25/06/2017 (Brève 1018) 40 années d’indépendance en trompe l’oeil (Equipe de l’ARDHD)

Après-demain 27 juin, cela fera 40 ans que le pays a acquis son indépendance vis à vis de l’ancienne puissance coloniale. Il y a 40 ans Ahmed Dini prononçait un discours plein d’espoir, alors que le nouveau drapeau de la République remplaçait celui de la France. La foule en liesse buvait ses paroles et imaginait un monde meilleur où les Djiboutiens seraient libres de leurs choix et de leurs décisions.

40 années plus tard, alors que le dictateur, sa femme, ses enfants et leurs obligés se préparent à honorer de leur présence de nombreuses manifestations exceptionnelles, force est de constater que la popuplation vient de vivre, dans sa grande majorité, 40 années de recul, de privations, d’appauvrissement et d’asservissement.

Loin de connaître des améliorations progressives de leur niveau de vie, comme cela aurait dû être le cas,
les nationaux de Djibouti se sont enfoncés dans la misère, dans l’injustice, la peur de s’exprimer et l’obligation d’adhérer à la pensée unique, sous peine d’être arrêtés, torturés, humiliés, …. La qualité des services publics s’est dégradée, en particulier la Santé, l’Education et la distribution de l’eau et de l’électricité. Le chômage bat un nouveau record chaque année.

Quant à l’indépendance du pays, les décisions de Guelleh l’ont sérieusement compromise. Même si la France, ancienne puissance coloniale a perdu beaucoup de terrain et de pouvoir, elle a été remplacée d’abord par des puissances militaires : en particulier par les USA, mais aussi le Japon, l’Italie et d’autres encore. Ils sont présents militairement, mais les témoins ne parlent pas de volonté de contrôle dans le fonctionnement du pays. Ils payent des loyers dont les montants devraient constituer une part significative du budget de l’Etat : mais il ne semble pas que la population en ait ressenti les effets bénéfiques.

Il reste la Chine qui est en train de pratiquer une nouvelle forme de colonisation :

– financière d’abord. Par des investissements importants, dont le retour sur investissement ne semble pas garanti, les Chinois ont endetté le pays dans des proportions inquiétantes. Même l’emploi des autochtones ne semble pas en avoir bénéficié de façon sensible. Mais les Djiboutiens devront rembourser les échéances … Et les banques chinoises bénéficient désormais de facilités exceptionnelles pour développer leurs activités,

– militaire ensuite. Bien que la Chine et Djibouti restent très discrets sur les projets chinois d’implantations de bases militaires, on parle quand même d’un minimum de 10.000 hommes et même 20.000 dans un avenir pas si lointain que cela.

Alors où est l’indépendance, lorsqu’un pays est occupé par des militaires étrangers en grand nombre et que son économie locale passe progressivement aux mains d’une puissance étrangère?

Commémorer le 40ème anniversaire de l’indépendance, certes oui, mais pour le fêter, il faut soit appartenir aux quelques familles qui ont accaparé tous les pouvoirs et qui détournent les produits de l’Etat à leur seul profit, soit être particulièrement masochiste !

C’est la raison pour laquelle, l’équipe de l’ARDHD ne souhaitera pas bonnes fêtes aux Djiboutiennes et aux Djiboutiens, mais se limitera à un message de sympathie et de soutien pour mettre un terme à la dictature qui a volé 40 années d’indépendance.