24/05/09 (B500) La France et ses bases militaires … Inauguration de la base d’Abu Dhabi. Quel avenir pour celle de Djibouti ? (2 articles en Français)

________________________ 2 – Nouvel Obs avec AP


Nicolas Sarkozy va inaugurer une base militaire à Abou Dhabi

Le président français Nicolas Sarkozy se rend lundi et mardi à Abou Dhabi pour inaugurer à quelques encablures des côtes iraniennes, la première base militaire française permanente créée depuis cinquante ans à l’étranger.

Avec la création de cette base aux Emirats, séparés de l’Iran par le détroit d’Ormuz qui voit passer environ 40% du commerce mondial de pétrole, « la France (…) entend participer pleinement à la stabilité de cette région essentielle pour l’équilibre du monde », explique Nicolas Sarkozy dans un entretien à paraître dans le magazine « Diplomatie ».

La France ne peut rester « indifférente » aux ambitions de l’Iran dans le secteur du nucléaire militaire et entend faire oeuvre de « dissuasion », décrypte un haut diplomate. L’implantation militaire française sera d’ailleurs complétée par l’actualisation de l’accord de défense qui lie depuis 1995 les deux pays, précise l’Elysée, ce qui, selon un haut militaire, veut dire que « si l’Iran attaquait, on serait attaqués aussi ».

La nouvelle base, annoncée en janvier 2008 lors de la dernière visite du chef de l’Etat français aux Emirats, a été baptisée « le camp de la paix ». Elle sera en fait constituée d’une base navale dans le port d’Abou Dhabi, d’une présence de l’armée de l’air sur la base émiratie d’Al-Dhafra où seront stationnés trois avions de combats et d’un camp d’entraînement de l’armée de terre.

Première implantation militaire créée depuis l’indépendance des anciennes colonies africaines, elle sera aussi la première hors d’Afrique, alors que Nicolas Sarkozy a affiché sa volonté de « renouveler » les relations françafricaines en n’apportant plus automatiquement son soutien militaire aux régimes en place.

Elle n’a pourtant « pas vocation à se substituer à notre présence militaire à Djibouti », assure Nicolas Sarkozy, « mais à la renforcer ».

« L’objectif de cette base n’est évidemment pas de vendre des équipements militaires », ajoute le président français, qui sera tout de même accompagné par tout le gratin des entreprises d’armement françaises, dont les Emirats sont un gros client.

Au premier rang figureront Serge et Olivier Dassault, parlementaires mais aussi fabricants de l’avion de combat Rafale, qui intéresse l’armée des Emirats et sera positionné sur la base aérienne.

Une démonstration en vol est d’ailleurs prévue, même si aucun contrat ne devrait être signé, avance l’Elysée, alors que « Le Parisien/Aujourd’hui en France » affirme dans son édition de samedi qu’un « énorme contrat » concernant la vente de 60 Rafale « pour un montant total de l’ordre de six à huit milliards d’euros -sur plusieurs années- est en cours de finalisation avec les Emirats arabes unis ».

Joint par l’Associated Press, le ministère de la Défense a indiqué dans l’après-midi qu’il ne commentait habituellement pas l’état d’avancement d’une négociation entre un Etat et un industriel français.

Par ailleurs, la visite de Nicolas Sarkozy intervient à « un moment très important » dans une autre négociation faramineuse qui doit aboutir en septembre, en vue de la construction de 12 à 16 centrales nucléaires. Un projet qui intéresse Total, Suez et Areva.

Les Emiratis, qui disposent de près de 100 milliards de barils de pétrole de réserve, préfèrent exporter leurs hydrocarbures que de les utiliser et ont besoin d’une autre source d’énergie pour produire de l’électricité ou pour dessaler l’eau de mer qu’ils consomment.

Lors de sa courte visite (moins de 24 heures), Nicolas Sarkozy s’entretiendra en privé avec l’émir d’Abou Dhabi et avec le prince héritier. Outre les sujets internationaux et économiques, il sera question de coopération culturelle et en particulier des projets de Louvre et de la Sorbonne à Abou Dhabi.

Enfin, il n’est pas prévu que le président français se rende une troisième fois en Afghanistan lors ce déplacement, assure l’Elysée, qui met en avant la campagne électorale en cours pour la réélection du président afghan Hamid Karzaï.

________________________ 1 – Romandie News avec AFP

Les bases militaires permanentes de la France dans le monde

La France, qui doit inaugurer mardi une nouvelle base militaire permanente à Abou Dhabi qui abritera à terme 400 à 500 soldats, compte depuis de nombreuses années un dispositif militaire permanent centré sur le continent africain.

Dans ce dispositif, Djibouti occupe, sur les rives du Golfe d’Aden, une position stratégique pour assurer la sécurité des routes maritimes par lesquelles transite la majorité des approvisionnements pétroliers français. La France y déploie 2.800 soldats.

Ils sont près de 3.800 sur les bases de Mayotte et de la Réunion auxquels s’ajoutent 650 marins déployés dans l’Océan indien.

Depuis 2005, le dispositif français sur le continent africain a été réorganisé autour de quatre bases correspondant aux quatre organisations sous-régionales africaines. Outre Djibouti (Afrique de l’Est) et la Réunion (Afrique australe), il s’agit du Sénégal (1.100 hommes, Afrique de l’Ouest) et du Gabon (800 hommes, Afrique centrale).

Ces bases constituent un point d’appui pour les forces françaises de passage, un réservoir d’alerte pour conduire des opérations et un moyen d’entraîner les armées locales. Mais elles ont aussi une vocation régionale de développement des capacités africaines de maintien de la paix.

Aux Antilles, la France compte plus de 4.100 militaires qui participent notamment aux opérations de lutte contre le « narcotrafic ». Ils sont 3.400 en Guyane, affectés principalement à la protection du centre spatial ainsi qu’à la lutte contre la pêche illicite et l’orpaillage clandestin.

Quant à la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie, elles accueillent respectivement 2.800 et 2.400 militaires.