16/09/09 (B516) Yémen Express (4 articles en Français)

______________________ 4 – Radio Chine avec XINHUA

Yémen : 18 rebelles houthis tués dans le nord du pays

Dix-huit rebelles chiites ont été tués alors qu’ils tentaient d’accéder à une montagne contrôlée par les forces gouvernementales dans le nord du Yémen, a déclaré l’armée yéménite, citée mardi par la chaîne de télévision al-Jazaïra.

Selon une source militaire, l’armée yéménite a attaqué un groupe de rebelles Houthi alors qu’ils tentaient d’accéder à un point de contrôle du mont Jebel al-Ahmar, dans le sud de la province de Saada.

L’armée gouvernementale a détruit deux véhicules transportant des armes pour les rebelles et une cache d’armes localisée dans une maison appartenant à l’un des rebelles, a révélé cette source non identifiée.

Selon cette source, les forces locales se sont avancées progressivement dans la région montagneuse de Harf Sufian qui sépare Saada des autres gouvernorats. Cinq rebelles ont été arrêtés lors d’un affrontement avec l’armée dans la province de Saada.

Toutefois, les rebelles Houthi ont annoncé qu’ils ont pris le contrôle du mont Jebel al-Ahmar suite à de violents affrontements avec l’armée gouvernementale.

De son côté, le ministère yéménite de la Défense a démenti les informations selon lesquelles l’armée aurait ouvert le feu sur un marché dans la province de Saada et un camp de déplacés situé à Harf Sufian.

D’après le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abu Bakr al-Qirbi, toute médiation étrangère pourrait compliquer la situation, ajoutant que l’objectif du gouvernement est d’établir la paix dans le nord du pays.

Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a estimé à 55.000 le nombre de personnes déplacées par les combats au Yémen depuis juillet dernier.

______________________ 3 – Romandie News (Ch) avec AFP

Yémen: ONU et CICR demandent l’ouverture d’un couloir humanitaire

Les agences de l’ONU et le CICR ont réclamé l’ouverture d’un couloir humanitaire pour délivrer une aide urgente à des milliers d’habitants du nord du Yémen. Les combats y font rage depuis plus d’un mois entre rebelles chiites et forces gouvernementales.

L’ONU n’a reçu encore aucune contribution à son appel de fonds de 23 millions de dollars lancé le 2 septembre, s’est inquiétée la porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires Elisabeth Byrs. "La situation ne s’améliore pas", a-t-elle déclaré, expliquant que les civils ne peuvent pas fuir la zone des combats.

"Des milliers et des milliers de personnes ont un besoin criant de nourriture, d’abris, de soins médicaux", selon la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge Dorothea Krimitsas. Des pluies diluviennes ont encore aggravé la situation des déplacés ces derniers jours.

Le Programme alimentaire mondial est parvenu lundi à fournir des rations alimentaires à quelque 19’500 personnes dans la ville de Saada grâce à un partenaire local. "Mais cela reste un nombre très faible comparé aux besoins gigantesques des civils, dont beaucoup n’ont pas reçu d’adie depuis un mois", a déclaré la porte-parole du PAM à Genève Emilia Casella.

Selon l’ONU, quelque 150’000 personnes ont été déplacées par les combats dans le nord du Yémen, dont 55’000 depuis l’offensive lancée par l’armée le 11 août.

_______________________ 2 – AFP

Yémen: 31 rebelles chiites tués dans le nord selon l’armée

L’armée yéménite a annoncé mardi avoir tué ces dernières 24 heures 31 combattants chiites dont un chef dans son offensive contre la rébellion lancée le 11 août dans la région septentrionale de Saada.

Une source militaire, citée par le site internet du ministère de la Défense 26sep.net, a affirmé que le chef rebelle, Abdel Mohsen Taous, avait été tué dans une attaque contre son véhicule à Hidane, au sud-ouest de la ville de Saada, et douze combattants rebelles dans une autre attaque.

Dix-sept rebelles ont été blessés, selon la même source.

Quelques heures plus tôt, l’armée a affirmé avoir tué 18 rebelles qui tentaient de nouveau de s’infiltrer dans une position militaire stratégique à Jebel Lahmar, un massif montagneux à une quinzaine de km au sud de la ville de Saada où se trouvent des tours de télécommunications.

"Les rebelles ont essayé une nouvelle fois de s’infiltrer à Jebel Lahmar", dont ils avaient été chassés la semaine dernière, et l’armée les a repoussés "tuant 18 d’entre eux et blessant plusieurs", a affirmé une source militaire à l’agence officielle Saba.

En outre, cinq rebelles ont été arrêtés par une unité de l’armée dans la région de Malahidh, dans la province de Saada.

Lundi, l’armée avait confirmé la mort de sept militaires, dont un colonel, dans une embuscade tendue la veille par des rebelles chiites sur une route reliant Saada à la province de Jawf, plus à l’est.

Les opérations militaires se concentrent actuellement sur l’ouverture de la route entre Harf Sufyan, située dans la province d’Omrane, et la ville de Saada, selon l’armée.

Le pouvoir au Yémen, pays à majorité sunnite, accuse la rébellion d’être soutenue par "des parties" en Iran, république islamique chiite. Pour leur part, les rebelles affirment que Sanaa bénéficie d’une assistance militaire de l’Arabie saoudite, une monarchie sunnite qui jouxte leur fief.

_______________________ 1 – Libération

Yémen, conflit oublié

La guerre a repris dans le nord du Yemen entre le gouvernement et les rebelles al-Houtistes. C’est le sixième épisode en cinq ans d’un conflit complexe et méconnu.

L’arène de Saada

Le nord du Yémen est pourtant en guerre depuis 2004. Le 11 août 2009, le gouvernement, à dominante sunnite, a lancé l’opération «terre brûlée» contre la rébellion des al-Houtistes, confinée dans la province de Saada. Ces derniers sont les ultimes représentants du zaydisme, une branche du chiisme qui reconnaît l’imam Zayd Ben Ali comme le cinquième et dernier imam. L’armée a affirmé ce mardi avoir tué 40 de leurs combattants au cours des trois derniers jours, et reconnu avoir perdu 7 hommes dans une embuscade sur une route à l’est de Saada.

Les humanitaires inquiets

Les rares organisations humanitaires présentes sur place s’alarment des conséquences pour les populations civiles, exposées aux affrontements terrestres et aux bombardements de l’armée gouvernementale. Dans un communiqué publié le 9 septembre, le CICR rapporte que «20000 personnes ont réussi à fuir les combats et à atteindre Saada, augmentant ainsi d’un tiers la population de la ville. Le prix des produits de base a subi une hausse massive. La population locale a dû partager avec les nouveaux arrivants ses déjà maigres ressources en nourriture, eau et médicaments.» Le Haut Commissariat aux Réfugiés estime de son côté à 150000 le nombre total de déplacés depuis 2004.

Les équipes de Médecins sans frontières sont présentes dans les deux hôpitaux publics de Razeh et Al-Talh, à proximité de Saada. Le personnel expatrié est limité au strict nécessaire, tout comme leurs déplacements.

Comme à son habitude, l’ONG française a rencontré les deux parties en conflit pour affirmer sa neutralité. Raphaël Gorgeu, chef de mission jusqu’en août 2009, précise à Libération.fr : «pour le moment, les belligérants comprennent et respectent le positionnement de MSF. Les blessés parviennent jusqu’à nos hôpitaux et nos personnels ne sont pas inquiétés.»

Pourtant, en juin 2009, neuf travailleurs humanitaires (7 Allemands, 1 Britannique, 1 Sud-Coréenne) de l’ONG Worldwide service, présente au Yémen depuis 35 ans, étaient enlevés dans la Province de Saada. Les cadavres des trois femmes ont été rapidement retrouvés tandis que les hommes sont toujours portés disparus, présumés assassinés. Le gouvernement de Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 1978, n’a pas attendu pour accuser les zaydites, malgré le démenti formel de leur chef, Abdel Malek al-Houti. En l’absence de toute revendication, l’enquête demeure au point mort, même si le nom d’Al Qaeda circule avec insistance.

Poids de l’Histoire

En affichant comme doctrine: «mort aux USA, mort à Israël, vive l’Islam», les zaydites alimentent les suspicions à leur égard. Allié déclaré des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, dans le sillage de son tuteur Saoudien, le pouvoir central ne rate pas une occasion de diabioliser les al-Houtistes, présentés comme de dangereux fanatiques soutenus par l’Iran et le Hezbollah.

Un raccourci que modère Laurent Bonnefoy, chercheur à l’Iremam, et auteur d’une thèse sur le pays : «L’origine des tensions est avant tout historique. Les zaydites se battent surtout pour préserver leur identité et contre la répression dont ils s’estiment les victimes. Seule une minorité d’extrêmistes réclament le retablissement de l’imamat de Saada.»

Ce régime monarchique millénaire a perduré jusqu’en 1962, date de la révolution et de la création de la république arabe du Yémen. Assimilé au bloc occidental, ce «Yémen du Nord» a affronté pendant la guerre froide le «Yémen du Sud», ou République populaire démocratique, seul régime marxiste du monde arabe. Après la chute du mur, les deux Yémen se sont réunifiés le 22 mai 1990, le Sud tentant de refaire sécession à l’été 1994 avant de retomber sous le contrôle de Sanaa.

En septembre 2004, le prédicateur zaydiste Hussein Al-Houti était abattu par l’armée, accusé d’avoir fomenté une rébellion avec son parti des «Jeunes croyants». Relancés par son père et ses frères, les combats avaient redémarré au printemps 2005 puis début 2006, entraînant chaque fois des déplacements de population et de violentes représailles gouvernementales.

Après de nouveaux affrontements en 2007, le Qatar avait offert sa médiation et obtenu la signature des accords de Doha le 2 février 2008, en échange d’une aide économique aux régions nord du pays. Las, un attentat -toujours pas revendiqué- sur une mosquée de Saada en mai 2008 lançait le cinquième acte de la guerre, interrompu en juillet par un cessez-le-feu lié aux pressions internationales et à l’approche des législatives.

Risques d’escalade

La reprise des combats dans la région de Saada préoccupe aujourd’hui les analystes, inquiets d’une possible radicalisation du conflit. La présence de Al-Qaeda au Yémen, berceau de la famille Ben Laden, n’est pas une nouveauté. En 2000, l’attentat contre le destroyer USS Cole préfigurait sans doute le 11 septembre 2001. En septembre 2008, l’explosion d’une voiture piégée faisait 16 morts devant l’ambassade américaine.

Aujourd’hui en difficulté au Pakistan, les intégristes pourraient chercher refuge dans les inaccesibles vallées de l’ancien royaume de Saba, tout comme de l’autre côté du Golfe d’Aden, en Somalie. Dans un rapport intitulé : «désamorcer la bombe Saada», l’International Crisis Goup recommendait en mai dernier à la communauté internationale de «faire pression sur les deux parties pour négocier une médiation, tout en luttant contre les soutiens, militaires ou financiers, d’acteurs extérieurs»