25/03/02 LE DROIT AU CHAPITRE Par : AÏNACHÉ le 24.03.02

ÉVALUER
POUR ÉVOLUER

Dans trois mois, nous allons fêter le 25ème anniversaire
de notre République , il n’est donc pas inutile de faire un bilan
à cette occasion. Nous constatons qu’il est douloureux de se projeter
en arrière et de se rendre compte que l’immobilisme flanqué
de népotisme affiché aboutissent inévitablement à
l’éclatement de la République et à la destruction
de l’unité nationale chèrement acquise.

Dans les premières années de l’indépendance, certains
d’entre nous ont vite décelé cette dérive vers l’immobilisme
flanqué d’un népotisme larvé et les égarements
du pouvoir, mais pour préserver l’unité nationale, ont souhaité
s’abstenir de critiquer les tenants du pouvoir, espérant que ces
dérives étaient à mettre sur le compte d’erreurs
de jeunesse.

Le désappointement fut terrible lorsque nous avons constaté
que cet immobilisme n’avait d’origine que l’incompétence des dirigeants
qui obéissaient à une sorte de testament légué
par l’ancien protecteur avec pour consigne : -Surtout ne touchez à
rien du système établi qui a fait ses preuves.

Sans complexe et sans amour propre nos dirigeants "imposés"
se sont mis en faction autour du PUZZLE conçu et monté par
l’ancien maître des lieux qui leur a été légué
en signe de reconnaissance des services rendus. C’est ainsi que le système
s’est figé et a paralysé toute possibilité d’évolution
de notre institution.

Les dirigeants mis
en place se sont comportés en gardien de ce PUZZLE et ils veuillent
au remplacement des pièces disparues en respectant les consignes
données, jusqu’à aujourd’hui.

C’est à dire le remplacement de chaque pièce par la même
sans le moindre changement de couleur ni de forme, bien entendu, sinon
le PUZZLE serait complètement à recomposer, ce dont ils
sont incapables. Et surtout ils ne souhaitent à aucun prix apporter
le moindre changement car cela leur convient parfaitement.

Ceci explique la permanence quasi obligatoire d’un semblant d’équilibre
ethnique et un dosage tribal au sein des institutions qui impose de nommer
des personnes de plus en plus inhibées et sans compétence.
C’est la raison pour laquelle il n’y a jamais eu un gouvernement ni un
parlement élus responsables de leurs actes devant le peuple.

Bien entendu tout ceci ne pouvait que nous conduire vers une évidente
asphyxie et pire à la guerre civile larvée de plus de dix
ans. Les braises couvent encore, à en juger par la dernière
déclaration du FRUD.

Depuis bien longtemps nous sommes quelques-uns à chercher un espace
de réconciliation nationale, d’évaluation de nos difficultés
et de nos échecs pour évoluer vers le progrès et
l’unité nationale.

Hélas,
il n’y a pas plus sourd que celui qui refuse d’entendre.

Pour toute évolution, nous avons eu droit à des négociations
secrètes ou les principaux intéressés sont tenus
dans l’ignorance. (Voir mon article LE DROIT DE SAVOIR, dans l’Observatoire
du 09.11.200)

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur la perversité de la méthode
et de l’occasion perdue pour la démocratie. Bien sûr, le
pouvoir a multiplié, pour détourner l’attention, des activités
évènementielles : Des états généraux,
des colloques à thèmes, des séminaires et des voyages
à l’intérieur du pays, précédés invariablement
pour intéresser les badauds par les artistes appointés en
permanence à la présidence de la République. Pour
quel résultat ?

Pour occulter leur insuffisance, ils parlent de mobilisation générale
quasi permanente. Se mobiliser pour qui et contre qui ? Il ne serait pas
plus judicieux de parler de réconciliation nationale, d’évaluation
de vingt cinq ans d’immobilisme, de corruption, d’emprisonnements arbitraires,
de violation des droits de l’homme, de privation de droit d’expression,
du gommage des syndicats et du népotisme érigé en
système de gouvernement.

Il faudrait que les tenants du pouvoir reconnaissent leurs incompétences
pour éviter l’éclatement et préserver l’unité
nationale, devant le danger engendré par la politique policière
et égoïste menée jusqu’à présent. Nous
ne pouvons que préconiser : -Une conférence nationale de
toutes les forces vives de la nation dans la transparence, afin d’évaluer
les raisons de cet échec pour évoluer vers le progrès
et l’unité nationale.

Vive la République de Djibouti.

AÏNACHÉ