10/04/2023 (Brève 2210) RFI : Djibouti: la situation des droits de l’homme préoccupe de plus en plus les militants

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À Djibouti, mi-mars, deux responsables de la FIDH ont été expulsés du pays alors qu’ils avaient un visa et menaient une mission de terrain sur l’état des libertés à Djibouti, en partenariat avec la Ligue Djiboutienne des droits humains (LDDH). À la suite de cet incident, la FIDH craignait des représailles et une répression contre la LDDH. Finalement, l’un de ses responsables, l’avocat Zakaria Abdillahi, a pu se rendre en France.

Plusieurs fois emprisonné dans le passé, Me Zakaria Abdillahi a pu quitter le pays et réalise un séjour de travail en France. Selon lui, l’expulsion de la FIDH montre une dégradation de la situation des droits humains. « Si on n’est pas inféodé au régime, juridiquement on n’existe pas. Le problème, c’est qu’on prend des risques. On agit dans la plus grande clandestinité. C’est par conviction, par militantisme que je suis à Djibouti. Il y a une véritable dégradation du système. Donc, on est dans une situation assez machiavélique : on est avec ou bien on est contre. Moi, je suis considéré comme quelqu’un de l’opposition, alors que je ne le suis pas. Je suis un activisme des droits humains. Pour eux, tu es l’ennemi du régime », soutient-il.

L’avocat Zakaria Abdillahi dénonce un régime sous perfusion, financé par les pays ayant des bases militaires à Djibouti à savoir la France, les États-Unis ou encore la Chine et le Japon. Il les appelle à retirer leur soutien.

++ Une économie de services

De leur côté, les autorités rejettent ces propos. « Manifestement, Me Zakaria n’a jamais su sur quel pied danser. Ce personnage a tantôt une casquette de défenseur des droits de l’homme, bon samaritain qui défend les plus faibles, tantôt un homme politique. Il a siégé à l’Assemblée nationale lors de la 7e législative. Eh bien, il y a un mécanisme chargé de la défense des droits humains, il y a la CNDH [Commission nationale des droits de l’homme] qui est disposée à écouter les uns les autres. Ils n’ont qu’à travailler avec ce mécanisme qui est déjà en place », rétorque Daoud Houmed, porte-parole de la majorité.

Côté militaire, Daoud Houmed dit que Djibouti vit d’une économie de service, que les bases fournissent moins de 10% du budget et qu’avec les exonérations accordées aux bases, les bénéfices du pays sont bien plus faibles qu’on ne le pense.