02/10/09 (B518) Conflit entre Djibouti et l’Erythrée : Djibouti appelle le Conseil de sécurité à obtenir le retrait de troupes érythréennes (APA)

Djibouti a demandé mardi au Conseil de sécurité d’user de tous les moyens nécessaires pour faire respecter et appliquer la résolution 1862 de janvier dernier qui exigeait de l’Erythrée quelle retire dans les cinq semaines ses troupes de la zone frontalière disputée avec la République de Djibouti.

Dans un discours prononcé mardi à New York, lors de la 64ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Représentant permanent de Djibouti auprès de l’ONU, Robleh Olhayeh, a indiqué que « la situation à la frontière entre Djibouti et l’Erythrée reste tendue depuis une incursion injustifiée et délibérément provocatrice des troupes érythréennes vers Ras Doumeira, promontoire stratégique au nord de Djibouti qui surplombe le détroit de Bab El-Mandeb à l’entrée de la Mer Rouge, le 16 avril 2008 ».

Olhayeh a en outre indiqué que « le Conseil de Sécurité ne doit pas donner l’impression de vouloir apaiser l’Erythrée indéfiniment » car selon lui « c’est un régime dangereux et imprévisible qui ne montre aucun respect des normes internationales».

Pour le diplomate djiboutien, son pays a suivi à la lettre les recommandations du Conseil de sécurité en ce qu’il avait exhorté les deux parties, notamment l’Erythrée, « à coopérer et à entreprendre des efforts diplomatiques en vue de régler la question pacifiquement et conformément au droit international ».

« Cependant nos effort n’ont rencontré que sourde oreille, rebuffades, démentis flagrants, et déclarations dédaigneuses et condescendantes », a-t-il ajouté.

La résolution 1862, adoptée à l’unanimité le 14 janvier 2009, exige de l’Erythrée qu’elle retire, « d’ici à cinq semaines au plus tard », ses forces sur les positions du « statu quo ante », et qu’elle se prête « à des efforts diplomatiques en vue d’aboutir à un règlement mutuellement acceptable de la question de la frontière ».

L’Erythrée a rejetée la résolution au lendemain de son adoption « et la situation est essentiellement restée la même » a souligné Olhayeh, pour qui « la militarisation d’une voie maritime stratégique est de mauvais augure pour la paix régionale, ainsi que pour le transport maritime et les investissements ».

« Le différend entre l’Erythrée et Djibouti ne doit plus durer. Elle doit être résolue conformément à la résolution 1862, sans équivoque, sans confusion, et sans procrastination délibérée.

« L’inaction crée un dangereux précédent que d’autres suivront sûrement à l’avenir qui consiste à nier et refuser de coopérer » a dit le diplomate djiboutien. Pour ce dernier, la communauté internationale doit d’autant plus se résoudre à un règlement rapide du différend frontalier entre notre pays et l’Erythrée que la zone du litige avoisine un passage, le Détroit de Bab El Mendeb, névralgique au commerce et échanges économiques internationaux.

« Le Détroit et l’Ile de Doumeira sont situés dans l’une des voies maritimes les plus fréquentées du monde. La militarisation de cette voie maritime stratégique clé n’augurera rien de bon pour la paix dans la région et dans le transport maritime international et l’investissement » a affirmé en substance Olhayeh. Rappelons que le 10 juin 2008, des échanges de tirs entre troupes érythréennes et Djiboutiennes ont causé la mort de 35 personnes et fait des dizaines de blessés.

Les deux pays s’étaient déjà opposés à deux reprises pour cette zone, en 1996 et en 1999. Le diplomate djiboutien a aussi évoqué la question somalienne dans son intervention, exhortant la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir financièrement et matériellement le fragile gouvernement de transition somalien (TFG) afin que ce dernier puisse pacifier le pays et venir à bout des milices extrémistes qui le combattent.

Un tel soutien financier et matériel servirait contre « le flux de ressources, d’armes et de combattants étrangers dans le pays et la menace qu’Al Qaïda pourrait établir une tête de pont en Somalie », a estimé Olhayeh avant de s’arrêter sur l’intérêt de prévoir le renforcement des effectifs des Forces Africaines en Somalie (AMISOM).

Le Représentant Permanent de Djibouti auprès des Nations Unies a réitéré son appel à un rapide soutien matériel et financier à la Somalie sous peine que ce pays ne tombe entre les mains de factions extrémistes.