05/07/02 A lire dans LE POINT : Djibouti monnaie sa position

Mireille
Duteil

Confetti
de la Corne de l’Afrique, Djibouti semblait oubliée
du monde. Jusqu’au 11 septembre. Sa position stratégique
et son port, au croisement de la mer Rouge et de l’océan
Indien, face au Yémen, en font une escale convoitée
par les Occidentaux, Américains compris. Alors,
le 30 juin, Ismaël Omar Guelleh, chef de l’Etat depuis
1999, déclarait dans une interview qu’il souhaitait
réviser les accords de défen-se signés
avec la France, il y a vingt-cinq ans, lors de l’indépendance.
Pour la France, Djibouti est désormais la base
militaire la plus importante d’Afrique (2 735 hommes,
dont 1 576 en permanence). Pour Djibouti, cette présence
s’est soldée, en 2001, par un apport de 128 millions
d’euros, assurant 65 % du budget et 25 % du PIB.

Aujourd’hui
courtisé, Ismaël Omar Guelleh estime que les
retombées financières de la présence
française sont insuffisantes.
L’hiver dernier,
l’Allemagne a versé plusieurs milliards de dollars
aux autorités pour y installer temporairement 1
800 soldats lors de l’opération militaire sur l’Afghanistan.
Espagnols, Anglais et Italiens ont utilisé l’escale
de Djibouti lorsque les bateaux de la coalition européenne
contre le terrorisme ont croisé dans le golfe d’Aden.
Si les Américains relâchent à Massaoua
(Erythrée), ils utilisent désormais Djibouti
pour se ravitailler en carburant. « Une compagnie
vient même de s’installer provisoirement près
de l’aéroport », a précisé
le président djiboutien. Alors, certains diplomates
français s’interrogent : les Américains,
qui cherchent un point d’appui dans la région,
ne vont-ils pas nous chasser de Djibouti, une base qui
nous est indispensable pour protéger la Réunion
? « Ce-la s’est passé ainsi en Indochine
en 1954 », se souvient l’un d’eux