01/10/10 (B571) – Les États-Unis raffermiront leurs rapports avec le Puntland et le Somaliland – Somaliland et Puntland prêts à coopérer sur la sécurité (2 articles)
___________________ 2 – OPA (avec US department of state)
Les États-Unis raffermiront leurs rapports avec le Puntland et le Somaliland
Les États-Unis ont l’intention d’engager un rapprochement avec les gouvernements du Puntland et du Somaliland dans le cadre de leur politique à deux volets consistant à contrer l’expansion de l’extrémisme terroriste tout en appuyant le gouvernement fédéral de transition en Somalie, a déclaré le secrétaire d’État adjoint aux affaires africaines, M. Johnnie Carson.
Lors d’une conférence de presse spéciale tenue le 24 septembre à New York, M. Carson a souligné que les États-Unis appuyaient le processus de paix de Djibouti, le gouvernement fédéral de transition (GFT) et le gouvernement du président somalien, Cheikh Chérif Cheikh Ahmed.
M. Carson a dit aux journalistes que le premier volet de la politique américaine visait à aider le GFT à devenir plus efficace et participatif et à le doter des capacités nécessaires pour fournir des services de base à la population. Par ailleurs, les États-Unis continueront à ouvrer en vue de renforcer la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM de son sigle anglais). Et l’engagement avec le Puntland et le Somaliland, a ajouté M. Carson, entre dans le cadre de ce second volet.
« Nous espérons être en mesure d’envoyer davantage de diplomates et de travailleurs humanitaires américains, de manière ad hoc, pour des consultations avec les responsables gouvernementaux sur les moyens de les aider à accroître la possibilité de fournir des services à la population et sur des projets éventuels d’aide au développement sur lesquels nous pourrions collaborer », a dit M. Carson. « Nous pensons que ces deux régions de la Somalie ont été des zones relativement stables sur le plan politique et civil et nous pensons qu’elles feront effet de rempart contre l’extrémisme et le radicalisme qui pourraient sortir du Sud. »
Les États-Unis, dans le cadre du second volet de leur politique, tendront la main à divers groupes des régions centrales et méridionales de la Somalie, aux gouvernements locaux et aux clans et sous-clans qui s’opposent aux shebabs, les extrémistes radicaux qui sévissent dans le sud du pays. Il s’agira de groupes qui ne sont pas officiellement ou directement alliés au GFT, a ajouté M. Carson.
« Nous chercherons les possibilités de travailler avec ces groupes et de déterminer qui ils sont, et essayerons de trouver les moyens d’appuyer leurs initiatives et activités de développement », a indiqué M. Carson.
Il a cependant souligné que les États-Unis se conformeraient à la position de l’Union africaine en ne reconnaissant qu’un État somalien unique.
Il a ajouté qu’en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, une conférence importante s’était tenue sur la Somalie sous les auspices du secrétaire général, M. Ban Ki-moon ; y avaient participé cinq chefs d’État africains et plusieurs ministres des affaires étrangères d’Afrique et d’Europe.
Le secrétaire d’État adjoint, M. James Steinberg, y a représenté les États-Unis et a énoncé la politique à deux volets, a déclaré M. Carson. Les problèmes en Somalie, dit-il, sont considérés comme un problème national pour le peuple somalien, un problème régional pour l’Afrique et un problème mondial.
« C’est un problème qui a métastasé au cours des deux dernières décennies, conduisant à une situation où nous avons maintenant des actes de piraterie internationale, des combattants étrangers arrivant en Somalie et certains groupes sur le terrain qui appuient les éléments résiduels de la cellule d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est », a dit M. Carson.
La situation en Somalie constitue un problème régional en raison du grand nombre de réfugiés qui la fuient vers les pays voisins, notamment le Kenya, l’Éthiopie, l’Érythrée, le Yémen et Djibouti. Outre le flot important de réfugiés, il y a aussi le problème des quantités d’armes illicites qui sont acheminées en Somalie et du commerce illégal qui s’y produit, a-t-il ajouté.
« La Somalie est un État en effondrement avec un gouvernement faible, incapable d’imposer le pouvoir ou la stabilité et de fournir les services nécessaires à son peuple », a indiqué le secrétaire d’État adjoint aux affaires africaines.
Il a dit que par renforcement des rapports il entendait des rencontres périodiques avec les responsables des gouvernements du Puntland et du Somaliland pour discuter d’une vaste gamme de dossiers relatifs au développement, dont la santé, l’éducation, l’agriculture et les projets hydriques.
Le but est d’accroître leur capacité de gouverner et de fournir les services publics vitaux à la population, a souligné M. Carson, ajoutant que toutes les activités en Somalie seraient dirigées de Nairobi (Kenya).
Le processus de paix de Djibouti est une initiative africaine qui bénéficie de l’appui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD de son sigle anglais), avait expliqué M. Carson lors d’une conférence de presse tenue en mars dernier sur ce processus. Ce dernier a aussi le soutien de l’Union africaine et de plusieurs États clés de la région tandis que les Nations unies, l’Union européenne, la Ligue arabe et l’Organisation de la conférence islamique s’étaient déclarées en sa faveur, a déclaré M. Carson. Le processus de paix de Djibouti reconnaît l’importance de tenter d’avoir un gouvernement somalien fédérateur qui tienne compte de l’histoire, de la culture et des relations entre clans et sous-clans.
__________________________ 1 – IRIN (Nations unies)
Somaliland et Puntland prêts à coopérer sur la sécurité
Le Somaliland et le Puntland, deux territoires du nord de la Somalie autrefois en guerre, ont convenu, dans le cadre d’un accord de principe sans précédent, de collaborer pour faire face à des menaces de sécurité communes.
Les soldats des deux entités se sont affrontés dans le passé pour le contrôle des régions frontalières. Il existe également un désaccord sur la question de la souveraineté : le Somaliland a unilatéralement proclamé son indépendance en 1991, et le Puntland, tout en s’octroyant un certain degré d’autonomie, reconnaît Mogadiscio à la fois comme sa propre capitale et comme celle du Somaliland.
« On ne choisit pas ses voisins, qu’il s’agisse d’une région ou d’un Etat ; c’est pourquoi nous allons désormais coopérer avec l’Etat somalien du Puntland sur les questions de sécurité de la région [de la Corne de l’Afrique] », a dit Mohamed Abdi Gabose, ministre de l’Intérieur du Somaliland, le 26 septembre à Hargeisa, capitale du Somaliland.
« Bien entendu, cela ne signifie pas que nous nous unissions au Puntland, ni aux autres zones de conflit. Nous aborderons plus tard les problèmes [de sécurité] », a-t-il ajouté.
« Nous [le Somaliland] souhaitons dorénavant collaborer sur les questions de sécurité car il semble que certains groupes hostiles à la paix aient l’intention de menacer notre paix », a-t-il dit.
Ce rapprochement fait suite à une reprise des affrontements en juillet, à Galgala, une région située du côté Puntland de la frontière, entre les forces de sécurité du Puntland et les soldats fidèles à Sheikh Mohamed Said Atom, chef rebelle accusé d’entretenir des liens avec Al-Shabab, principal groupe islamiste opposé au Gouvernement fédéral de transition (GFT) somalien. M. Atom et Al-Shabab ont tous deux nié l’existence de tels liens.
« Bien sûr, le gouvernement [du Somaliland] est préoccupé par la guerre à Galgala car, que ces groupes gagnent ou perdent, ce ne sera pas bon pour le Somaliland : s’ils l’emportent, ils chercheront peut-être à étendre leur présence plus loin, au Somaliland », a prévenu M. Gabose.
En attendant, Hargeisa est confrontée à un autre problème de sécurité : un groupe armé qui prétend combattre pour libérer les régions frontalières de Sool, Sanag et Cayn (et qui porte leur nom) au Somaliland. Ce groupe, qui juge illégitimes le gouvernement et la souveraineté du Somaliland, dit avoir formé son propre gouvernement.
Un engagement plus ferme
« Nous nous réjouissons de l’ouverture du nouveau gouvernement du Somaliland et de son intention de résoudre les problèmes dans la paix et par le biais de négociations », a dit Abdihakim Ahmed Guled, ministre de l’Information du Puntland, au sujet des déclarations de M. Gabose.
Photo: Wikimedia Commons
Le Puntland et le Somaliland ont convenu de collaborer pour faire face à des menaces de sécurité communes « De notre côté, nous sommes heureux d’apprendre que le gouvernement du Somaliland est prêt à collaborer avec nous sur les questions de sécurité car à l’heure actuelle, de nouveaux groupes tuent des musulmans dans les mosquées de la région. Ces groupes ont commis des attentats suicides à Hargeisa par le passé, ainsi que dans le port de Bosasso, au Puntland ».
En attendant, certains membres de la communauté internationale se sont engagés plus fermement en faveur à la fois du Somaliland et du Puntland, notamment les Etats-Unis, qui prévoient de dépêcher sur place davantage de diplomates et de travailleurs humanitaires.
« Nous pensons que ces deux parties de la Somalie sont des zones de relative stabilité politique et civile, et qu’elles seront même un rempart contre l’extrémisme et le radicalisme qui pourraient émerger du sud », a dit Johnny Carson, secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines, le 24 septembre.
Les Etats-Unis ont toutefois souligné que cette initiative ne marquait pas le début d’un processus de reconnaissance de l’indépendance du Somaliland.
En commentaire à l’initiative américaine, Sally Healy, chercheuse associée du programme Afrique de la Chatham House, a dit à IRIN : « Les deux territoires sont assez efficacement administrés par des autorités hostiles à Al-Shabab et à la montée de l’extrémisme en Somalie. Leur position stratégique est importante face aux menaces de sécurité qui émanent du Golfe d’Aden ».
« Ils ont des diasporas importantes et influentes en Occident. Alors il est tout à fait logique que les Etats-Unis fassent affaire avec eux, au lieu de mettre tous leurs œufs dans le panier du GFT, qui reste extrêmement fragile ».