13/03/2012 (B647) Un lecteur nous adresse une contribution sur l’histoire de Djibouti (1ère partie)

Première partie : Une brève histoire de Djibouti . Haji Dideh et Bourhan bey.

En 1865, les Français s’installèrent à Zeilah.

Ils prirent contact avec les chefs de la ville. La ville de Zeilah était alors dominée par les Gadaboursis. Le 25 mai, le consul de France Henri signa un traité avec l’Ougass des Gadaboursis, Ougass Nour ougass Robleh. Il était le principal chef de la ville et de toutes les villes aux alentours.

Zeilah, la capitale du royaume d’Adal attira l’appétit des puissances étrangères.

Les Egyptiens avaient eu de vives altercations avec l’Ougass des Gadaboursis et certains chefs de la ville. Un auteur égyptien raconta d’ailleurs cet incident dans le livre intitulé « Les Gadaboursis et l’Egypte ».

Après les Français, les Anglais occupèrent Berbera et le reste du Somaliland. Ayant pris possession de la région, les Anglais sommèrent Paris de quitter la ville de Zeilah, qui était le port principal pour acheminer le commerce de l’Ethiopie. Paris négocia un traité avec les Anglais, qui leur cedèrent, en échange, de petites îles sans importance.

Pour Paris, il fallait sauver la face.

Mais le traité officiel signé entre la France et les Gadaboursis stipulait aussi que l’Ougass de Gadaboursis était le protecteur des Issacks (Habar awal). Quand la France commença à quitter Zeilah, certains dignitaires de la ville se déplacèrent avec elle. Parmi eux se trouvaient Haji Dideh et Bourhan Bey, le grand père d’Ali Aref.

La France, ne sachant pas quel nom donné à ce territoire nouvellement acquis, consulta MM. Haji Dideh, d’origine Gadaboursi-Somali et Bourhan Bey d’origine Afar.

Haji Dideh proposa "la côte française des Somalis" et Bouhan suggéra "la côte française des Somalis et des Afar".

Constatant leurs divergences, le gouverneur était dans l’incapacité de faire un choix. Il leur donna un délai pour qu’ils se mettent d’accord.

Haji Dideh consulta certains notables Gadaboursis et leur dit :
– Ecoutez frères, je veux que vous me prépariez une très belle fille pour que je la marie à Bourhan, et ensuite, on obtiendra tout ce que l’on veut de lui.

Quelques temps après, ils se présentèrent accompagnés d’une très belle fille du clan Abrayn-Gadaboursi. Le mariage fut célébré l’avant-veille du jour fixé par le Gouverneur pour décider enfin du nom à donner au territoire.

Après la prière du matin, Haji Dideh envoya un émissaire pour chercher Bourhan Bey. Mais comme il avait festoyé toute la nuit, il était trop fatigué pour se lever, alor il remit sa canne pour se faire représenter devant le gouverneur.

Haji Dideh prit la canne et se rendit chez le gouverneur Léonce Lagardequi s’étonna de l’absence de Bourhan Bey.

– Alors, monsieur Haji Dideh, où est monsieur Bourhan ? demanda le gouverneur.
– Le voici, dit Haji Dideh !

Il montra sa canne. A cette époque là, la canne d’un notable pouvait représenter la personne même. Le gouverneur accepta et demanda quel nom avaient-ils choisi pour le territoire ?

Haji Dideh dit :

– Côte française des Somalis.

Le gouverneur nota le nom et Djibouti devint "la côte française des Somalis".

Les écoles de la République oublient d’enseigner ces "détails" et ces hommes qui ont fait l’histoire de notre pays …