03/01/10 (B532) Le journal de la Flibuste (4 articles en Français)
_____________________ 4 – AFP
Somalie: un cargo britannique capturé avec 25 membres d’équipage
Un cargo battant pavillon britannique, Asian Glory, a été détourné vendredi soir à 620 milles nautiques au large de la Somalie avec à son bord 25 membres d’équipage dont huit Bulgares, a annoncé samedi le porte-parole du ministère bulgare des Affaires étrangères Dragovest Goranov.
Le cargo a été capturé « bien en dehors de la zone d’opération de la force navale de l’Union européenne », a indiqué un de ses porte-parole le commandant John Harbour.
Le bateau, le deuxième battant pavillon anglais capturé par des pirates cette semaine, transportait des automobiles de Singapour vers Jeddah en Arabie Saoudite.
L’équipage est composé de 8 Bulgares, 10 Ukrainiens, 5 Indiens et deux Roumains, a indiqué à Bruxelles la force navale anti-piraterie de l’UE, Atalante. « Tous seraient en bonne santé », selon Atalante.
A Londres, le Foreign Office a confirmé qu’il n’y avait pas de Britannique à bord du cargo. « Nous avons déjà pris contact avec la société propriétaire de l’Asian Glory. Nous allons rester en contact régulier et proposer notre soutien », a indiqué un porte-parole du Foreign Office.
Selon le site internet de la société Zodiac Maritime qui gère l’Asian Glory, le navire, construit en 1994, peut transporter plus de 4.000 voitures.
Un porte-parole de la compagnie basée à Londres a indiqué à l’AFP être en train de contacter les familles des membres de l’équipage.
« Nous n’avons eu aucun contact avec les pirates » mais « nous sommes en mesure de suivre le bateau et il se dirige vers la Somalie », a ajouté le porte-parole.
Le navire Asian Glory, un cargo de 13.445 tonnes, capturé à quelque 900 milles nautiques au nord des Seychelles et à 600 milles des côtes somaliennes, aurait dû entrer dans le corridor de transit surveillé par Atalante dimanche, selon le commandant Harbour.
Par ailleurs, cinq Bulgares se trouvent sur le chimiquier battant pavillon britannique St James Park détourné lundi par des pirates somaliens dans le Golfe d’Aden.
Ce bateau ayant accosté sur la côte somalienne, les marins ont joint au téléphone leurs familles. « Ils sont en bonne santé, ont de l’eau et de la nourriture », a indiqué M. Goranov sans préciser si une rançon avait été demandée.
Le chimiquier avait été abordé alors qu’il se trouvait dans le Corridor de transit international (IRTC) mis en place dans le golfe d’Aden pour améliorer la sécurité.
Les négociations avec les pirates pourraient commencer bientôt alors que le chimiquier a accosté sur la côte somalienne.
« Les pirates ont pour habitude de ramener le navire dans leur fief et ensuite de contacter le propriétaire », a souligné le commandant John Harbour.
Les attaques croissantes de pirates au large de la Somalie avaient poussé l’Union européenne à déployer une force anti-piraterie dans le golfe d’Aden, Atalante, et à mettre en place un corridor de transit recommandé.
_____________________ 3 – AFP
Somalie: un chimiquier capturé, première prise de l’année pour les pirates
Des pirates somaliens ont capturé vendredi un chimiquier indonésien avec 24 membres d’équipage, dans le golfe d’Aden, ont annoncé la force navale anti-piraterie de l’UE et un responsable de la branche kényane du Programme d’assistance aux marins.
Cette prise est la première de l’année 2010.
Le navire d’un capacité de 20.000 tonnes a été capturé dans la matinée alors qu’il faisait route vers le port de Kandla en Inde et a été détourné en direction de la Somalie, selon un communiqué de la force de l’UE, Atalante, confirmant des informations données préalablement par le responsable de la branche kényane du Programme d’assistance aux marins, Andrew Mwangura.
Le capitaine du chimiquier a fait état de l’acte de piraterie dans un message radio, précisant que l’équipage était en bonne santé, selon le communiqué. Il est composé, selon Atalante, de 24 personnes, 17 Indonésiens, 5 Chinois, un Nigérian et un Vietnamien.
Selon la force de l’UE, le navire répond au nom de Pramoni (bien Pramoni) et bat pavillon de Singapour.
Il s’agit du troisième navire capturé par les pirates depuis août dans une zone où patrouillent les marines étrangères, a précisé Andrew Mwangura.
Lundi, c’est un chimiquier battant pavillon britannique, le St James Park, qui avait fait les frais du retour des pirates dans le golfe d’Aden. Le navire et ses 26 membres d’équipage de différentes nationalités, ont été attaqués alors qu’ils faisaient route depuis l’Espagne, vers la Thaïlande.
Un second navire, yéménite, le Al-Mahmoudia2 et ses 15 marins à bord ont également été capturés dans le golfe d’Aden, après le 18 décembre, date de leur appareillage du port d’Aden, selon le ministère de l’Intérieur yéménite.
Profitant du retour à des conditions de navigation plus sereines avec la fin de la mousson, la nouvelle saison débutée en octobre s’est singularisée par la localisation des attaques, soit au sud-est de leurs côtes, non loin des Seychelles, ou plein Est, parfois à mi-chemin entre la façade est-africaine et l’Inde. Mais les pirates semblent à présent être de retour à leur zone de prédilection, le golfe d’Aden.
Cette dernière capture porte à au moins 12 navires, avec environ 270 hommes d’équipage, le nombre de bâtiments détenus à présent par les pirates somaliens.
_____________________ 2 – JDD
Golfe d’Aden: Un chimiquier capturé
Un chimiquier battant pavillon singapourien a été pris par des pirates vendredi dans le golfe d’Aden et détourné vers la Somalie, d’après la mission européenne de lutte contre la piraterie, Navfor.
Le M/V Pramoni a été attaqué alors qu’il faisait route vers l’Inde, a indiqué l’organisation, basée à Northwood près de Londres, dans un communiqué. Il s’agit de la première prise de l’année pour les pirates, qui ont actuellement entre leurs mains une douzaine de navires détournés.
_____________________ 1 – Portail des sous-marins
Les attaques de pirates au large de la Somalie doublent malgré les forces navales
Par Rédacteur en chef.
Un hélicoptère tire des coups de semonce vers un présumé skiff de pirates. A bord, 6 somaliens sont assis au milieu de fusils d’assaut, de grappins et d’une échelle en aluminium. Mais avant que les marins d’un bâtiment de guerre puissent l’aborder, les pirates présumés jettent tout leur matériel par dessus le bord.
Avec si peu de preuves pour les arrêter, les supposés pirates sont laissés en liberté, à bord de leur embarcation et avec suffisamment de carburant pour rejoindre la Somalie. Rien n’est fait pour les empêcher de se réarmer et de faire de nouvelles tentatives.
Ces récentes rencontres en haute mer illustrent comment les forces multi-nationales déployées il y a un an pour lutter contre la piraterie, ont obtenu un succès limité. Selon des spécialistes, les attaques ne s’arrêteront pas, à moins que les repaires des pirates en Somalie ne soient supprimés.
Mais cet objectif reste illusoire. Le gouvernement somalien soutenu par les Nations Unies peut à peine contrôler une partie de sa capitale, laissé seul pour s’attaquer à terre contre les repaires des pirates. Les gouvernements étrangers sont, c’est le moins qu’on puisse dire, très réticents pour déployer des forces terrestres.
Les attaques de pirates ont pratiquement doublées en 2009 par rapport à l’année précédente, malgré le déploiement en décembre 2008 de la force navale de l’Union Européenne la première force internationale spécifiquement montée pour lutter contre les pirates somaliens.
Elle a été suivie en janvier par la CTF (Combined Task Force) 151, composée de bâtiments de l’US Navy et de plusieurs autres nations alliées.
A ce jour, les pirates somaliens retiennent 12 navires et plus de 260 membres d’équipage.
Pourtant, les tenants de ces forces internationales soulignent que le taux de réussite des attaques de pirates a été divisé en gros par 2 depuis que les patrouilles ont commencé.
Beaucoup plus de navires auraient été pris en otage si nous n’avions pas été là, explique le Cmdr. John Harbour, le porte-parole de la force européenne. Il indique que les pirates n’ont pas capturé de navires dans le golfe d’Aden depuis juillet dernier, ce qui pour lui est la preuve de l’impact de la force. Mais lundi dernier, les pirates somaliens ont capturé à cet endroit un chimiquier britannique.
Cette année, les pirates somaliens ont essayé d’aborder au moins 214 navires, en en capturant, a indiqué mardi le Bureau Maritime International. A comparer avec les 42 attaques réussies sur les 111 tentatives effectuées en 2008, avant que les forces européennes et CTF-151 ne soient déployées. Et les 111 tentatives représentaient déjà une augmentation de 200% par rapport à 2007.
Les pirates ont répondu à la présence des bâtiments de guerre en portant leur attention vers des eaux moins protégées. Pour effectuer des raids au-delà des corridors maritimes très protégés, les pirates ont commencé à utiliser des navires capturés comme « bateaux-mères », leur permettant d’attaquer des navires jusqu’à 1.000 nautiques au large des côtes somaliennes, expliquent Harbour.
Nous ne pouvons pas dire que quelqu’un a remporté la guerre contre la piraterie. Ca se poursuit encore, a expliqué Cyrus Mody du BMI. Il y a encore de nombreux actes de piraterie. Elle ne s’est pas réduite depuis l’an dernier.
Même avec l’augmentation des attaques de pirates, seule une petite fraction des dizaines de milliers de navires qui naviguent chaque année par le golfe d’Aden et l’ouest de l’océan Indien sont visés. Cela explique pourquoi les gouvernements sont peu empressés pour déployer des forces terrestres pour neutraliser les repaires de pirates en Somalie.
Les forces navales qui interceptent les pirates emploient généralement une stratégie de perturber et dissuader. Les forces confisquent les armes et les autres équipements, puis relâchent les suspects avec assez de carburant pour regagner la Somalie, évitant ainsi les longs et couteux procès à terre. Généralement, seuls ceux qui sont pris la main dans le sac sont arrêtés.
Une fois que les pirates sont montés à bord d’un navire, les forces n’essaient pas d’intervenir, par crainte que des otages ne soient tués ou blessés.
Pourtant, même s’il y avait plus d’arrestations, la population somalienne touchée par la pauvreté fournit suffisamment d’hommes volontaires pour devenir pirates et toucher une part des rançons de plusieurs millions $. Ce n’est qu’en prenant le contrôle des côtes que la piraterie pourra être limitée, indiquent les experts.
Cela ne pourra pas être résolu en parcourant l’océan Indien avec des bâtiments de guerre et en capturant quelques pirates, a récemment déclaré le contre-amiral Peter Hudson, le commandant de la force européenne. La solution à long-terme se trouve évidemment à terre, en Somalie.
La Somalie du Nord montre comment des actions à terre peuvent se traduire en résultats concrets.
Les résultats commencent à être obtenus dans la région semi-autonome du Puntland, qui veut une part des 250 millions $ promis en avril dernier par une conférence de donateurs pour aider à stabiliser le pays et soutenir les actions humanitaires.
Jay Bahadur, qui a séjourné au Puntland pour effectuer des recherches pour un livre sur la piraterie, rapporte que, en janvier dernier, il n’y avait qu’un seul point de contrôle de la police aux environs de la capitale régionale, Garowe, pendant longtemps un repaire de pirates. En juin et en juillet, il y en avait beaucoup plus et les autorités locales avaient commencé à lancer des raids contre des pirates présumés, indique-t-il.
Il y a eu aussi un rejet local contre les pirates, souligne-t-il, parce qu’ils adoptent un comportement non-islamique, comme la boisson et les prostituées. Les rançons ont aussi provoqué une inflation galopante.
A terre, l’atmosphère est de plus en plus anti-pirates, remarque Bahadur.
La sécurité accrue à terre et en mer a repoussé les pirates plus au sud, loin de leur précédente base de Eyl au Puntland, dans les points forts de Haradhere et Hobyo, selon Bahadur et Harbour.
Mais il n’y a pas une telle présence de sécurité dans le sud, dont de larges pans sont contrôlés par les rebelles d’al-Shabab. Contrôler la piraterie n’est pas une priorité pour le faible gouvernement ou les rebelles, alors qu’ils combattent pour le contrôle de la capitale ravagée par la guerre civile, Mogadiscio.
La Somalie n’a pas les ressources pour lutter contre la piraterie. Sa marine a seulement 3 bâtiments opérationnels. Le chef de la petite marine de Somalie, l’amiral Farah Ahmed, a indiqué que plusieurs pays avaient promis de l’aide mais que rien ne s’était concrétisé.
Compte-tenu de l’absence d’état de droit en Somalie, les ressources limitées et la difficulté de poursuivre tous les pirates dans un vaste océan, les attaques de pirates vont rester un problème pour les années à venir, expliquent les experts.
Pourtant, Harbour a déclaré que la force navale européenne était persuadée qu’elle empêchait le problème d’empirer.
Nous protégeons les océans contre les criminels, a-t-il déclaré. Aucune force de police ne peut parvenir à ce qu’une région soit complètement épargnée par le crime, mais notre action donne un résultat visible.
L’analyse de la rédaction :
Outre la force européenne Atalante (CTF-465) et celle des Forces Maritimes Combinées (CTF-151), on trouve aussi une force de l’OTAN (opération Ocean Shield, CTF-508) et des forces envoyées par des pays (Chine, Russie, Japon, Malaisie, Inde, …). Des réunions mensuelles du groupe SHADE (Shared Awareness and De-confliction) sont le cadre privilégié d’une coordination tactique. La plupart des bâtiments déployés, ainsi que des représentants de la communauté maritime, participent à ces réunions. Seul l’Iran ne participe pour l’instant pas à ces réunions.