marginalized, moderate Islamist rule may be the most realistic option.

"Given the alternatives, none of which are rosy, the Bush administration and its key ally Ethiopia, may now show more flexibility in accepting Islamist participation in the government — provided it does not have links to international terrorists," said Philippe de Pontet, analyst at Eurasia Group.

"For now, though, it is likely that Somalia and Somali piracy, will worsen before it gets better."

Editing by Andrew Cawthorne
and Matthew Tostevin

_________________________________ 4 – Romandie News avec AFP

Un cargo battant pavillon de Hong- Kong capturé dans le golfe d’Aden

Des pirates ont pris le contrôle mardi d’un cargo battant pavillon de Hong kong, et opéré par une compagnie iranienne, dans le golfe d’Aden, au large du Yémen, a confirmé la Ve Flotte américaine.

"Nous avons peu de détails mais nous savons que le cargo, opéré par l’Islamic Republic of Iran Shipping Lines, a été saisi" par des pirates dans le golfe d’Aden, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Ve Flotte, le lieutenant Nathan Christensen.

A la question de savoir si le navire se dirige actuellement vers la côte somalienne, le porte-parole a répondu: "Nous n’avons pas la localisation exacte du cargo mais nous pensons que c’est le cas".

L’agence de presse chinoise Xinhua (Chine nouvelle), a annoncé auparavant, citant le Centre chinois de recherche et de secours maritimes, que le cargo saisi, le Delight, transportait 36.000 tonnes de blé vers le port iranien de Bandar Abbas avec un équipage de 25 personnes.

Xinhua n’a pas mentionné la ou les nationalités des membres de l’équipage, indiquant seulement qu’aucun d’eux n’était chinois ou hong-kongais.