30/08/09 (B514) 16ème anniversaire de l’installation des premiers réfugiés djiboutiens en Ethiopie. Récit d’un ancien réfugié qui a bénéficié de la réinstallation en Europe du Nord. « Si moi qui vit maintenant dans un pays libre, je n’ai jamais pu éliminer la peur que nous avions à Addis, imaginez ce qu’il en est pour nos camarades qui sont toujours « cloués » à Addis.
Voici pour vos lecteurs, les évènements que j’ai personnellement vécus lors de mon exil en Ethiopie entre 1994 et 2002.
J’y ai subi toutes sortes de mauvais traitements comme par exemple l’incarcération et l’injustice. Tous les refugiés djiboutiens qui sont encore « cloués » en Ethiopie endurent cela depuis leur arrivée jusqu’à ce jour.
Personnellement j’ai eu la chance de pouvoir échapper à cette galère en obtenant la réinstallation dans un pays d’accueil.
Dès septembre 94, j’avais compris que le Commandement supérieur qui était resté dans le maquis était constitué d’éléments perturbateurs comme Ougoureh Kifleh.
Son groupe n’avait qu’un objectif : celui d’empêcher la réorganisation du front (*FRUD – Note de l’ARDHD).
C’est ainsi que j’ai compris que nous étions trahis « par les nôtres » ou par ceux qui tentaient de faire croire qu’ils étainet des nôtres. Cette affreuse découverte m’avait totalement désorienté, découragé et même rendu malade.
Je n’avais plus d’autre alternative que d’ abandonner la lutte et c’est pourquoi, j’ai rejoint les réfugiés à Eli Daar.
Dés mon arrivée à Eli Daar, les ennuis ont commencé.
D’abord, j’ai été arrêté par la police locale, puis emprisonné. Après sept jours de détention, j’ai été interrogé par un officier de police qui me reprochaient d’appartenir toujours au FRUD.
Ils n’avaient aucune preuve en main mais ils prétendaient qu’ils avaient des témoignages accusateurs, affirmations qui se sont révélées sans fondement. C’est pourquoi, après vingt-et-un jours de détention, j’ai été relâché.
Au début du mois de février 95, j’ai été de nouveau arrêté, puis séquestré et enfin torturé avec plusieurs de mes compatriotes pour avoir protesté contre le préfet de la région.
Ce Préfet voulait détourner les vivres que le HCR octroyait aux réfugiés. Nous voulions seulement dénoncer cette injustice et réclamer nos droits.
C’est exactement ce qu’il ne fallait pas faire dans un monde où les faibles n’ont pas le droit de parler, ni surtout de contester. Nous n’avons été libérés que trois mois plus tard.
En mai 95, j’ai été arrêté de nouveau. Cette fois pour avoir empêché un officier de police d’agresser une Djiboutienne, en abusant de son pouvoir..
Puis en août 95, j’ai été enfermé parce que j’avais participé à la grande manifestation des refugiés djiboutiens qui avait été durement réprimée par les militaires éthiopiens.
Il y avait eu un affrontement musclé entre nous (les réfugiés) et les autorités éthiopiennes. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : arrestation générale de tous les réfugiés. La moitivation de notre action venait du fait qu’un refugié djiboutien avait été égorgé à 7 km d’Eli Daar.
Coprenant que la hiérarchie était consituée de hors-la-Loi, nous avons pris la décision de nous plaindre auprès du Sultan Ali Mirah Hanfareh. Nous lui avons exposé tous les actes de harcèlement dont nous étions les victimes et la partialité, avec laquelle, les différents corps éthiopiens nous jugeaint systématiquement.
Le Sultan nous a très bien reçus et il nous a réconfortés. Il a été très généreux avec nous. Son intervention a été fructueuse et nous avons été très satisfaits.
La majorité des policiers qui s’étaient acharnés contre nous ont été mutés et le préfet de la région a été démis de ses fonctions.
Les refugiés avaient retrouvé un peu de tranquillité.
Je saisis cette occasion pour remercier le Sultan Ali Mirah Hanfareh pour toutes les actions nobles et courageuses qu’il a entreprises en faveur des refugiés durant l’année 95.
Je respecte et j’admire encore ce sage qui continue toujours à héberger quelques familles Djiboutiennes à Addis parce qu’elles n’ont aucune ressource.
En septembre 97, lors de l’extradition des opposants de FRUD vers Djibouti, par les Ethiopiens, j’ai décidé de quitter Eli Daar pour m’installer chez un ami à Addis Abeba. Je me suis rendu à la représentation du HCR d’Addis avec plusieurs de nos camarades, pour exposer notre situation et nos difficultés..
Malheureusement nous n’avons pas été bien écoutés au HCR
Nos demandes réitérées pour être reçus, n’ont jamais eu de suite. Comme le Gouvernement éthiopien avait bloqué toutes les procédures de régularisation, un haut fonctionnaire du HCR nous a conseillé de traverser la frontière kenyane.
Chaque fois que nous rencontrions les membres de l’opposition djiboutienne, nous étions systématiquement arrêtés, soumis à des interrogatoires et victimes le plus souvent de menaces.
A un point tel, que nous vivions dans la terreur.
Pour notre sécurité, nous ne sortions plus qu’en groupe.
Depuis, la peur a hanté mon esprit et jusqu’à ce jour, elle ne m’a jamais quitté.
Par moment je suis submergé par un sentiment de panique. Désormais je suis angoissé en permanence.
J’ai consulté un psychologue mais en vain, car ce sentiment persiste.
Si moi, qui suis établi dans un pays démocratique je vis toujours avec cette peur, imaginez ce que cela est pour nos camarades qui sont restés à Addis Abeba et qui subissent des harcèlements au quotidien !!!
Ancien refugie Djiboutien