20/12/2011 (B635) Lettre ouverte de l’ARDHD à M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française, à l’occasion de son rendez-vous avec M. Ismaël Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti.
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À Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République française
Par courrielParis, le 20 décembre 2011
Monsieur le Président de la République,
En recevant le Président de la République djiboutienne, Monsieur Ismaël Omar Guelleh, demain à 17h00, nous aimerions que vous conserviez à l’esprit le fait qu’il s’agit de l’un des pires dictateurs de l’Afrique.
D’abord reconduit une troisième fois aux termes d’une manipulation « plus que contestable » de la constitution de son pays et sur fond d’élections truquées’, ce Président-dictateur a tout fait et fait tout ce qui lui est possible pour anéantir toute forme d’opposition et toute liberté d’expression dans le pays.
Tous les opposants ont été victimes d’arrestations arbitraires, de tortures et parfois d’exécutions sommaires. La presse libre est interdite dans le pays et les sites internet de l’opposition y sont sévèrement censurés.
Récemment un juge intègre a été arrêté et incarcéré sur des motifs invraisemblables, comme la détention d’armes, pour la seule raison qu’il avait prononcé la relaxe de manifestants pacifiques.
La liste des exactions, des violations des droits de l’homme et des massacres ordonnés par ce pouvoir est trop longue pour que je la détaille dans ce courrier.
Le système de gouvernement mis en place par Monsieur Guelleh s’appuie sur trois leviers principaux pour asservir la population :
1°) la terreur exercée contre toutes celles et tous ceux qui émettent un avis différent de la pensée unique imposée par le régime : arrestations arbitraires, tortures, exécutions sommaires et massacres principalement dans le nord et l’ouest,
2°) l’accaparement de toutes les richesses du pays, de toutes les aides et subventions françaises, européennes et internationales. Il suffit de lire le dernier rapport du FMI, pour comprendre que les détournements de fonds au profit de la famille du dirigeant et de ses proches amis, sont permanents. Ils ruinent totalement l’économie du pays et entrainent l’appauvrissement généralisé de la population, qui n’a plus les moyens de faire entendre ses appels de détresse.
3°) susciter des tensions entre les différentes communautés pour les opposer et éviter qu’elles ne puissent réaliser l’union nationale, pourtant indispensable à l’existence d’un État de droit.
Par ailleurs, plusieurs observateurs nous ont rapporté qu’ils soupçonneraient le régime djiboutien non seulement de jouer parfois un double jeu qui ne pourrait que prolonger le drame que vivent les Somaliens dans leur pays mais aussi d’interférer indirectement dans la sécurité intérieure du Somaliland.
Nous comprenons que vous ayez la charge de défendre les intérêts et la position de la France, en signant des accords de défense, de coopération ou de concession (port, aéroport, ) avec la République de Djibouti, mais nous vous demandons de cesser de sacrifier toute une population, qui aime notre pays, en permettant à son dictateur de se maintenir au pouvoir avec l’argent des contribuables français.
Nous serons sensibles, Monsieur le Président, aux positions que vous adopterez durant et après l’entretien avec votre homologue et nous vous remercions à l’avance de votre action en faveur du peuple djiboutien et de l’émergence d’un état démocratique.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma très haute considération
Jean-Loup Schaal
Président de l’ARDHD
ARDHD / Association pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti
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