17/04/2014 (Brève 382) L’I.E. (Internationale de l’Education) adresse à IOG une nouvelle lettre ouverte de protestation pour dénoncer les sanctions qui menacent les enseignants à Djibouti.

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M. Ismaïl Omar Guelleh Président de la République
Djibouti
Fax : (253) 21 35 06 45

Bruxelles, le 15 avril 2014

Répression continue à l’encontre des enseignants djiboutiens

Monsieur le Président de la République,

L
‘Internationale de l’Éducation (IE), la fédération syndicale mondiale qui représente 30 millions d’enseignants et de personnels de l’éducation dans 171 pays, condamne les menaces de radiations qui pèsent sur 63 enseignants et autres personnels de l’éducation (conseillers pédagogiques, inspecteurs et agents du Ministère de l’Education) et cela en violation de toutes les règles et procédures administratives en vigueur.

Parmi les enseignants et personnels de l’éducation menacés de sanctions figurent le Secrétaire général du SYNESED, Mr Farah Abdillahi Miguil, et plusieurs des membres fondateurs du Collectif « Sauvons l’Education Nationale ».

Ces nouvelles atteintes sérieuses à la liberté syndicale accentuent encore l’inquiétude de l’IE et de ses deux affiliés djiboutiens, le Syndicat des professeurs des collèges et lycées de Djibouti (SYNESED) et le Syndicat des Enseignants du Premier Degré (SEP), face à la détérioration de la situation des enseignants. Plus de 83 enseignants ont vu leurs salaires suspendus depuis le mois d’octobre 2013 en violation de toutes les procédures et du statut général des fonctionnaires.

Le harcèlement et la répression à l’encontre des enseignants et des syndicalistes cherchant à exercer leurs droits légitimes à la liberté d’expression et à la liberté syndicale sont faits courants depuis de nombreuses années, à Djibouti. Deux missions de contact direct de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en 1998 et 2008 n’ont malheureusement pas permis d’améliorer le climat social.

L’IE et ses affiliés à Djibouti s’interrogent toujours sur les circonstances troublantes du décès en cours de détention de Mr Mahamoud Elmi Rayaleh, professeur de français au Lycée public de Balbala et citoyen engagé, dans la nuit du 28 au 29 août 2013.

L’IE en appelle aux autorités de Djibouti pour qu’elles :
– lèvent immédiatement et inconditionnellement toutes les sanctions prises de façon arbitraire et suspendent les procédures de radiations illégales à l’encontre des enseignants et personnels de l’éducation ;
– versent aux enseignants et personnels de l’éducation concernés les salaires impayés depuis le mois d’octobre 2013 dans les plus brefs délais;
– respectent les droits fondamentaux et les libertés des enseignants, des étudiants et des militants syndicaux, conformément aux normes internationales ;
– ouvrent une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances du décès de Mr Mahamoud Elmi Rayaleh ;
– établissent les conditions garantissant un dialogue respectueux et équitable avec l’ensemble des acteurs de la société civile, y compris les enseignants et les organisations qui les représentent.

Au vu des sérieuses violations des normes internationales du travail dont se rendent coupables les autorités de Djibouti, l’IE a décidé de porter l’affaire devant le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail.

L’IE continuera bien entendu à apporter son soutien aux enseignant(e)s djiboutien(ne)s et à suivre attentivement l’évolution de leur situation.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre très haute considération,

Fred van Leeuwen
Secrétaire général