04/03/10 (B540) Ethiopie … (2 articles en Français)

______________________ 2 – Romandie News (Ch) avec AFP

Ethiopie: un candidat poignardé à mort, l’opposition accuse le parti au pouvoir

L’opposition éthiopienne a affirmé que l’un de ses candidats aux prochaines élections de mai 2010 a été assassiné mardi dans le nord de l’Ethiopie en raison de ses activités politiques, et a accusé le parti au pouvoir "d’intensifier" sa répression contre l’opposition.

Selon Siye Abraha, responsable des relations extérieures de la coalition d’opposition, le Forum pour le dialogue démocratique en Ethiopie (Medrek), un candidat de la coalition dans la province du Tigré (nord) a été poignardé à mort à cause de ses activités politiques.

Un autre a été passé à tabac par des hommes armés, toujours dans le Tigré, fief du Front révolutionnaire démocratique des peuples d’Ethiopie (EPRDF, au pouvoir).

"Six hommes ont attaqué Aregawi Gebrehannes dans son bar à Shire (nord) à environ trois heure du matin", a expliqué à l’AFP Gebru Asrat, un des chefs du Medrek, précisant que la victime, candidat au parlement, s’était plainte régulièrement de harcèlement.

"Ils l’ont massacré jusqu’à le tuer, son corps a été trouvé en morceaux", a-t-il ajouté, accusant les agresseurs d’être "des mercenaires" liés au parti au pouvoir.

Pour M. Siye, ancien ministre de la Défense et co-fondateur de l’EPRDF, les responsables au pouvoir "intensifient leur stratégies de répression avant les élections, en arrêtant, en intimidant, en frappant et même en tuant les candidats de l’opposition".

M. Siye a souligné que son mouvement ne se retirera pas de la course électorale.

Pour le gouvernement, cet assassinat n’est pas le résultat d’un harcèlement politique, mais d’une simple dispute.

"Nous avons essayé de vérifier les deux incidents, et trouvé que la personne décédée était impliquée dans une bagarre dans son bar avec un client (…). Un suspect a été arrêté et placé en détention", a affirmé à l’AFP le secrétaire d’Etat à la communication, Shimeles Kemal.

M. Shimeles a déploré ces deux "incidents isolés", soulignant qu’ils n’avaient "rien à voir avec le gouvernement".

Des élections générales sont prévues le 23 mai prochain, les premières au niveau national depuis le scrutin de 2005 qui avait vu l’opposition enregistrer les meilleurs scores de son histoire, mais avait été marqué par une sanglante répression au cours de manifestations de l’opposition qui dénonçait le résultat du scrutin.

L’opposition accuse régulièrement le gouvernement de harceler ses candidats, ce que le gouvernement réfute, affirmant vouloir organiser des élections libres et transparentes.

La présidente du principal parti d’opposition, Birtukan Mideksa, est emprisonnée depuis 17 mois.

________________________ 1 – L’Express avec Reuters

L’aide à l’Ethiopie détournée pour acheter des armes

La famine de 1984 a tué un million de personnes. 25 ans après, la population souffre toujours de malnutrition. Ici, dans un campement aménagé par Médecins sans frontières, en mai 2008. A cette époque, 4,5 millions d’Ethiopiens n’avait pas encore accès à l’eau potable et à la nourriture.

Près de 95% de l’aide envoyée en Ethiopie lors de la famine de 1984-1985 ont été détournés par les rebelles. Ils ont préféré s’acheter des armes.

Sur les 100 millions de dollars envoyés en Ethiopie pour conjurer la famine, 95 ont servi à l’achat d’armes par les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui fait maintenant partie de la coalition au pouvoir. Le reste a permis de renforcer le parti radical relié au Front. Tels sont les propos de Aregawi Berhe, un ex-rebelle éthiopien, sur la BBC (voir vidéo).

La chaîne britannique a également reproduit le témoignage d’un ancien membre du TPLF. Gebremedhin Araya, qui dit s’être fait passer pour un marchand de céréales, et aurait réussi à duper l’organisation Christian Aid. Derrière quelques sacs contenant effectivement des céréales, se trouvaient des sacs de sable, a-t-il déclaré. "On m’a donné des vêtements pour me déguiser en marchand musulman. C’était un piège pour les ONG", précise Gebremedhin Araya, ajoutant avoir remis l’argent reçu de l’agence à des responsables du TPLF.

Pour sa défense, Max Peberdy, un travailleur humanitaire de Christian Aid, a confirmé à la BBC avoir acheté pour 500 000 dollars de céréales en 1984 à différents marchands mais assuré que, "en 25 ans, c’est la première fois que quelqu’un fait ce genre d’allégations". Peberdy dit croire que la totalité de l’aide est allée à destination.

Parmi les leaders du TPLF, nommés par Gebremedhin Araya comme ayant reçu les fonds détournés, figure l’actuel Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi. Ses bureaux ont refusé tout commentaire à la BBC.

La famine, qui a fait environ un million de morts au milieu des années 1980, avait déclenché un mouvement d’aide internationale, lancé par le chanteur irlandais et militant des droits de l’homme Bob Geldof, qui avait organisé une série de concerts pour les sinistrés.

En 1985, un rapport de la CIA avait déjà conclu que "des fonds" étaient "presque certainement détournés à des fins militaires"