12/11/1999 – La délégation permanente de la FIDH auprès de l’U.E. lance un appel en faveur des prisonniers politiques à Djibouti.

FIDH
Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme

Association reconnue d’utilité publique.
Organisation internationale non gouvernementale ayant statut consultatif aupres des Nations Unies, de l’Unesco et du Conseil de l’Europe et d’0bservateur aupres de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

A QUI DE DROIT

Bruxelies, le 4 novembre 1999

Madame, Monsieur,

Concerne: situation des Droits humains à Djibouti.

La Fédération Internationale des Ligues des Droits de L’Homme (FIDH) confirme par la présente que les opposants majoritaires Afars, en lutte armée contre le régime djiboutien1991, sont la cible de violations flagrantes des droits de l’Homme.

Depuis l’éclatement du conflit Armé dans le Nord de Djibouti en automne 1991 entre les forces gouvernementales et la rébellion du Front pour la Restauration de l’Unité et la Démocratie (FRUD), sévit une guerre civile larvée dont la. population civile locale est la principale victime.

Dans les zones de conflit où prennent place des affrontements intermittents entre les membres du FRUD et les forces gouvernementales (Nord et Sud-Ouest du pays), les forces régulières de l’État djiboutien (FNP, Armée Nationale Djiboutienne) commettent des violations caractérisées des droits de l’Homme.

En guise de représailles, les forces gouvernementales exercent une répression féroce à l’encontre des nomades soupçonnés d’appartenir à. « la rébellion » ou d’être de connivence avec elle, et ce sans aucun élément de preuve à l’appui. Ces populations en majorité Afars sont régulièrement accusées d’alimenter les réseaux rebelles, et leurs denrées alimentaires de base sont confisquées par les forces de l’ordre, notamment à la sortie des villes d’Obock et Tadjourah.

Les points d’eau sont régulièrement détruits et empoisonnés, les cheptels pillés, les jardins maraîchers brûlés et le matériel confisqué (à Randa, Garbanaba, Rankouale et Hankata).

Des informations concernant des viols et des exécutions sommaires dans les campements reculés nous ont été communiquées.

La coopération croissante entre l’Éthiopie et le Djibouti contribue à la. répression transfrontalière à l’encontre des Djiboutiens et Éthiopiens s’opposant de part et d’autre au régime politique de ces deux pays

En effet, des extraditions prennent place entre les services de sécurité des deux pays en violation du droit des réfugiés, parfois sous la couverture d’expulsion d’immigrés. en témoigne l’extradition de 19 responsables du FRUD par l’Éthiopie en octobre 1997; parmi ceux-ci figurait le responsable du FRUD en Europe, Monsieur Mohamed Kadamy. Ils sont incarcérés depuis plus de deux ans dans la. prison de Gabode, bien que n’ayant toujours pas été jugés.

Ces prisonniers d’opinion, dont certains souffrent de pathologies chroniques (tuberculose, paralysie faciale, baisse de l’acuité visuelle) ne bénéficient d’aucun soin. A ces conditions de détention préoccupantes, auxquelles la FIDH consacre un rapport qui sera rendu public le 18 novembre s’ajoute le harcèlement constant de leur famille par la police.

La FIDH considère que les militants et sympathisants du FRUD) ainsi que les membres du groupe AFAR devraient, de manière générale, voir leur demande d’asile examinées avec complaisance, compte tenu des violations des droits de l’Homme systématiques dont ils sont victimes à Djibouti et de l’impossibilité pour eux de trouver refuge dans l’Éthiopie voisine.

Dans l’espoir que ces quelques éléments vous guideront dans l’examen des demandes d’asile introduites en Belgique par les opposants djiboutiens membres du FRUD ou appartenant au groupe AFAR, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

Isabelle Brachet
Déléguée Permanente v
auprès de l’U.E.

Emmanuelle Robineau-Duverger
Responsable Afrique
FIDH Paris

DÉLÉGATION PERMANENTE
de la F.I.D.H. auprès de l’U.E.
Rue de L’Enseignement 91 B-1000 Bruxelles