22/11/02 (B173 ) Le droit au Chapitre : par AÏNACHÉ – REPORT D’ELECTION.

REPORT
D’ELECTION

par Aïnaché

Le Ministre de l’Intérieur
a fait savoir le report de l’élection législative(1) prévue
pour le mois de décembre prochain, au mois de janvier. La raison officielle
avancée par le ministre est de permettre aux nouveaux partis politiques
de disposer du temps nécessaire pour s’organiser.

J’entends, le rire de
quelques-uns, d’ici !!!

En soit la raison semble
louable pour le commun des mortels. Certains penseraient quelle est logique,
compte tenu du court délai qui sépare les agréments attribués,
aux différents partis politiques qui en ont fait la demande, de la
date des élections.

Seulement voilà,
nous avions été régulièrement informés,
que ce même ministre multipliait les embûches devant chaque demande
d’agrément pour décourager les nouveaux partis politiques. D’autres
pensent que c’est une manœuvre supplémentaire pour mieux déstabiliser
l’opposition.

Quoiqu’il en soit, manœuvre
ou pas, ce report devrait, à mon humble avis, arranger tout le monde.

D’abord l’opposition,
compte tenu des difficultés subies depuis trop longtemps par le simple
fait d’exister. Ce délai me semble béni pour qu’elle s’organise
mieux, et aille à cette élection (par ce qu’elle n’envisage
pas d’autre solution), enfin unie, face à la machine de brouillage
gouvernemental.

Encore faut-il, que les
moyens audiovisuels et les possibilités de réunions soient équitable.

Jusqu’à preuve
du contraire je ne crois pas que les nouveaux partis politiques jouissent
de tous les moyens légaux d’une manière juste pour faire connaître
leurs programmes aux électeurs dans les médias de l’Etat. Ils
n’ont aucune garantie de l’utilisation de leurs prestations par les responsables
de la RTD.

Il n’y a aucune autorité
indépendante pour veiller sur l’égalité entre les partis
concurrents.

Ensuite, est-ce que durant
ce délai, le pouvoir aura la sagesse d’en profiter pour faire un petit
brin de toilettage à notre constitution.

Dans l’état actuel,
la constitution risquerait de compliquer la vie politique, au cas, comme il
est fort probable, que le peuple Djiboutien vote pour le changement.

Il n’est pas nécessaire
d’être un extra lucide ou de faire appel à des institutions de
sondages performantes et coûteuses pour deviner, que la grande majorité
des Djiboutiens, aspire et depuis fort longtemps à un changement de
régime.

Le titre III, de notre constitution relative aux fonctions du Président
de la république dans ses articles 21 et 30, pose problème à
mon avis.

Pour mémoire, je
rappelle ces deux articles :

ARTICLE 21 :
Le pouvoir exécutif est assuré par le Président de la
République qui est en outre chef du Gouvernement.

ARTICLE 30 : Le
Président de la République détermine et conduit la politique
de la nation. Il dispose du pouvoir réglementaire.


HYPOTHESE PREVISIBLE…SI

Réfléchissons
un petit instant ensemble sur l’hypothèse qui est pour moi prévisible.

Lors de cette prochaine
élection, les Djiboutiens envoient à l’Assemblée une
nouvelle majorité confortable composée de députés
n’appartenant pas aux mouvances présidentielles.

Je poursuis mon hypothèse.
Dans ce cas là, normalement, le chef de l’Etat a l’obligation de faire
appel au chef de la nouvelle majorité pour lui demander d’accepter
d’être le chef du gouvernement et de lui présenter la composition
de ses membres. Mon hypothèse, bien entendue fait abstraction de tout
tripotage habituel des urnes et se place dans l’idée d’une élection
honnête et transparente.

Manifestement les rédacteurs
de notre constitution, n’ont pas envisagé cette hypothèse.

Pourquoi ? Par ce que,
chez nous, constitutionnellement, le chef de l’Etat est aussi le chef du gouvernement,
comme le stipule les articles 21 et 30, cités plus haut.

Alors, à quoi servirait
la victoire de l’urne, si ceux, que le peuple a choisi, ne peuvent pas disposer
du pouvoir que le peuple leur a confié. Ce serait une victoire amère
pour ceux qui ont concouru afin de bénéficier de la confiance
des électeurs.

A moins que le pouvoir
fasse preuve de bonne volonté et modifie durant ce lapse de temps offert
par ce report, les articles qui risquent de poser problème à
la majorité nouvellement élue.

Pour ça il faut,
comme l’autorise l’article 53, que l’assemblée nationale actuelle se
réunisse à la demande du chef de l’Etat ou par sa propre initiative
pour procéder à ce toilettage indispensable des articles 21
et 30.

On prête au prophète
MOHAMED, cette citation  » Al takhir laha khair  » qui peut se traduire
par : le retard a du bon.

Faisons donc bon usage
de ce retard de chaque coté de l’échiquier politique pour le
plus grand bien de la démocratie.

AÏNACHÉ

1- : Dans une de mes
précédentes contributions, (cf. ARDHD.B169) j’avais dit que
 » chez nous, nous respections les échéances électorales
 » j’avais prudemment ajouté  » en principe « ……
ouf !!!