04/12/2011 (B633) Chroniques du Sergent Ariko : Une gesticulation de plus. Toujours des mots mais jamais des gestes.

Espérant gagner du temps, IOG a fait payer au peuple djiboutien, un article truffé de mensonges, paru dans Jeune Afrique

Le dictateur qui craint d’être balayé, comme l’ont été plusieurs de ses amis arabes, a convoqué le rédacteur de Jeune Afrique.

En première page, il a juré sur le nom sacré d’Allah qu’il ne se représenterait pas en 2016.

En réalité c’est une publication « sponsorisée » qui a été financée par les contribuables djiboutiens !

Le dictateur cherche à calmer la population qui exige maintenant et ouvertement son départ immédiat du pouvoir.

Le dictateur sait que la grogne se développe dans la ville de Djibouti. Au nord des bruits de bottes se font à nouveau entendre, etc.

L’objectif de la publication était de couper l’herbe sous les pieds de l’opposition.

– sauf que cette fois, c’est complètement raté !

Les Djiboutiens, qui ne veulent plus de son système politique pourri jusqu’à la moelle, n’ont pas été dupes.

Hier encore les religieux et sa propre famille tribale le soutenait : les uns dans l’espoir de préserver la stabilité du pays et les autres pour ne pas être victimes de la vengeance. (A l’exemple du sort terrible réservé à la famille de feu Siad Barreh, lorsque les troupes de l’USC ont pénétré dans Mogadiscio)

Le dictateur sait que ses jours au pouvoir sont comptés. Comme ceux de son ami Bachar el Assad qui a commencé à emprisonner ceux qui ont osé contester son pouvoir absolu.

– Répression tous azimuts contre les opposants, y compris en terrorisant le médecin qui a refusé de leur délivrer un certificat médical,

Les deux démocrates Farah Abadid et Houssein Robleh Dabar ont été arrêtés par la gendarmerie et par sa sécurité politique. Les motifs de leur arrestation restent flouent et comme toujours le régime cherche des prétextes afin d’isoler ceux qui osent dire non à son système éculé.

Les deux hommes ont été détenus séparément par la sécurité djiboutienne dans leur quartier général du plateau du serpent et dans la caserne Hamadou de la gendarmerie nationale.

Les deux hommes dont IOG aimerait voir les cadavres ensanglantés, trainés dans les rues de Djibouti, ont été torturés par les gendarmes de la SRD (section de recherche et de documentation = les services secrets de la gendarmerie djiboutienne).

A peine libérés, les deux hommes sont allés consulter un médecin. Malheureusement il avait reçu auparavant la visite du commandant Ibrahim Abdi Farah dit Coca flanqué de plusieurs hommes de sa section spécialisée de la garde républicaine, recyclés dans le kidnapping des opposants. Ces instructions lui ont été aussi confirmées son ami Maril, qui lui a demandé de ne pas soigner les membres de l’opposition.

Le médecin français avait reçu l’ordre de ne plus soigner aucun opposant ni de rédiger le moindre certificat médical qui pourrait ensuite être produit en justice. Il lui a été imposé de les mettre à la porte de son Cabinet. Cela explique la virulence avec laquelle il les a mis à la porte de son Cabinet.

Je condamne énergiquement les sévices subis par les deux hommes dont le seul crime a été de dénoncer ce régime pourri qui va bientôt s’effondrer. Inch Allah.

– Un message de Sarkozy

Le dictateur a reçu le général Benoît Puga qui était porteur d’un message que lui adressait le président Sarkozy. Selon des sources bien informées la France refuse de jouer au chat et à la souris avec le régime RPP qui a condamné la compagnie française Total a payer des millions de Fdj pour une pollution au port de Djibouti.

Or cette condamnation du tribunal d’IOG n’a aucune valeur ! Ce n’est pas un jugement mais un décret qui a été envoyé par le palais de Beit el Wali.

Comme toujours avec IOG, cette affaire en cache une autre.

IOG cherche à forcer la main de Paris pour que la France lui verse l’argent dont il a besoin. Ce n’est qu’ensuite qu’il accepte de renouveler les accords de défense signés par l’ancien président Hassan Gouled et Robert Galley ministre de la coopération de la France.

D’ou la colère de IOG sur totale afin que Paris paie au pris fort la somme allouer pour les FFDJ et ainsi renouveler les accords de défense le liant avec l’ancienne puissance coloniale. Sauf que Paris n’a pas apprécié ce tour de passe-passe. Décidément entre IOG et Paris c’est la guerre qui se profile à l’horizon.

________________________ Rappel du contexte

Lors de la visite du ministre de la défense Abdoulkader Mohamed Kamil flanqué du colonel Mohamed Elmi, chef de cabinet militaire de la présidence, Paris n’a pas apprécié leur demande et il a refusé de s’engager à verser les sommes qu’ils demandaient au nom de la coopération militaire entre les deux pays.

De toutes les façons les accords n’étaient plus appliqués depuis le jour où Hassan Gouled avait accusé la France d’avoir pris le parti des Afar en 1992 lorsqu’il avait été reçu par François Mitterrand. Hassan Gouled lui avait dit « si Paris a décidé de recoloniser Djibouti, il faut me le dire tout de suite ! »

Inquiet, Mitterrand avait cherché à rassurer Gouled Aptidon en l’assurant que la France n’était nullement intéressée à recoloniser Djibouti. Sur instruction de Mitterrand, le général Yvon Copain commandant les FFDJ avaient demandé à ses hommes de se replier du nord de la république et d’appuyer désormais les forces armées Djibouti et leurs milices recrutées en Éthiopie pour écraser la résistance Afar du FRUD.

– Chose faite en 1993 !
L’assaut final fut décidé après le défilé militaire du 27 juin 1993. Les bastions du FRUD sont tombés les uns après les autres. Même le quartier général d’Assa Guella tomba entre les mains des troupes du commandant Outeh et de celles de la force nationale de sécurité (actuelle police nationale), commandées par le capitaine Abdourahman Ali Kahin dit ina Moussa Tour-Tour, secondé par le lieutenant Cher (futur patron de la brigade spéciale de la police nationale qui réprima les enseignants en 1995).

Pour autant, Paris avait refusé de positionner des troupes pour réprimer les éléments du FRUD qui sillonnaient encore le massif du Day.

Ensuite Paris a refusé de s’interposer sur le terrain pour repousser les troupes érythréennes qui avaient envahi la partie nord de Djibouti dans un secteur qui compte les iles de Doumera et « razianes ».

Djibouti a demandé une intervention de la chasse française pour bombarder les troupes d’Afeworki.

A la demande de Gouled, l’armée de l’air française a envoyé ses avions en août 1998 lors de la première incursion des troupes d’Asmara dans notre pays, pour pilonner les troupes érythréennes.

Asmara a protesté auprès de Paris mais Paris a fait la sourde oreille pour ne pas froisser Gouled Aptidon.

L’ami d’IOG, Meles Zenawi, en a profité pour attaquer de son côté les troupes d’Asmara.

– Ce fut le déclenchement de la guerre entre les deux pays.

Gouled, qui n’avait pas été tenu au courant des accords entre IOG et Meles Zenawi, a pris son bâton de pèlerin pour tenter de mettre un terme aux hostilités. Mais il ne savait pas que c’était son neveu qui en était à l’origine avec Mêles.

Paris n’avait pas apprécié qu’IOG se tourne vers les américains, des la fin de la conférence de réconciliation somalienne d’Arta qui a tourné au fiasco total.

Les attentats du 11 septembre 2001 sont venus à point nommé ! Sur conseil de son bouffon Hachi, IOG convoqua Donald Yamamoto, ambassadeur des États-Unis à Djibouti pour lui transmettre la compassion du pays pour toutes les victimes du lâche attentat. Il a pris soin d’ajouter, que contrairement à son oncle Gouled, il était disposé à ouvrir l’espace aérien national et le pays pour lutter contre les islamistes qui avaient frappé les États-Unis.

Immédiatement Donal Yamamoto a foncé à Washington pour remettre le message d’IOG à Bush.

Réponse favorable de Washington qui a salué cette initiative au moment où le pays avait été touché.

Pour IOG, il ne s’agissait que de tordre le pied de cette France qui lui cassait les pieds avec l’affaire Borrel. Depuis longtemps Washington demandait à disposer d’une base navale à Djibouti mais Gouled Aptidon avait toujours refusé en assurant que le pays n’était pas à vendre, probablement avec une pression française … Le refus officiel de Gouled en 1997 avait consacré les efforts de la diplomatie française et de son nouveau représentant à l’époque, Bernard Le Tourneau, arabophone qui avait été en poste en Arabie saoudite.

Il présenta ses lettres de créances au palais de la présidence le 28 mai 1997. Mais Washington n’a jamais perdu l’espoir en misant sur IOG, le véritable homme fort de Djibouti.

Les prises de position changeantes d’IOG inquiétaient déjà la France. Michel de Bonnecorse le monsieur Afrique de Chirac a été envoyé pour amadouer IOG.

« Rien à faire, c’est un dictateur » a rapporté Michel de Bonnecorse à son retour.

A partir de ce moment, Paris s’est toujours méfié d’IOG. Quand Daher Ahmed Farah dit DAF a été reçu par les hautes autorités françaises, IOG avait compris que Paris préparait la relève de Gouled dans le secret.
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IOG humilie le président du Somaliland.

Le président du Somaliland Ahmed Mahamoud Silanyo de retour d’un court séjour à Londres, a du passer par Addis Abeba. IOG avait demandé à son ambassadeur d’informer le président Silanyo du souhait d’IOG de le rencontrer à Djibouti.

Quand Silanyo arrive à Djibouti, il apprend qu’IOG s’est envolé pour Addis !

Accueilli par Dileita « la vache qui rit » dans le salon d’honneur de Djibouti, Silanyo a du attendre le retour d’IOG. Il n’a pas pu rencontrer non plus la dernière dame Kadra Haid qui était allée, elle aussi, à Addis Abeba pour surveiller les travaux de la nouvelle ambassade sur la route de Boler.

Silanyo a rencontré l’ex-ministre Ali Abdi Farah, le gouverneur de la banque nationale Djama Mohamed Haid, le ministre de la communication Abdi Hussein ainsi que des hommes d’affaires somalilandais et des dignitaires de la tribu Issak.

IOG n’est arrivé que le samedi vers midi en compagnie de sa tigresse Kadra.

Sans égard pour Silanyo, ils sont montés dans leur voiture blindée et sous la protection de la garde républicaine, ils ont pris la route d’Haramous.

Ce n’est que le lendemain qu’IOG a reçu sans protocole, le président du Somaliland a l’entrée du palais (là ou l’ancien lieutenant Mohamed Saleh Alhoumekani a dit avoir entendu IOG discuter avec ses sbires à propos de la mort du juge Borrel).

Les deux présidents ont rejoints ensuite le salon d’honneur pour discuter.

– Un désastre

Selon des milieux proches du palais de la république qui m’ont informé, les discussions ont vite tourné au désastre. IOG a refusé catégoriquement de reconnaitre le Somaliland comme un pays à part entière.

Silanyo a insisté pour qu’IOG applique les dispositions qu’il avait lui-même signées lors de la première visite de son homologue à Djibouti.

Le pourvoir RPP qui voit d’un très mauvais œil ce Somaliland démocratique où l’opposition siège à l’assemble nationale et où la presse et les medias sont libres de toute censure, n’a rien mis en œuvre pour se conformer aux premiers accords.

Il faut dire que l’analyse des différences n’est pas en faveur de Djibouti ! L’état RPP contrôle tout comme en Syrie, l’opposition n’a même pas un siège à l’AN, la presse d’opposition est anéantie, ….

IOG est resté inflexible face aux demandes de Silanyo qui n’avait pas apprécié que le protocole ne hisse pas les deux drapeaux.

IOG ne reconnait pas le Somaliland comme un État mais il le considère uniquement comme une province rebelle face au pouvoir central de Mogadiscio.

Silanyo n’a pas apprécié non plus que Djibouti s’immisce dans ses affaires intérieures à l’exemple de cette affaire qui a opposé les Gadaboursi entre pro et anti Somaliland. Silanyo voit la main de Djibouti dans cette affaire.

IOG n’a rien répondu. Pourtant Silanyo aurait mis en garde IOG, afin qu’il ne suscite plus d’affaires comme celle-ci qui fait des dégâts au sein de la tribu Gadaboursi.

La rivalité entre les deux poids lourds de la tribu Samaron pourrait causer au Somaliland un préjudice incalculable et déclencher une guerre tribale. Or le vieux Silanyo ne veut surtout pas d’un conflit tribal.

Il sait aussi que le régime soutient discrètement l’installation d’un Ougas Gadaboursi qui est arrivé du Canada, alors que la partie Mahad Hasse refuse de le voir s’implanter dans la région d’Awdal.

Silanyo n’a pas caché son amertume face à ce soutien. Il a réussi à redéfinir les règles de bon voisinage qui avait longtemps prévalue entre les deux pays. Après cela il a eu des entretiens avec des officiels américains qui voudraient que le Somaliland participe à la lutte contre les islamistes.

A final, c’est un président humilié qui a quitté Djibouti dans l’indifférence générale : aucune personnalité djiboutienne à l’exception des membres de sa tribu (cités ci-dessus) ne s’est dérangée pour le saluer à l’aéroport de Djibouti.

– Quelle sera la réaction de Silanyo face à cette humiliation subie à Djibouti ?

IOG veut absolument détruire le plan de l’opposition qui a mis dans son programme la reconnaissance officielle du Somaliland en tant qu’État

La lutte continue.
Sergent Ariko
Londres