20/12/10 (B583) Nouvelles de Somalie – six morts dans l’explosion d’une bombe à Mogadiscio – deux groupes d’insurgés fusionnent – deux groupes islamistes annoncent leur union contre le gouvernement – Tensions entre les shebab et le Hezb al-Islam – Guerre des ondes en Somalie (5 articles)

______________________ 5 – AFP

Somalie: six morts dans l’explosion d’une bombe à Mogadiscio

Six personnes, dont cinq soldats des forces gouvernementales, ont été tuées lundi à Mogadiscio par l’explosion d’un engin piégé, a-t-on appris de sources concordantes.

Des soldats ont découvert une bombe dissimulée au bord d’une route près de l’académie militaire Jale Siyad, quartier d’un contingent de militaires burundais de la force de paix de l’Union africaine (Amisom). Ils ont placé l’engin à bord de leur véhicule, qui a explosé peu après.

"Les cinq occupants de la voiture ont été tués, et leur véhicule a été totalement détruit", a indiqué au correspondant de l’AFP un responsable pour la sécurité du gouvernement de transition somalien (TFG), Mohamed Moalim Isa.

"Ils voulaient apparemment emmener la bombe pour la désamorcer, ils ont été littéralement pulvérisés" par l’explosion, a expliqué M. Isa.

La zone de l’incident a été immédiatement bouclée par les forces du TFG, selon des témoins, qui ont fait état de la mort d’une passante dans l’explosion.

"Il y avait des morceaux de corps humain partout (…), l’explosion a été très forte", a raconté l’un de ces témoins, Omar Hussein.

Cantonné dans l’ouest de la capitale, sur le site de l’ancienne université, le contingent burundais a été à plusieurs reprises la cible d’engins piégés dissimulés le long de la longue route bitumée qui mène à leur installation.

Les 8.000 militaires burundais et ougandais de l’Amisom sont déployés en plusieurs zones stratégiques de Mogadiscio en soutien aux forces du TFG, face aux insurgés islamistes shebab qui contrôlent la majorité de la ville.

______________________ 4 – Metro (Montréal – Ca) avec AP

Somalie: deux groupes d’insurgés fusionnent

Les deux plus importants groupes d’insurgés somaliens veulent fusionner leurs activités afin de lutter contre le faible gouvernement national appuyé par l’ONU, a indiqué un haut responsable de l’une de ces organisations, dimanche.

Le Parti islamiste joindra ainsi la milice al-Shabab, liée à al-Qaïda, et combattra en son nom, a affirmé le dirigeant des opérations du premier mouvement, Sheik Mohamed Osman Arus, à l’Associated Press.

Des combattants du Parti islamique ont été défaits à de nombreuses reprises par leurs anciens rivaux de la milice, notamment lors d’un affrontement pour le contrôle de la ville portuaire de Kismayo.

Mais Arus a nié que la fusion avait été orchestrée pour sauver la crédibilité de son organisation, affirmant qu’il s’agissait plutôt d’un pas en avant pour les mouvements musulmans radicaux.

Il a ajouté que la décision serait annoncée sous peu, sans donner de date précise. Les porte-parole de la milice al-Shabab n’étaient pas disponibles pour commenter.

Les deux groupes ont combattu côte-à-côte contre les forces gouvernementales dans le passé, malgré des différends idéologiques et de récents affrontements.

Le Parti islamique a déjà condamné les tactiques de son nouvel allié, qui incluent le recours aux attentats-suicides et aux exécutions sommaires. Son fondateur, Sheik Hassan Dahir Aweys, a aussi critiqué par le passé le serment d’allégeance public fait par la milice envers Oussama ben Laden.

Le Parti islamique compte entre 2500 et 3000 soldats et est habituellement considéré comme plus nationaliste que la milice al-Shabab, fortement influencée par l’Islam wahhabite.

Arus a indiqué que l’objectif de cette fusion pour son groupe était d’influencer les éléments radicaux de la milice de l’intérieur «parce que les conflits entre nous ne feront qu’avantager nos ennemis.»

________________________ 3 – Radio Chine avec XINHUA


Somalie : deux groupes islamistes annoncent leur union contre le gouvernement

Les groupes islamistes somaliens Al Shabaab et Hezbul Islam ont déclaré dimanche qu’ils unissent leurs forces dans leurs combats contre le gouvernement et les troupes de l’Union africaine (UA).

"Nous avons formé une union sous le nom d’Al Shabaab car nous voulons confronter ensemble contre l’ennemi d’Allah, au lieu de nous combattre entre nous mêmes", a déclaré Mohamed Osman Arus, porte-parole de Hezbul Islam.

Les leaders des deux groupes pourraient formellement lancer leur union lundi à travers une cérémonie dans la banlieue de Mogadiscio.

Les deux groupes avaient eu récemment des combats entre eux pour disputer le contrôle de terrains dans le sud du pays.

Il est à noter que l’annonce de cette union entre les deux groupes intervient après que les zones sous contrôle de Hezbul avaient fait l’objet d’attaques soutenues et que plusieurs commandants de Hezbul Islam s’étaient ralliés à Al Shabaab.

Selon des informations de presse, Al Shabaab a pris des positions de hezbul Islam à Afgoye, localité située à 30 km au sud- ouest de Mogadiscio.

________________________ 2 – Operationpaix.net avec AFP

Tensions entre les shebab et le Hezb al-Islam

AFP rapporte que les shebab menacent d’attaquer les insurgés du Hezb al-Islam à Afgoye, en périphérie de Mogadiscio. Selon un résident de la localité, « la tension est très vive, des tirs sporadiques peuvent parfois être entendus alors que les deux camps ont considérablement renforcé leurs positions avec l’arrivée de combattants lourdement armés ».

Les deux groupes rebelles sont alliés pour combattre les forces gouvernementales et l’AMISOM à Mogadiscio mais s’opposent depuis plus d’un an dans une lutte d’influence pour contrôler le sud du pays et Kismayo.


________________________ 1 – Le Courrier (Ch)

Guerre des ondes en Somalie

CLÉMENT GIRARDOT,

Peu d’informations filtrent sur le conflit somalien déserté par les reporters occidentaux. Depuis trois ans les milices islamistes s’attaquent aux journalistes locaux pour imposer leur idéologie sur les radios.

Journaliste est un des métiers les plus dangereux en Somalie.

Mohamed Olad Hassan, 33 ans, correspondant local pour la BBC, peut en attester. En décembre 2009, il a échappé de peu à la mort dans un attentat où trois de ses collègues ont été tués. Malgré le risque permanent, Mohamed Olad Hassan a choisi de rester en Somalie pour témoigner du conflit et des souffrances de son peuple. Son quotidien est empli de mesures de sécurité: «Chaque matin en me levant je passe des coups de fils pour connaître la situation sécuritaire de Mogadiscio.

Si je dois partir en reportage, je regarde bien autour de ma maison, je sors avec ma voiture, je fais mon travail et je rentre. Le reste du temps, je reste chez moi.» Depuis 1991 et la chute du régime communiste de Siad Barre, la Somalie connaît l’instabilité. Actuellement, le gouvernement fédéral de transition (GFT), installé à Mogadiscio en 2007 et soutenu par la communauté internationale, est aux prises avec les milices islamistes qui contrôlent le sud du pays et une partie de la capitale. Au nord, la République autoproclamée du Somaliland et la région autonome de Puntland sont moins en proie à l’anarchie. Dans ces territoires, les milices islamistes comme Al-Shabab sont aussi présentes, mais de manière clandestine.

Le contrôle de l’information et surtout de la radio, média le plus populaire en Somalie, est un enjeu majeur dans le conflit. En 2007, les troupes du GFT avaient assiégé et ouvert le feu sur le bâtiment de la radio indépendante Shabelle à Mogadiscio. Le principal danger est maintenant celui des milices islamistes dont Radio Shabelle est devenue la cible. Cette dernière vient de recevoir le prix 2010 de la liberté de la presse délivré par Reporters sans frontières (lire ci-contre). Aux mois d’août et septembre, Al-Shabab et Hizbul Islam se sont emparés de trois stations FM de la capitale.

Pas de divertissements, ni de femmes

«Les insurgés ont pris le contrôle de radios locales dans les régions où ils ont le pouvoir pour promouvoir leur idéologie et leur propagande», déclare Osman Moallim, de la Coalition somalienne pour la liberté d’expression. D’après les chiffres du Syndicat national des journalistes somaliens (NUSOI), sept radios FM sur les vingt-deux recensées dans la Somalie centrale et méridionale sont passées sous la coupe des milices islamistes. Depuis 2007, selon le syndicat, vingt-deux journalistes ont été assassinés, plus de 200 ont reçu des menaces de mort et plus de 250 sont partis du pays.

Parmi eux, Mohamed Ali Royter, qui vit depuis décembre 2009 à Nairobi au Kenya, comme la plupart des journalistes exilés. Le 28 juin 2009, il reçoit un courriel venant d’un membre d’Al-Shabab le menaçant de mort: «Nous avons vu la demande que vous avez envoyée aux chrétiens pour obtenir l’asile. Au nom de Dieu, vous allez périr dès que nous vous attraperons.» Le journaliste venait de publier un article faisant état d’intimidations antérieures de la part de l’organisation armée, qui lui reprochait d’utiliser des expressions comme «islamiste» ou «soutenu par Al-Qaïda» pour la décrire dans ses papiers.

Au-delà des informations la concernant, Al-Shabab tente d’imposer son idéologie aux médias. «Ils veulent que tout le monde les soutienne, affirme Mohamed Olad Hassan, de la BBC, c’est pourquoi ils attaquent les médias et tuent des journalistes.» La milice a aussi édicté certaines règles pour les émissions radio qu’elle entend faire respecter: «Pas de musique, pas de divertissement, pas de football, énumère-t-il, ils veulent seulement des informations qui leur soient favorables.»

Pas de femmes derrière le micro non plus. Farhia Mohamed Osman, 20 ans seulement, a dû partir précipitamment de sa ville de Galcaio (Puntland) pour Nairobi en avril 2009. Dix jours de voyage en bus pour rejoindre la capitale kenyane (à 2000 km) durant lesquels elle s’est couverte d’un voile intégral par peur qu’on la reconnaisse. Son crime avait été de diffuser des émissions sur les problèmes des femmes de la région.

Le refuge kényan

Au bout du chemin, Nairobi est loin d’être un havre de paix: «La police kenyane m’a arrêtée pour me demander mes papiers, raconte-t-elle. Je leur ai dit que je n’en avais pas, et que j’étais réfugiée. Ils m’ont détenue dans de très mauvaises conditions pendant deux jours avant que mes amis ne les paient pour me libérer.

Maintenant j’ai peur, je reste à la maison.» Certains journalistes continuent aussi de recevoir des menaces par téléphone.

«La politique est l’ennemi des médias», affirme Abdulkadir Mursal, le très expérimenté directeur du service en langue somalienne de la radio IRIN basée à Nairobi. Ce service d’information soutenu par l’ONU se concentre principalement sur les questions humanitaires et sociales. Il émet quotidiennement en ondes courtes une heure de programmes variés, reprise par des stations FM partenaires dans toute la Somalie.

Pour l’instant, la radio a su rester en dehors de la violence qui touche les médias en Somalie. Elle est reconnue pour ses pièces de théâtre radiophoniques et diffuse aussi de la musique: «Al-Shabab nous dit qu’ils ne veulent pas de musique, relate le directeur, nous leur répondons que ces chansons ne sont pas pour divertir mais pour mobiliser la population et lui dire ce qui est bien ou mal!» Puis il se met à rire devant l’absurdité de la situation. Cet ancien directeur de la radio publique a connu bien d’autres pressions en plus de trente ans de métier.