11/10/10 (B573) Yémen Express – explosions: un mort, 8 blessés – une « armée d’al-Qaida créée » – le propriétaire d’un journal du Sud devant la justice – des services secrets au-dessus des lois – un policier tué – Al-Qaïda revendique les attaques contre le service de renseignement – un journaliste emprisonné aurait été torturé, selon RSF – audiences dans deux procès de membres présumés d’Al-Qaïda – Un officier tué dans le sud – la moto-taxi au service du jihad (10 articles)
________________________ 10 – Le Figaro avec AFP
Yémen/explosions: un mort, 8 blessés
Deux explosions ont secoué ce soir le siège d’un club sportif à Aden, principale ville du sud du Yémen, tuant une personne et en blessant au moins huit autres, selon des sources policière et médicales. Les deux explosions ont eu lieu à dix minutes d’intervalles dans un quartier résidentiel d’Aden, ville qui doit abriter une partie du 20e Championnat du Golfe de football prévu en novembre.
« Deux bombes à retardement ont explosé à dix minutes d’intervalle au club Al-Wahda à Cheikh Othman », un quartier animé d’Aden, a indiqué à l’AFP une source des services de sécurité. « Une première bombe a explosé à l’intérieur de l’enceinte du club, blessant deux personnes. La deuxième est survenue dix minutes plus tard devant le club, et a fait sept blessés parmi les personnes qui ont accouru vers le lieu de la première déflagration », a indiqué à l’AFP la même source de sécurité.
Un enfant figure parmi les blessés, a rapporté le correspondant de l’AFP. Deux sources médicales ont confirmé à l’AFP le bilan d’au moins un mort et huit blessés admis dans les hôpitaux Al-Naqib et Al-Joumhouriya à Aden. La victime, Mohamed Ali Abd al-Rab, 35 ans, a été mortellement blessée dans la deuxième explosion, a indiqué à l’AFP un membre de sa famille.
C’est le deuxième incident en deux jours à Aden, où une patrouille de la police a été la cible de tirs d’obus RPG dimanche après-midi, a indiqué lundi à l’AFP un responsable de la police, ajoutant qu’un civil avait été blessé dans cette attaque perpétrée par des inconnus.
Le 20e Championnat du Golfe de football, engageant le Yémen, l’Irak et les six monarchies pétrolières du Golfe, est prévu du 22 novembre au 5 décembre à Aden et dans la province voisine d’Abyane, alors que la branche locale d’Al-Qaïda, de plus en plus active, vient d’annoncer la création d’une armée.
________________________ 9 – Le Figaro avec AFP
Yémen: une « armée d’al-Qaida créée »
Le chef militaire de la branche yéménite d’al-Qaida, Qassem al-Rimi, a annoncé la mise en place d’une armée, baptisée « Armée Aden-Abyane », pour libérer le Yémen « des croisés et de leurs agents apostats », dans un enregistrement sonore mis en ligne aujourd’hui.
« Nous nous apprêtons à mettre en place les premiers jalons de l’Armée Aden-Abyane pour défendre la nation et sa religion (…) et libérer ses terres des croisés et de leurs agents apostats », affirme le chef militaire d’al-Qaida dans la Péninsule arabique (Aqpa).
« Cette armée est dans ses premières étapes », a-t-il ajouté, appelant à « l’aide » des jihadistes et de leurs partisan dans son message mis en ligne sur un site internet islamiste lié à l’Aqpa.
________________________ 8 – Le Monde
Yémen: le propriétaire d’un journal du Sud devant la justice
Le propriétaire du quotidien Al-Ayyam, l’un des principaux journaux du Sud du pays, a comparu dimanche devant une cour pénale, qui le poursuit pour constitution de bande armée et meurtre d’un policier, a constaté un correspondant de l’AFP.
Hicham Bachraheel, 66 ans, propriétaire d’Al-Ayyam, un quotidien aujourd’hui suspendu, avait été arrêté le 6 janvier, au lendemain d’affrontements devant le siège du journal à Aden entre des gardes armés du journal et la police, qui avaient fait deux morts, dont un policier.
Il est poursuivi pour constitution de bande armée, meurtre d’un policier et tentative de meurtre d’un officier de police, qui a été blessé par une balle.
Le président du tribunal Mohammad Ahmed Al-Abyad a décidé à l’issue d’une brève audience de reporter l’examen de l’affaire à mercredi pour permettre aux services du procureur général de verser de nouvelles pièces au dossier.
M. Bachraheel, une figure respectée du journalisme, a comparu libre. Il avait été libéré fin mars pour des raisons médicales.
Véritable institution dans le Sud, Al-Ayyam, qui affirme vendre habituellement plus de 50.000 exemplaires par jour, est l’un des huit titres contraints par le gouvernement à suspendre leur publication début mai 2009 pour avoir porté atteinte à l’unité du Yémen.
Al-Ayyam se distinguait par sa couverture exhaustive des manifestations dans le Sud, où la population accuse le Nord de discrimination.
Une partie de la population demande la sécession du Sud, qui constituait jusqu’en 1990 un Etat indépendant.
__________________ 7 – HNS Info
Yémen : des services secrets au-dessus des lois
Spécialiste des questions terroristes, le journaliste Abdul Ilah Haydar Shae est toujours détenu à l’isolement depuis son arrestation le 16 août 2010. Le 22 septembre 2010, le même tribunal ordonnait la prolongation de son maintien en détention pour trente jours supplémentaires. [1]
Incarcéré dans des conditions difficiles, le journaliste souffre d’anémie. D’après ses avocats et le secrétaire général du Syndicat des journalistes, Marwan Damaj, qui ont pu le voir lors de sa comparution devant le tribunal le 22 septembre dernier, il aurait été victime d’actes de torture. Des traces de blessures étaient visibles, notamment à la poitrine. Régulièrement frappé à coups de crosse, le journaliste a une dent cassée.
Reporters sans frontières rappelle que rien ne saurait justifier le recours à la torture. Fermement condamnée par le droit international, elle constitue un crime contre l’humanité, et un véritable péril pour les sociétés où il en est fait usage.
Le mépris des services secrets pour les règles de droit nationales et internationales fait craindre le pire pour l’avenir des libertés politiques dans le pays. La libération du journaliste Abdul Ilah Haydar Shae doit être immédiate. Les violences faites à son encontre doivent cesser sans délai.
Reporters sans frontières a appris la libération, le 5 octobre 2010, du caricaturiste Kamal Sharaf, par les services secrets après cinquante jours de détention. L’organisation salue cette libération mais condamne l’arrestation et la détention de ce caricaturiste en dehors de tout cadre légal.
Arrêté le 17 août 2010 par un important dispositif policier, le caricaturiste avait été maintenu en détention été maintenu en détention alors que le tribunal spécialisé dans les affaires de sécurité politique avait ordonné, le 22 septembre dernier, sa libération. Indifférents aux procédures et aux décisions de justice, les services secrets ont prolongé arbitrairement la détention du journaliste, sans qu’aucun motif soit officiellement évoqué.
___________________ 6 – Le Figaro avec AFP
Yémen/sud: un policier tué
Un officier de police a été tué hier soir par des tirs d’un homme à moto dans le sud du Yémen, a indiqué un responsable des services de sécurité en attribuant l’attaque à al-Qaida.
L’officier, Ghazi Samaoui, a été mortellement atteint par plusieurs balles tirées par un homme armé qui circulait sur une moto conduite par un complice dans la ville de Zanjibar, chef-lieu de la province d’Abyan, a précisé cette source.
Les deux assaillants ont crié « Allah Akbar » (Dieu est grand) au moment de l’attaque, ont rapporté des témoins.
La victime est un officier des investigations criminelles dont le nom figure sur une liste de 55 policiers considérés comme des « cibles légitimes » par un tract d’Al-Qaïda distribué à Abyan en septembre.
Plusieurs attaques menées par des hommes à moto ont été attribuées ou revendiquées par Al-Qaïda ces derniers mois au Yémen.
___________ 5 – Quotidien du Peuple (Chine) avec XINHUA
Al-Qaïda revendique les attaques contre le service de renseignement du Yémen
La branche d’al-Qaïda au Yémen a revendiqué samedi une série d’attaques contre le personnel et les installations du service de renseignement du Yémen.
Dans une déclaration, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a affirmé être derrière de l’embuscade du 25 septembre dernier contre un bus transportant des officiers de renseignement à Sanaa, capitale yéménite, prétendant avoir tué 14 d’entre eux.
AQPA a aussi affirmé être l’auteur de cinq autres attaques survenues ces derniers mois contre les installations de renseignement dans la province de Lahj, tuant huit agents, y compris le directeur du département de renseignement de sécurité le colonel Ali Abdulkarim.
Depuis le début de l’année, AQPA a intensifié ses opérations contre le service de renseignement du Yémen, causant des dizaines morts et blessés dans les rangs du service antiterroriste.
______________________ 4 – AFP
Yémen: un journaliste emprisonné aurait été torturé, selon RSF
Le journaliste yéménite Abdoul Ilah Haydar Shaea, emprisonné depuis le 16 août, aurait subi des tortures, a dénoncé samedi Reporters sans frontières (RSF), en appelant à la libération de ce spécialiste du terrorisme.
Selon ses avocats et le secrétaire général du Syndicat des journalistes du Yémen, Marwan Damaj, « qui ont pu le voir lors de sa comparution devant le tribunal le 22 septembre, il aurait été victime d?actes de torture », rapporte RSF dans un communiqué.
« Des traces de blessures étaient visibles, notamment à la poitrine.
Régulièrement frappé à coups de crosse, le journaliste a une dent cassée », ajoute l’organisation de défense de la liberté de la presse, basée à Paris, en estimant que « rien ne saurait justifier le recours à la torture ».
« Le mépris des services secrets pour les règles de droit nationales et internationales fait craindre le pire pour l?avenir des libertés politiques dans le pays », affirme RSF qui appelle à la libération « immédiate » de Abdoul Ilah Haydar Shaea et à la fin des « violences faites à son encontre ».
Accusé par les autorités d?avoir planifié des actions terroristes, et d?avoir soutenu le réseau Al-Qaïda dans les médias, M. Shaea a été maintenu au secret pendant près d?un mois avant d’être transféré le 12 septembre à la prison de sûreté de l’Etat, rappelle RSF.
M. Shaea est connu pour sa proximité avec l’imam américano-yéménite radical Anwar Al-Aulaqi, qui est recherché par les Etats-Unis pour ses liens avec l’auteur de l’attentat manqué de Noël dernier sur un avion de ligne américain.
RSF s’est par ailleurs félicité de la libération, le 5 octobre, du caricaturiste Kamal Sharaf, après cinquante jours de détention, tout en condamnant son « arrestation et détention (…) en dehors de tout cadre légal ».
Sharaf aurait publié un dessin montrant des militants d’Al-Qaïda faisant la queue pour recevoir un salaire des autorités yéménites.
______________________ 3 – Romandie News (Ch) avec AFP
Yémen: audiences dans deux procès de membres présumés d’Al-Qaïda
Des membres présumés d’Al-Qaïda, dont l’artificier Saleh al-Chaouch, ont comparu samedi lors de deux procès différents devant le tribunal spécialisé dans les affaires de terrorisme au Yémen, où le réseau est de plus en plus actif.
Par ailleurs, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) a revendiqué une attaque fin septembre à Sanaa contre un bus des services de renseignement et affirmé avoir « tué quatorze » de ses occupants, dans un communiqué mis en ligne sur des sites islamistes. Le bilan officiel faisait état de 10 blessés.
Le tribunal de Sanaa a fixé pour lundi sa délibération finale dans le procès de Chaouch, au terme d’une audience publique.
Le prévenu a avoué avoir participé à sept attaques meurtrières d’Al-Qaïda contre des sites militaires et pétroliers dans le Hadramout et à Marib, à l’est de Sanaa.
« Les faits qui me sont reprochés sont exacts. J’ai fait toutes mes dépositions devant le parquet et elles sont exactes », a-t-il déclaré. « J’ai préparé et perpétré ces opérations d’une façon volontaire et sans contrainte, en réaction aux exactions commises contre les membres du réseau par les services de renseignement en coopération avec les Etats-Unis ».
En vertu du code pénal, il risque la peine de mort, selon une source judiciaire.
Arrêté le 30 janvier, Chaouch, recherché depuis 2008, est considéré comme un artificier d’Al-Qaïda. Il est également accusé d’avoir entraîné des kamikazes à la demande d’un chef de l’Aqpa, khaled Batarfi, qui se cacherait dans la province de Marib, selon l’acte d’accusation.
Lors d’une autre audience, le même tribunal a ouvert le procès de quatre suspects d’Al-Qaïda, arrêtés fin 2009 et accusés de planification d’attentats contre des intérêts nationaux et étrangers au Yémen.
Le principal accusé, Yahia Dahan, n’était pas présent à l’audience. Faraj Hadi, l’un des autres prévenus présents à la barre, s’est plaint d' »avoir été torturé durant son interrogatoire par les agents de sûreté de l’Etat ».
Selon l’acte d’accusation, les quatre hommes sont également jugés pour « résistance aux forces armées », « attaques contre des sites policiers et militaires » et « assassinat de responsables des services de sécurité ».
Les prévenus présents ont rejeté les accusations retenues contre eux. La prochaine audience a été fixée au 18 octobre.
Plusieurs membres présumés d’Al-Qaïda sont actuellement jugés du Yémen, pays engagé dans une lutte contre ce réseau de plus en plus actif dans les provinces de l’Est et du Sud, où vendredi encore un officier des renseignements a été tué et deux policiers blessés dans des attaques, selon les services de sécurité.
___________________________ 2 – Europe 1
Yémen: Un officier tué dans le sud
Un officier des services de renseignement yéménites a été tué et deux policiers ont été blessés dans deux attaques armées vendredi dans l’est et le sud du Yémen, ont indiqué samedi les services de sécurité. Les assaillants, qui ont pris l’officier pour cible alors qu’il était accompagné de membres de sa famille devant un magasin de Foha, ont réussi à prendre la fuite après l’attaque, selon la même source.
Dans la province voisine d’Abyane (Sud), des hommes armés ont tendu une embuscade à un véhicule des forces de sécurité, blessant deux policiers et un suspect qu’ils avaient arrêté peu auparavant à Loder, a indiqué l’un des deux policiers hospitalisés à Aden.
___________________________ 1 – AFP
Yémen: la moto-taxi au service du jihad
De Jamal AL-JABIRI
La moto-taxi, un moyen de transport populaire et peu coûteux au Yémen, est devenue symbole de la mort dans ce pays pauvre où des jihadistes l’utilisent dans leurs attaques contre les forces de sécurité.
Les autorités ont interdit l’utilisation de ce mode de transport en juin dans la province sudiste d’Abyan, après plus de 28 attaques menées depuis le début de l’année par des motocyclistes armés contre la police et l’armée.
Ces attaques ont provoqué la mort de 15 officiers, selon les autorités de cette province considérée comme l’un des bastions d’Al-Qaïda, de plus en plus actif dans le sud et l’est du Yémen.
« La plupart des attaques contre les officiers, les soldats et les sièges des services de sécurité à Abyan ont été menées par des motards », indique le vice-gouverneur, Ahmad Nasser Jarfouche.
Mais l’interdiction de la moto-taxi n’a pas empêché de telles attaques de se poursuivre dans d’autres provinces, comme celle menée le week-end dernier dans la province voisine de Daleh où un policier est mort.
Pour Ghassan Cheikh, sous-préfet de Zinjibar, chef-lieu d’Abyan, les mesures prises par les autorités « ne règlent que partiellement le problème ». Le gouvernement devrait « indemniser » ou « trouver un emploi » aux propriétaires des quelque 2.000 motos interdites dans la province, estime-t-il.
« Si les terroristes utilisent des voitures dans leurs opérations, l’Etat saisira-t-il les voitures des habitants? » a demandé M. Cheikh, sceptique quant à l’efficacité de ces mesures pour contenir la violence.
Dans le reste du pays, les autorités ont pris une série de mesures contre les motards, leur imposant de ne plus circuler entre 20H00 et 06H00 et d’avoir une plaque d’immatriculation.
Ces mesures ont suscité les protestations des propriétaires de moto-taxis, un gagne-pain pour de nombreux jeunes au Yémen, un pays pauvre où le chômage touche plus de 40% de la population active.
« Les autorités nous tracassent depuis que les motos ont été utilisés pour déstabiliser la sécurité et attaquer des responsables », affirme Mohammed Mohsen Nasr, 24 ans, qui utilise sa moto-taxi à Taëz (sud de Sanaa) pour faire vivre ses sept frères et soeurs depuis la mort en 2007 de ses parents.
« Parfois, la police m’arrête pendant des heures pour m’interroger ou me faire chanter », poursuit M. Nasr, qui parvient les bons jours à gagner 14 dollars.
« Les gens d’Al-Qaïda commettent non seulement des actes criminels mais provoquent une psychose chez les usagers des motos », dit, indigné, Hussein Jarad, un fonctionnaire de 35 ans.
Ce père de famille se sert de sa moto pour se rendre à son travail à Sanaa, mais il la loue également lors des fins de mois difficiles.
Le gouvernement espère aussi par ses mesures réduire le nombre d’accidents de la circulation impliquant des motocyclistes, qui font en moyenne de 30 à 40 morts chaque mois, selon des statistiques officielles.
Mais pour l’analyste, Saïd Abid al-Ajmi, auteur d’un livre intitulé « Al-Qaïda au Yémen », l’interdiction des motos « n’a pas mis fin aux attaques terroristes », et le problème de la violence trouve surtout son origine dans les armes qui sont aux mains de la population.
« Les tribus yéménites possèdent de véritables arsenaux qui ont été utilisées pour défier l’Etat et continuent à constituer une menace pour le pouvoir », souligne-t-il.
Pour lui, avec un taux de chômage « de 54% parmi les jeunes » et l’absence de l’Etat de certaines régions, « le phénomène du terrorisme ne peut que s’amplifier ».