24/11/1999 – RFI: Interview de Me Georges Henri Beauthier, de la FIDH, qui dénonce les violations des D.H. à Djibouti.

RADIO FRANCE INTERNATIONALE,
RFI, LE 24 NOVEMBRE 1999

INTERVIEW DE Me Georges Henri BEAUTHIER
de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme – FIDH

RFI: On savait les conditIons de détention pénibles dans les prisons de DJibouti. On ignorait toutefois l’ampleur du désastre. Le système judiciaire du pays est à l’agonie. A la demande du gouvernement français, quatre experts viennent de conduire une mission. Les résultats sont accablants. Corruption, absence de juges et d’avocats, c’est l’univers du non-droit expliqué à Christine Muratet, par l’un des membres de la délégation, Maître Georges Henri Beauthier de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme.

Georges Henri Beauthier :
Il y a des violations flagrantes des droits de l’homme, non pas uniquement dans la prison mais aussi dans tout le système qui amène des gens à la prison. (~comme le disait la magistrate de la Cour Suprême de Djibouti, « le système judiciaire est à l’agonie », nous a-t-elle dit, « s’il n’est pas mort ».

RFI: Qu’est ce qui vous a frappé particulièrement au cours de cette mission ?

Georges Henri Beauthier :
L’absence totale de juges et je dirais la grande absence des avocats. On ne s’occupe pas de ces gens qui sont en détention préventive pendant, pour certains, sept ans. J’ai bien dit sept ans. Il y en a qui sont condamnés, ils sont condamnés pour des raisons politiques. Et quand ils sont condamnés pour des crimes de droit commun, il n’y a aucune réinsertion possible. A la limite, c’est eux qu’on libérera les premiers pour vider les prisons et les remplir d’opposants quand il y a une manifestation.

RFI: Il y a une corruption, il y a manifestement des juges qui ne sont pas à leur place, il y a une justice qui se délite complètement, on a un arbitraire total, donc c’est le non-droit.

Georges Henri Beauthier :
Je crois que c’est important de voir que, à côté des organismes comme la Fédération internationale des droits de l’homme et l’Observatoire des prisons, il y a des instances officielles françaises comme le ministère de la justice par son administration pénitentiaire, qui peuvent, sur la base d’un rapport, faire une évaluation de leur coopération.

Le gouvernement français va-t-il continuer à donner de l’argent, à coopérer, pour que le moyen âge s’installe un peu plus, pour que la corruption continue à faire des ravages, pour que manifestement le non-droit soit la loi ?

Georges Henri Beauthier :
La personne qui était avec nous, qui dépendait de l’administration pénitentiaire, est un ancien directeur de la Prison de la Santé qui a pu, avec son expertise, clairement dire  » ce type de bâtiment ne peut pas être conçu pour un pays chaud, il n’y a pas d’aération, on a 39-40 degrés à l’ombre. »

L’absence de soins, l’absence de suivi juridique, l’absence de juges de l’application des peines, font en sorte que le constat est limpide. Le gouvernement français va donner, je l’espère, rapidement une réponse pour éviter que la coopération ne sert de marche-pied à ce régime médiéval.

FIN DE LA TRANSCRIPTION