20/02/03 (B185) Les Vingt-trois cancres de la liberté de la presse. Le portrait de Guelleh et de vingt deux de ses collégues brocardés toute la journée à Paris, dans le cadre d’une opération organisée par RSF, contre les chefs d’Etat liberticides.

IOG devrait être
fier de lui ! Son portrait, avec celui de 22 autres Présidents africains
liberticides, est exposé aux alentours du Palais des Congrés
à Paris. Il ne se sentira pas seul, car les portraits de plusieurs
de ses copains, (mais aussi de ses anciens copains devenus nouveaux ennemis,
de ses anciens ennemis devenus nouveaux copains), sont placardés et
désignés à l’opinion mondiale ! (Ethiopie, Erythrée,
Libye, …)

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Communiqué de RSF

Liberté de la
presse

20 février 2003

XXIIe Sommet France-Afrique

Reporters sans frontières
dénonce vingt-trois « cancres » de la liberté de la
presse et organise une opération à Paris

Parmi la cinquantaine
de pays qui participent à la XXIIe Conférence des chefs d’Etat
d’Afrique et de France, du 19 au 21 février 2003, à Paris, vingt-trois
bafouent quotidiennement la liberté de la presse. Dans ces pays, des
journalistes continuent d’être assassinés, arrêtés,
agressés ou menacés, et des médias sont régulièrement
censurés, saisis ou interdits. Les lois sur la presse y sont souvent
liberticides et les autorités supportent mal les critiques de la presse
indépendante ou d’opposition. Ces vingt-trois Etats ont pourtant signé
de multiples traités et textes internationaux garantissant la liberté
d’expression.

Reporters sans frontières
demande à la France et aux Etats africains respectueux de la liberté
de la presse d’aborder ce sujet pendant le sommet et d’user de leur influence
auprès des vingt-trois pays dénoncés par l’organisation
afin que soit garantie la liberté d’expression sur l’ensemble du continent.
Reporters sans frontières appelle également les Etats africains
à libérer les 36 journalistes actuellement détenus en
Afrique.

L’Erythrée est
la plus grande prison du monde pour les journalistes (dix-huit incarcérés).
C’est la première fois depuis de nombreuses années qu’un pays
africain occupe la première place de ce bien triste podium. La presse
privée est interdite en Erythrée depuis septembre 2001.

La deuxième médaille
d’or revient à la Libye, qui détient le record du plus ancien
journaliste emprisonné dans le monde. Abdullah Ali al-Sanussi al-Darrat
serait détenu sans inculpation ni procès depuis 1973. Son lieu
de détention et son état de santé demeurent inconnus.
Les autorités libyennes n’ont jamais apporté de réponse
aux questions de Reporters sans frontières sur le sort de ce journaliste.

D’autres professionnels
de la presse sont actuellement emprisonnés en Ethiopie, en République
démocratique du Congo, au Rwanda, en Sierra Leone, au Tchad, au Togo
et en Tunisie. Certains ont été condamnés à de
lourdes peines de prison et sont détenus dans des conditions particulièrement
éprouvantes.

Par ailleurs, au Liberia,
en 2002, un journaliste est resté détenu pendant plusieurs mois
au secret avant d’être libéré et contraint de quitter
le pays. Au Zimbabwe, en 2002, une trentaine de professionnels des médias
sont interpellés par les forces de l’ordre. Les journalistes étrangers
sont désormais admis sur le territoire au compte-gouttes et plusieurs
ont déjà été expulsés. Les correspondants
et envoyés spéciaux de la presse étrangère ont
également d’énormes difficultés à travailler en
Côte d’Ivoire. Plusieurs d’entre eux ont été interpellés
depuis la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002 et les menaces et
agressions sont quasi quotidiennes.

L’impunité dans
les cas d’assassinats de journalistes reste la règle en Afrique. La
condamnation des meurtriers de Carlos Cardoso, directeur d’un hebdomadaire,
au Mozambique, ne suffit pas pour faire oublier les nombreux autres cas restés
impunis. Le dossier Zongo, au Burkina Faso, est exemplaire de ce manque de
volonté des autorités politiques et judiciaires de faire la
lumière dans ces affaires.

La censure est une arme
utilisée très régulièrement par certains Etats
africains pour museler la presse indépendante. En Mauritanie et au
Togo, des médias ont été récemment réduits
au silence. Les autorités usent et abusent des lois sur la presse pour
saisir des exemplaires de journaux et faire taire les voix les plus critiques.

Internet, qui n’était
pas jusque-ici un véritable enjeu au regard du faible taux de connexions,
est de plus en plus surveillé et contrôlé par les autorités.
En Tunisie, Zouhair Yahyaoui, fondateur et animateur du site d’informations
TUNeZINE, est détenu depuis juin 2002 et a été condamné
à deux ans de prison. Le jeune homme, dont le site diffusait des documents
de l’opposition, avait brocardé, à plusieurs reprises, le président
Ben Ali. Il a été torturé lors de ses interrogatoires.

Dans de nombreux pays
du continent, les journalistes travaillent sous une forte pression, qui renforce
l’autocensure au sein de la presse publique et privée. C’est notamment
le cas à Djibouti, en Gambie, en Guinée,
en Guinée-Bissau, en République centrafricaine, aux Seychelles,
au Soudan et au Swaziland. En Guinée équatoriale, des journalistes
ont quitté leur pays au cours des derniers mois par peur des représailles.

Enfin, Reporters sans
frontières rappelle que les violations de la liberté de la presse
ne sont pas l’apanage des responsables du pouvoir en place. Dans plusieurs
pays africains, des groupes rebelles, des milices, des organisations confessionnelles
ou des militants de l’opposition s’en prennent également aux journalistes.
C’est notamment le cas en République démocratique du Congo,
en Côte d’Ivoire et au Nigeria.

Reporters sans frontières
organise une opération à Paris.

Le jeudi 20 février
à 10 heures, vingt-trois militants de Reporters sans frontières
se rendront devant le Palais des congrès de Paris, où se tient
le XXIIe Sommet France-Afrique, revêtus de tee-shirts à l’effigie
des vingt-trois « cancres » de la liberté de la presse dénoncés
par l’organisation. Une photographie de classe de ces mauvais élèves
sera également distribuée à la presse et trois camions
publicitaires circuleront autour du Palais des congrès toute la journée
pour montrer leurs visages au public. Pour alerter les passants, des affichettes
ont été placardées aux alentours de la porte Maillot
dans la matinée.


Les 23 cancres de la liberté de la presse
Burkina Faso : Blaise Compaoré
Centrafrique : Ange-Félix Patassé
Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo
Djibouti : Ismaël Omar Guelleh
Erythrée : Issaias Afeworki
Ethiopie : Meles Zenawi
Gambie : Yaya Jammeh
Guinée : Lansana Conté
Guinée équatoriale : T. Obiang Nguema
Guinée-Bissau : Kumba Yala
Liberia : Charles Taylor
Libye : Mouammar Kadhafi
Mauritanie : Maaouya Ould Taya
RD Congo : Joseph Kabila
Rwanda : Paul Kagame
Seychelles : France-Albert René
Sierra Leone : Ahmed Tejan Kabbah
Soudan : Omar al-Bechir
Swaziland : Mswati III
Tchad : Idriss Deby
Togo : Gnassingbé Eyadéma
Tunisie : Zine el-Abidine Ben Ali
Zimbabwe : Robert Mugabe

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