11/08/2021 (Brève 1874) LDDH : RAPPORT COMPLET SUR LES EVENEMENTS TRAGIQUES DES DERNIERES SEMAINES

LIEN POUR TELECHARGER LE RAPPORT ORIGINAL : https:/www.ardhd.org/Documents/ACTION_2021/W0801_Warabley/rapport lddh aout 21.pdf

Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH)

Rapport de la LDDH sur le massacre du 1er et 2 août à Djibouti

Violences Policières à Djibouti entre le 29 juillet et 02 août 2021

Contexte

La République de Djibouti, indépendante depuis 1977, est composée de 3 communautés : Afar, Arabe et Somali.

Le Pays est dirigé depuis 44 ans par une famille, au premier président Hassan Gouled a succédé son neveu et qui fut aussi le chef de la sécurité, Ismael Omar Guelleh. Ce dernier vient de briguer son 5ème mandat le 9 avril 2021. C’est un régime qui refuse l’alternance par les urnes et se maintient par la force, les exactions et la répression que la LDDH dénonce régulièrement.

Depuis janvier 2021, une douzaine de personnes sont maintenues en prison arbitrairement après avoir été torturées, uniquement parce qu’elles ont des liens de parenté avec les membres du FRUD.

La répression s’étend au-delà de ses frontières, les autorités de Djibouti ont demandé l’extradition de ses opposants avec plus ou moins de succès. Le lieutenant Fouad Youssouf de l’armée de l’air et Barkat Aboulwahab, un activiste blogueur ont été extradés d’Ethiopie, la France par contre a refusé de livrer à Djibouti, l’opposant historique Mohamed Kadamy.

Sur le plan régional, le régime d’Ismael Omar Guelleh s’est illustré depuis 2 ans et demi, par des interventions tout azimut dans les affaires éthiopiennes, et plus particulièrement dans le conflit Afar/ Issa qui se déroule dans la Région Afar. Le Président de la République de Djibouti et son entourage le plus proche (le chef de la Sécurité Hassan Saïd et le chef de la Garde Républicaine Mohamed Djama) envoient armes, soldats et logistique pour entretenir et perpétuer ce conflit à caractère tribal. Suite à des déboires sur ce front éthiopien, le régime de Djibouti a décidé d’importer cette guerre à Djibouti, en pratiquant la vengeance à l’égard des Afar.

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Le massacre des Afar du 1er et 2 août par la Police

La Communauté Afar de Djibouti ville a été victime de ratonnade de la part de la Police le 1er et 2 Aout 2021

D’emblée, la LDDH tient à préciser que contrairement aux affirmations des autorités gouvernementales, relayées par quelques média, cet évènement du 1er et 2 Aout n’est pas intercommunautaire car la Police était omni présente et se trouvait à la pointe de combat contre les paisibles citoyens Afar

Le rôle de la police dans les évènements tragiques de Warabaleh, de PK12 et d’Arhiba.

Depuis 3 mois, les quartiers du faubourg de la capitale où sont concentrées les populations les plus déshéritées de Djibouti subissent une répression inouïe de la part des éléments de la police, qui traquent principalement les habitants Afar de Warabaleh et de PK12. Cela commence toujours par des jets de pierre et se termine par les arrestations des Afar en majorité, qui subissent des violences policières et des tortures

Wahledaba, PK 12… ont été ainsi le théâtre d’échauffourées qui éclatent entre les communautés, provoqués par des policiers en civil. Ainsi le 1er juillet, une centaine d’ Afar de Warabalé ont été arrêtés dont une dizaine de femmes, maltraités et torturés toujours par la police, accusés d’avoir tué un Issa.

Le 30 juillet , environ 80 autres personnes ont été arrêtées

Le 29 Juillet, à Arhiba, des jeunes ont manifesté pour demander la libération de leur jeune camarade Youssouf Hanifa, la police soutenue par des éléments civils, a attaqué les habitants du quartier faisant usage de balles réelles,. Le bilan s’élève à une cinquantaine des blessés dont 10 dans un état grave De nombreuses femmes et des jeunes ont été arrêtés et brutalisés.

Depuis le 29 juillet, une étape supplémentaire dans l’escalade a été franchie.

29/07/2021 à Hayabale, dans la commune de Balbala, un jeune homme appelé Assa Moussa qui vendait du charbon du bois a été battu par des éléments Issas qui ont des liens avec la police, son entrepreneur Issa qui a valu protéger Assa Moussa a subi le même sort

Le 1er Août, en relation avec le conflit Afar-Issa en Éthiopie, un groupe de policiers en civil, entrainant de jeunes Issa, encadré par des éléments de police en uniforme ont mené une attaque coordonnée contre des civils sans défense et ont fait des ravages dans les quartiers Afar de Warabalé et de PK12.

Les policiers en civil aidés par des civils Issas ont commencé à incendier des habitations, les hommes et les femmes du quartier qui ont voulu éteindre le feu et empêcher les émeutiers ont été pris à partie par les policiers en tenue qui ont tiré à balles réelles contre ces personnes innocentes Bilan est lourd, un homme et sa femme sont mortes, Ali Loubak et Zahra Yayo, le frère du mari Mohamed a été grièvement blessé, un homme est mort brûlé dans son logement Plusieurs témoins ont rapporté qu’un jeune homme a été heurté par une véhicule blindée de Police et qu’il a été ramassé et transporté par la police (aucune nouvelle de lui depuis)

Une jeune fille qui était au chevet de son père grièvement atteint par balle, a été violée par 2 hommes

250 maisons ont été incendiées à Warabalé (Balbala), la police s’est opposée à ce que les pompiers éteignent l’incendie, laissant environ 400 familles sans toit et complètement démunies.

Le 2 août, il y a eu des heurts et des attaques toujours à Warabalé et à PK 12, il y a eu deux morts par balles tirées par la Police : un Afar Houssein Abdoulkader, et un Issa Elmi Youssouf, abattu parce qu’il a voulu empêcher l’incendie des maisons . Le bilan aurait été plus lourd sans l’intervention des familles Issa qui ont défendu leurs voisins Afar.

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Manifestations de solidarité avec les victimes, réprimées

Dans l’après midi, du 1er août, en réaction aux événements tragiques à Warable, les jeunes d’Arhiba ont manifesté en masse, bloquant l’artère principale de la ville de Djibouti. L’intervention de la police a été immédiate pour réprimer la manifestation. Le mode opératoire étant le même : des tirs à balles réelles et véhicules blindés fonçant sur les manifestants. Bilan : 1 mort écrasé : Hamad Houssein Hassan, des dizaines de blessés par balles et une centaine d’arrestations arbitraires.( des vidéos montrant l’implication de la police).

Beaucoup de blessés ne vont pas à l’hôpital de crainte d’être arrêtés ou torturés.

Beaucoup de proches des victimes ont été arrêtées et condamnés à un an de prison ferme.

Au soir du 1er août, des manifestations pour dénoncer le massacre de Warabalé a été organisé à Obock, in extremis, le préfet Abdoul Malik a empêché l’armée de faire usage de la force, le drame a été ainsi évité.

Le 2 août, pour protester contre les massacres de Warabalé et Arhiba, la population de Tadjourah a manifesté pacifiquement. La police, encore elle, a réprimé violement les manifestants en tirant à bout portant, faisant plusieurs blessés dont 3 dans un état grave (des vidéos attestent de l’implication de la police)

Les habitants de Randa (30 km de Tadjourah) à leur tour, ont manifesté pour faire part de leur exaspération des agissements de la police qui a commis ces massacres. La police a réagi en tirant des balles réelles, un blessé grave

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Situation très inquiétante : distributions des machettes par la Police

La nuit du 2 août, les colonels Abdillahi Abdi (directeur général de la Police) et Elmy Jess ont distribué le contenu d’un conteneur des machettes à un groupe des Issas, triés, habitant Bouldouqo

Depuis 3 août, la découverte des cadavres se multiplient à Djibouti ville et dans ses faubourgs : le corps d’un coiffeur bien connu à Arhiba Doulla a été découvert à Sans Fil en face du quartier, tué par balle ;

3 hommes Afar, tués à côté du marché au bétail à Balbala, complètement défigurés, ont été découverts par le service des douanes, il s’agit des hommes venus vendre des chèvres et des vaches au marché de bétail. Leur corps se trouvent à la morgue.

2 cadavres auraient été découverts à côté de la plage de Doralé et auraient été enterrés par le service de voirie et la Sécurité.

Le 7 août, une femme d’origine éthiopienne, prise pour une Afar, a été tuée par 3 hommes, à coup de machette à la rue de Venise. Un automobiliste a pu arrêter un des assaillants qu’il a heurté avec sa voiture. Ce dernier a donné les noms de ses acolytes, ainsi que ses commanditaires aux gendarmes Les Ministres de l’Intérieur et de la Défense ont empêché la poursuite de l’enquête et ont libéré les 3 assaillants de la pauvre femme

Malheureusement , le bilan va encore s’alourdir, une trentaine de personnes de Wahlé Daba, de Warabalé, de PK12 et d’Arhiba manquent à l’appel.

Il semble que l’Etat au plus haut niveau est engagé dans ce qui peut être considéré comme la chasse aux Afar.

La police, à commencer par son chef le Colonel Abdillahi Abdi est directement , au vu et au su de tout le monde, est impliquée dans la ratonnade des Afar, épaulée par des éléments de la SDS (Service de Documentation et de la Sécurité) et par un groupe des Issas originaires de l’Ethiopie habitants Bouldouqo (financé par la société de Khat)

++ La liste des personnes tuées

Le nombre des personnes tuées atteint 15

13 Afar, un Issa et une femme Ethiopienne

9 personnes tuées par balles, un homme brûlé dans sa maison, un autre écrasé par une voiture de la police, femme éthiopienne par machette

Zahra Yayo,
Ali Loubak
Hamad houssein Hamad
Mohamed Houssein Dato
Houssein Abdoulkader
Doulla
Elmi Youssouf Ismael
Quatre n’ont pu être identifiées

++ La liste des blessés
1-ALI MED EBO
2-DAOUD HAMADOU HOUMED
3-MED KADIR AWWAL
4-SEIKO GILISO KURBA
6-ALI HERIS ALI
7-YAYYO ABDO MOHAMED
8-FATOUMA ISMAEL ALI
9-DATOH ALI KALOYTA
10-ABDALLAH KAXAAMI HARSA
11-HOUMAD MOHAMED HAMAD
12-KADIR HAYIS HAMAD
13-ALI MOHAMED ALI
14-ALI HAMAD YOUSSOUF
15-HOUMAD MOHAMED ALI
16-HOUSSEIN IBRAHIM OUTBAN
17-MOHAMED OUMAR MOHAMED
18-HABIB DABALE
19-ALI MOHAMED ADAN
20-KADIR HAYIS HAMED
21-MOHAMED HAYIS
22-HABIB ABDALLAH
23-MOHAMED ALI HAMAD
24-MOUSSA MOHAMED MOUSSA
25-ISMAIL ALI MOHAMED
26-ALI DAOUD ALI
27-BARREDOH MOHAMED
28-ALI MOHAMED ADAN
29-HAMAD YACIN HAMAD
30-HASSAN OUTOH OMAR
31-ZAHRA OUTIBN MOHAMED
32-MOUSTAPHA ALI HOUMAD
33-ABDO ALI
34-MOUSTAPHA ARAYTA HAMADOU
35-ARBAHIM HAYSO ABRAHAM
36-HAMADOU BABOH HAMADOU

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TADJOURAH :
1-ISSE HOUMADEH ARAMIS
2-HASSAN CHEHEM HASSAN
3-IBRAHIM SEHO ABAD
4-DAOUD HOUMEED DAOUD
5-OUMA DAOUD AHMED

Fait à Djibouti, le 10 Aout 2021.
Le Président de la LDDH
OMAR ALI EWADO
Adresse mail : ewado_lddh@outlook.com/equipelddh@sos-africa.com
Mobile : 0025377615549
LDDH-Ligue Djiboutienne des Droits Humains