13/01/03 (B180) Le Monde / afp : L’opposition djiboutienne se mobilise
L’opposition djiboutienne
a appelé à un rassemblement lundi dans la capitale, dénonçant
des « fraudes » lors des législatives de vendredi, qui ont
donné une victoire totale au pouvoir en place, et affirmant avoir remporté
au moins 22 sièges sur les 65 que compte l’Assemblée. Dans le
même temps, le président Ismaël Omar Guelleh a appelé
les opposants au calme, leur conseillant d’attendre « le prochain scrutin
en travaillant dur », et assurant que la représentativité
au Parlement n’était pas uniquement « politique » mais « tribale ».
Selon les chiffres du
ministère de l’Intérieur, l’Union pour la majorité présidentielle
(UMP) a obtenu 62,7 % des voix et conservé les 65 sièges de
l’Assemblée.
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L’opposition, avec plus
d’un tiers des voix, n’est donc pas représentée. Il s’agissait
du premier scrutin vraiment multipartite depuis l’indépendance en 1977
de cette ancienne colonie française de la Corne de l’Afrique, qui abrite
la plus importante base militaire française à l’étranger.
Le chef de l’opposition
à Djibouti Ahmed Dini, 70 ans, ancien chef de la rébellion afar,
a appelé dimanche à un rassemblement des opposants lundi après-midi
dans la capitale, pour protester contre les « fraudes » commises selon
lui lors des législatives. Se basant sur les comptes-rendus des délégués
de l’opposition, présents dans les bureaux de vote, M. Dini, tête
de liste de l’Union pour l’alternance démocratique (UAD, coalition
d’opposition), a affirmé que l’opposition avait remporté au
moins trois des cinq circonscriptions, soit au moins 22 sièges sur
65.
« ATTENDEZ LE PROCHAIN
SCRUTIN EN TRAVAILLANT DUR »
Les comptes-rendus des
deux autres circonscriptions, dont celle de Djibouti-ville (37 sièges),
étaient dimanche en cours d’étude par l’opposition, selon lui.
« Nous faisons un meeting pour remercier nos militants et les informer »,
a déclaré à l’AFP M. Dini, se refusant à dévoiler
quel mot d’ordre il donnerait à ses sympathisants. « Les chiffres
du ministère de l’Intérieur sont faux. Nous sommes en face d’un
non-droit, d’un déni de justice. Ici, les gens sont pacifiques, mais
on les pousse à bout », a-t-il ajouté. « Nous
sommes légalistes, nous respectons la légalité, mais
que faire lorsque cette légalité est absente? », a poursuivi
M. Dini. A ce jour, il s’est refusé à appeler à des manifestations
de rue.
« Calmez-vous et
attendez le prochain scrutin en travaillant dur », a conseillé
le président Guelleh, 55 ans, interrogé par l’AFP dans son palais
présidentiel. Evoquant l’appel de l’opposition à un rassemblement
lundi, il a déclaré : « c’est un droit, mais il ne faut
pas non plus violer les droits des autres ». « Vous savez, en Afrique,
dès qu’il y a une manifestation, on casse les voitures, on casse tout.
La rue appartient à tout le monde, elle n’est pas aux manifestants
seulement », a-t-il poursuivi.
M. Guelleh, élu
en 1999, a estimé que nombre d’électeurs ayant voté pour
l’opposition « ont sanctionné le gouvernement parce que le gouvernement
a tardé à répondre à leurs demandes en matière
d’emploi ». Concernant ces accusations de fraude, le président
Guelleh a souligné qu' »en Afrique, rares sont les perdants disant
qu’ils ont perdu ».
Répondant à
une question sur un éventuel problème de représentativité
à l’Assemblée, M. Guelleh, un Issa, a répondu : « la
représentativité n’est pas politique, idéologique mais
tribale. Les gens sont représentés par la tribu ». « Si
l’opposition et la majorité sont tous de la même tribu, on ne
serait pas content », a-t-il souligné. Le chef de l’opposition
Ahmed Dini est Afar et ancien chef de la rébellion de sa communauté
dans les années 90.
Avec
AFP