05/12/10 (B580) Mouvements au sein des FFDJ – le « sentiment d’injustice » de la 13ème DBLE – Coup de Jarnac au ministère de la défense : Alain Juppé vire la 13e DBLE de Djibouti (3 articles) – D éploiement d’un E-3F


Contribution de Roger Picon

____________ 3 – Mariane 2

Djibouti : le « sentiment d’injustice » de la 13ème DBLE

Jean-Dominique Merchet

Le transfert de la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère (DBLE), annoncé sur ce blog, passe mal. Son chef de corps, le colonel Cyrille Youchtchenko le dit carrément dans son ordre du jour, dont nous avons eu connaissance.

Cet officier « d’amertume légitime », d’un « sentiment d’injustice qui vous est difficilement supportable », « d’une remise en cause profonde de votre prejet de vie », d’une « nouvelle épreuve » qu’il compare à celle de leurs anciens « lorsqu’ils ont quitté la terre d’Algérie »… Bref, ça coince sérieusement. L’officier prend quand même soin de dire à ses troupes qu’elles « releveront ce nouveau défi avec force et panache ».

La destination finale de la « 13 » n’est pas encore connue et la possibilité existe qu’elle soit transférée aux Emirats arabes unis.

Rappelons que la « 13 » est l’une des rares unités de l’armée française qui est « Compagnon de la Libération ». Un président qui va se recueillir sur la tombe du général De Gaulle et qui affirme être « gaulliste » peut-il laisser disparaître la « 13 » de Bir-Hakeim ?

______________________ 2 – Theatrum Belli

Coup de Jarnac au ministère de la défense : Alain Juppé vire la 13e DBLE de Djibouti

Le chef de corps a été avisé de son déménagement intempestif par message émanant du ministère alors que personne à Aubagne n’avait été mis au courant ni même prévenu en amont.

Pour la 13, c’est le grand inconnu, rien n’est prévu, pas un casernement proposé, pas une ville d’accueil évoquée, pas de qualification du régiment (leur qualification « désert » en métropole ne va plus servir à grand-chose !) et pas d’affectation stratégique…

A l’heure où cette note est déposée, cette information historique n’est toujours pas mentionnée sur le site Internet du ministère de la Défense alors que l’ordre du jour du colonel Youchtchenko date du 27 novembre 2010 !

Pierre Messmer, ancien officier de la 13, doit se retourner dans sa tombe.

Chers lecteurs, vous pouvez déposer un message de soutien à la 13e DBLE en laissant un commentaire en bas de cette note.

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Ordre du jour du colonel Cyrille YOUCHTCHENKO

44ème chef de corps de la 13ème DBLE

Officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, brigadiers-chefs, caporaux, brigadiers, clairons, trompettes et légionnaires de la 13ème demi brigade de légion étrangère.

Il y a quatre mois, je prenais le commandement du régiment, plein de confiance et fier de disposer d’un formidable outil de combat bâti pendant 70 ans par 43 chefs de corps.

Aujourd’hui, contre toute attente, la 13ème demi brigade de légion étrangère va quitter la terre africaine.

Au-delà du régiment, c’est toute la légion étrangère qui est touchée. La légion étrangère a été créée pour combattre et bâtir « hors du territoire continental du royaume ». Depuis 1831, la légion est en Afrique, pour l’Afrique. Après 180 années de présence ininterrompue, de guerres où tant des nôtres ont péri, de régions pacifiées, de routes construites, de villes bâties, de peuples aimés, d’âmes laissées, la légion va quitter l’Afrique pour la première fois de son histoire.

La 13 quittera la dernière cette terre africaine tout comme elle fut la dernière à quitter l’Indochine. La 13 a l’habitude de tourner des pages d’Histoire.

Au-delà de l’amertume légitime, de ce sentiment d’injustice qui vous est difficilement supportable à vous légionnaires, de la remise en question de votre projet de vie professionnel et familial, il nous faut faire face avec la même force, le même courage dont ont fait preuve nos anciens lorsqu’ils ont quitté la terre d’Algérie.

Demain nous relèverons un nouveau défi.

Notre destination, sera bientôt connue. De troupe de montagne, la 13 s’est transformée en troupe du désert puis en unité blindée motorisée. En 2011, elle s’adaptera de nouveau, construira un nouveau quartier, marquera de façon indélébile sa nouvelle terre d’accueil et transcendera la mission reçue tout comme elle l’a fait ici, à Djibouti.

Nous allons préparer résolument notre départ.

Nous le préparerons dans l’intimité, avec dignité, entre nous, avec émotion et panache, comme nous savons le faire. Pour l’heure, fiers de nos propres valeurs comme la discipline qui est notre force, avec Honneur et Fidélité comme c’est écrit en lettres d’or sur les drapeaux de la légion, nous remplirons toutes les missions planifiées jusqu’à Camerone : consolider la compagnie de maintenance qui restera ici, accueillir l’IHEDN, organiser la 28ème et dernière course du Grand Barra que nous courrons tous groupés, participer à la formation des lieutenants des écoles d’armes, recevoir le groupe aéronaval, former un bataillon Ougandais et les parachutistes du Qatar et in fine réaliser au Nord d’Obock un chantier comparable à celui de Foum Zabel, fidèles à la tradition des légionnaires bâtisseurs. Dès que les festivités du dernier Camerone d’un régiment de légion en Afrique seront achevées, alors nous partirons.

Depuis près d’un demi-siècle, la 13 c’était Djibouti. Elle a construit des quartiers et des villes. Dikhil, Obock, Ali Sabieh et Oueah ont été façonnées par la 13. Les stèles et les grenades à sept flammes qui jalonnent le territoire Djiboutien montrent à quel point les légionnaires ont aimé ce territoire et ses habitants. Ces traces ne pourront être effacées ni par la mémoire des hommes ni par le temps. Seule la tectonique des plaques pourra faire oublier qu’un jour de 1962, les légionnaires ont pris pied sur la côte française des Somalis.

J’ai une pensée pour mes 43 prédécesseurs, pour les 3983 légionnaires de la 13 qui ont donné leur vie pour la France de Narvik à l’Algérie, pour les lieutenants-colonels Amilakvari, Brunet de Sairigné et Gaucher morts au combat, pour nos 96 compagnons de la libération, pour les légionnaires de la 13 morts avec leurs frères d’armes de la Marine dans le Day, ceux du 2ème REP morts avec leurs frères d’armes de l’armée de l’air au Mont Garbi et ceux du 2ème REI morts avec leurs frères d’armes de L’ALAT à Hol-Hol. Pour eux, pour nous et pour tous ceux qui nous succèderons nous franchirons avec dignité cette nouvelle épreuve. Je serai avec vous, au milieu de vous pour ce nouveau combat.

MORE MAJORUM

______________________ 1 – Site de la Défense (France)

Djibouti : déploiement d’un E-3F

Du 8 au 29 novembre 2010, l’armée de l’air a déployé un des quatre E-3F de la base aérienne 702 d’Avord. Il s’agit du deuxième déploiement de cet avion à Djibouti en un peu plus d’un an.

Engagé pour épauler les moyens maritimes engagés dans l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante, l’appareil a également été utilisé pour participer à l’entraînement des Mirage 2000 C et D de l’escadron de chasse 3/11 « Corse » des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj).

Grâce aux informations recueillies par son système d’identification et à ses capacités de retransmission des images vers les navires, l’E3-F a apporté une véritable plus-value au dispositif général. Il a effectué des missions quotidiennes dans le golfe d’Aden et dans le bassin somalien, en coordination avec les bâtiments à la mer, les moyens aériens de reconnaissance visuelle présents dans la zone (Falcon 50 français, Merlin luxembourgeois, Casa CN 235 espagnol, P-3C Orion américain, japonais et australien) mais également avec les garde-côtes seychellois.

Au cours des 15 missions réalisées, l’E-3F a détecté plus d’une dizaine d’embarcations utilisées par les pirates, permettant d’en intercepter six, de capturer 23 pirates et de libérer sept otages seychellois. Ces résultats sont à mettre au crédit de l’expérience commune acquise par les équipages de l’armée de l’air, des avions de patrouille maritime et des bâtiments de la marine nationale lors de plusieurs opérations aéromaritimes menées conjointement, telles que Lévrier et Carib Royale (lutte contre le narcotrafic en Méditerranée et aux Antilles). Ils sont un bel exemple de coopération interarmées et interalliés.