12/12/2021 (Brève 1991) DJIBOUTI : SITUATION DES DROITS DE L’HOMME À DJIBOUTI ( SUITE ) : UNE SITUATION PRÉOCCUPANTE !(BOLOCK MOHAMED ABDOU)

Le constat est unanime : jamais la situation des droits de l’Homme à Djibouti, n’a été aussi préoccupante. À la situation épidémique avec ses conséquences désastreuses sur les ménages, s’est ajouté un raidissement du pouvoir et de multiples entraves aux libertés.

Réunis à Djibouti, de nombreux acteurs ont dénoncé, le climat de fermeture et de répression qui s’abat sur les activistes et les atteintes aux droits de l’Homme.

Pour son grand rendez-vous annuel, la Ligue Djiboutienne des droits de l’Homme ( LDDH ) a réussi son pari : organiser dans son minuscule centre de documentation sur les droits de l’Homme (CDDH), à Djibouti, un Forum des droits humains, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale sur les droits de l’Homme, qui coïncide avec le 73e anniversaire de la déclaration universelle de 1948.

Premier à intervenir, via zoom, M. Omar Ali Ewado, président de la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme ( LDDH ).

Qualifiant « la situation des droits humains cette année 2021, d’extrêmement préoccupante », accentuée, selon lui, « par les conséquences de la pandémie », monsieur EWADO a, cependant, salué « la mobilisation et l’engagement de la société civile et des simples citoyens » malgré « les intimidations, les pressions, les arrestations arbitraires »suivies, la plupart du temps, par des « peines d’emprisonnement », et ce, par le truchement des nouveaux articles du code pénal, « formulés de manière vague et ambiguë ». Il s’insurge dans ce contexte contre les violences faites aux femmes, que ce soit à la maison ou dans la rue. Déplorant le « silence total des autorités sur les violences et l’assassinat des femmes ». Il regrette également l’absence de « campagne de sensibilisation en vue de faire connaître la législation aux femmes pour lutter contre ces violences », malgré l’amélioration de la loi.

Pour monsieur BOLOCK MOHAMED ABDOU, modérateur de cette rencontre en présentiel et par zoom, tous les voyants sont au rouge. « On assiste aux violations de toutes les libertés », dit-il, estimant que « cette répression féroce qui s’abat sur la société est vouée à l’échec ». Il n’a pas caché son sentiment de “tristesse” dans lequel intervient, à ses yeux, la célébration de la Journée internationale des droits humains. « Nous en sommes encore à réclamer les droits de l’Homme de la première génération, à savoir les droits civils et politiques (droits qui ont fait leur première apparition ‘théorique’ aux 17e et 18e siècles) », ironise-t-il « alors qu’ailleurs, on réclame les droits de l’Homme de la 2e et 3e générations, qui sont respectivement les droits économiques, sociaux et culturels et les droits de solidarité ».

Il estime, de son côté, que la « période est très difficile », non sans afficher son optimisme. « Il y a eu l’avant-01 Août et l’après-01 Août 2021. Et à ce titre, il y a eu une avancée considérable. Il y a eu un changement radical au sein de la société. Le pouvoir a été acculé et mis devant ses responsabilités », soutient-il.

Militant politique et défenseur des droits de l’homme, monsieur BOLOCK a appelé, ensuite, à la mise en place d’un Observatoire des droits de l’Homme.

Et pour être efficace en cette période difficile, il a appelé toutes les forces politiques et sociales à établir leurs bilans respectifs et, dans la foulée, à « créer des ponts », pour construire le changement dans la « diversité ». S’agissant des détenus qui croupissent encore dans les geôles, on estime leur nombre à plus de 100 détenus d’opinion, il estime que cela relève de la « responsabilité de tout le monde ».

Pour monsieur BOLOCK qui présidait aussi ces rencontres, « DJIBOUTI est en porte-à-faux avec toutes les chartes qui protègent les citoyens ». « On ne peut pas parler de danger extérieur pour réprimer à l’intérieur », dénonce-t-il. « Si la répression était la solution, la France ne serait jamais sortie d’ici. Après la répression du 01 Mai 1976, il y a eu le référendum du 08 mai 1977 et l’indépendance le 27 juin 1977. La flamme de la révolution pacifique ne va pas s’éteindre ».

BOLOCK MOHAMED ABDOU.